Sur la ligne, il y a comme le sentiment que le roi a été battu. Julian Alaphilippe ne compte qu’une seule victoire sur Milan-Sanremo, pourtant, depuis plusieurs éditions, il semble être le patron de l’épreuve, celui dont on sait qu’il sera au rendez-vous avec quasi certitude. Troisième en 2017, vainqueur en 2019, deuxième en 2020. Il avait encore fait le boulot dans le Poggio. Mais le vainqueur, comme il y a dix-sept mois, est celui qui s’était imposé sur les Strade Bianche. Van Aert accroche son premier monument.
Violence dans le Poggio
On avait compris, il y a une semaine sur les Strade Bianche, que Wout Van Aert était en forme. Désormais, en quatre jours de course en 2020, le Belge a donc déjà gagné deux fois, dont un monument. Qui dit mieux ? Pourtant, dans le Poggio, on a cru que le leader de Jumbo-Visma allait craquer, comme tous les autres, au moment de l’attaque de Julian Alaphilippe. Le tenant du titre n’a pas fait dans le détail, il en a remis autant qu’il a pu pour décrocher tout le monde et il y est parvenu, en vérité, sur le haut de la montée. Mais Van Aert et sa grande carcasse, courbé sur son vélo, s’est accroché pour basculer à seulement quelques secondes. Dans la descente, le Français, observateur, a compris qu’il fallait attendre le Belge pour avoir une chance de rallier la via Roma sans avoir Démare, Sagan ou Matthews dans les pattes.
Les quelques relais de Van Aert ont fait la différence. Alaphilippe n’y serait pas parvenu seul. Mais même sans être le plus malin dans le final, laissant son adversaire prendre sa roue dans le dernier kilomètre, Van Aert a été le plus costaud. Une demi-roue, pas plus, sépare les deux hommes sur la ligne. Un podium au goût amer, pour le Français, même si ce n’est pas vraiment comparable avec celui d’il y a trois ans, lorsqu’il avait accompagné Kwiatkowski et Sagan dans le Poggio mais avait terminé battu. Depuis, “Alaf” a gagné Milan-Sanremo et assis son statut dans le peloton. Il est le patron des classiques, c’est incontestable, mais même le patron ne peut pas gagner à chaque fois. Wout Van Aert, sixième sur la via Roma l’an passé, a appris en voyant le Français et vient d’imposer sa loi à son tour.
13 mois après
L’histoire aurait peut-être été différente si le tenant du titre n’avait pas été victime d’une crevaison à 35 kilomètres de l’arrivée, au moment où le peloton commençait à s’exciter à l’approche de la Cipressa. L’effort pour revenir a pu compter, dans les derniers hectomètres. « Le plus fort a gagné », disait-il pourtant sans problème à l’arrivée. Mais l’histoire est belle pour Wout Van Aert, surtout, victime d’une grave chute il y a un peu plus d’un an, sur le Tour de France, et à qui rien n’assurait qu’il puisse revenir au plus haut niveau, encore plus aussi vite. Il n’a que 25 ans, il a déjà dominé le cyclo-cross en compagnie de Mathieu Van der Poel, et le voilà glouton sur la route. Il est le deuxième champion du monde de cyclo-cross à remporter Milan-Sanremo après Roger De Vlaeminck et on se dit déjà que les flandriennes, qui pourraient avoir des airs de cyclo-cross à l’automne, lui conviendront mieux que jamais.
Wout Van Aert était très fort aujourd’hui et ce Monument est une juste récompense pour tout ce qu’il montre depuis son passage sur la route.
Par ailleurs,malgré la déception de voir Alaphilippe perdre de si peu, il est rassurant de voir qu’il est à nouveau le meilleur puncheur du monde. Sa capacité à sortir tout le monde de la roue sur des pourcentages si faibles est toujours aussi impressionante !
Oui, sans sa crevaison avant la Cipressa, les choses auraient pu être différentes.
Mention spéciale à Evenepoel dans le Tour de Pologne. On croit à chaque fois avoir tout vu et à chaque fois, il nous surprend. Un raid à l’ancienne qui fait péter des coureurs comme Fuglsang, Yates, Carapaz…
Avec lui et Pogacar, les espoirs français Gaudu et Madouas peuvent se faire bien du souci !
“mais même sans être le plus malin” !!! Son étincelante victoire démontre justement le contraire . Van Aert savait très bien que si il ne faisait pas le boulot le peloton qui n’était pas loin serait revenu et savait qu’il avait les jambes pour le faire et qu’il était le plus puissant et le plus véloce au sprint . Belle course aussi d’Alaphilippe , son démarrage dans le poggio était impressionnant . C’est rassurant de le revoir au top . Et notre Remco national qui a à nouveau frappé un grand coup sur le tour de Pologne . A seulement 20 ans il remporte une victoire à l’ancienne et va remporter sa 4ème course par étape de la saison . Et dire qu’il a encore une grande marche de progression mais ou s’arrêtera t-il . On a hâte de voir les prochaines courses de Van Aert , D’Alaphilippe et d’Evenepoel des coureurs spectaculaires .
Autant le punch du francais dans le Poggio m´a impressionné; autant ses trajectoires en descente et la qualité de son CX au sprint m´ont décus.
Par contre le belge chapeau en descente, en maitrise du final et dans son sprint fluide, gardant une ligne impeccable sans se desunir; du bel art ..
oui, la descente d’Alaph a été étonnante, alors qu’il est normallement excellent descendeur, peut etre a -t-il perdu la course dans la descente? Meme s’il aurai ete de toute façon très difficile de résister au retour de VanAert
Problème de pneux, chaussée sale ou surchauffe du bonhomme ?
Dommage qu’Alaphilippe ait été aussi fébrile dans la descente, mais Van Aert était trop fort, il n’y avait pas grand chose de plus à faire, sauf à arriver sur le plat en gardant un mini écart de 2″et insister, et le résultat aurait sûrement éte le même finalement.
On ne saura jamais si ça a joué, mais c’est sûr que l’incident mécanique dont a été victime Julian Alaphilippe peu avant la Cipressa ne l’a pas aidé. Ceci-dit, Van Aert était mon favoris au départ de la course, donc je ne pense pas que Julian aurait gagné sans cet incident.
On constate que le grand favori a gagné devant le vainqueur de l’an dernier et tous deux ont décroché dans le poggio tous leurs adversaires. Les plus forts ont dominé. Les changements de date,de parcours, de composition des équipes (6 au lieu de 7) n’ont donc pas empêché la logique sportive de triompher. Comme toujours ce sont les coureurs qui font la course.
Ce qui m’interloque quelque peu c’est de constater que lorsque Wout Van Aert l’emporte, à Milano San Remo et aux Strade Bianche, c’est que son vélo Bianchi n’est pas équipé de freins à disque. D’ailleurs, Formolo qui termine deuxième à Sienne roule également sur un vélo (un Colnago) équipé de bons vieux freins à patins.
La question que je me pose est la suivante : les disques apportent t-ils réellement un gain substantiel ou s’agit t-il d’un coup avant tout marketing ? Pourquoi des équipes World Tour qui roulent sur des machines italiennes se priveraient d’une avancée technologique aussi importante ? Si l’on ajoute en plus de Bianchi et Colnago, un troisième constructeur italien, Pinarello, partenaire de l’équipe Ineos qui continue à rouler avec des freins à patins, je trouve que ça fait beaucoup d’équipes de premier plan qui préfèrent se passer d’une évolution technique qui “semble” faire l’unanimité chez la quasi totalité des autres groupes sportifs.
Alors, coup marketing ou réelle avancée technique pour la pratique à haut niveau ?
Les 2 systèmes, selon les tracés, ont leurs avantages et leurs inconvénients. Les contrats avec les équipementiers obligent probablement les équipes à utiliser tel où tel matos.
Je dirais que 6 crevaisons aux Strades n´ont pas dut faciliter l´execution des changements de roues.
D´un autre coté et si le scénario est juste, Beloki n´aurait je pense pas déjanté dans ce virage avec les disques; la forte chaleur induit par les patins sur la jante lors des freinages répétitifs ramolissant la colle des boyaux .
Vivement que evenpoel y participe… au moins on verra quelqu’un attaquer autre part que sur les 300 derniers metres du poggio! Ca fait maintenant 10 ans que favoris ET outsiders attendent tous les 9 derniers km… mème ceux qui n’ont aucune chance à la pédale, juste parce wue ils savent que si ils passent avec le peleton les grosse equipes vont rouler et ils vont avoir une chance de faire un petit top 10. Franchement cette course meriterai beaucoup mieux
On peut regretter que les attaques soient si tardives mais existe-t-il une autre solution pour faire un résultat ? Les coureurs sont des compétiteurs, pas des showman et l’espoir d’un top 10 les fait sans doute plus vibrer qu’une attaque suicidaire pour la pub. Par ailleurs, je pense tout simplement que la plupart des coureurs sont incapables de sortir et de creuser dans le final de MSR parce que ça roule très vite. Oss n’a jamais eu plus de 15 secondes d’avance et Lutsenko a fait 2km devant avant de se rendre compte que le peloton était 20m derrière lui. Concernant Evenepoel, je ne sais pas s’il a plus de panache que les autres Il gagne à sa manière mais ce qu’il fait relève de l’impossible pour les autres coureurs. C’est peut-être un peu hors-sujet mais j’en profite pour dire que la réputation de panache attribuée à un coureur tient en fait beaucoup à sa force ( je mets de côté les baroudeurs qui ne jouent pas un général ou qui sont très loin des meilleurs à la pédale). Qui jouit ou a profité de cette réputation ces dernières années ? Contador, le meilleur grimpeur des 15 dernières années, Alaphilippe,… Lire la suite »
Cancellara, schleck aussi des gars qui n’avait pas peur de partir de loin, mème en tant que favoris… et ils ont perdu beacoup de course a cause de ca. Comme nibali et contador.
Mais? je parlais pas des cadors mais bien des 2nd couteaux… Un bardet ou un barguil (pour rester en france) n’ont pas peur de perdre leur petite miette pour essayer de gagner le gros lot, mème si ca reussi 1 fois sur 10. Ou etait les autres puncheurs hier? Ils pensait lacher alaph dans le poggio? Serieux?
Le seul qui a tenté quelque chose dans la cipressa c’est ciccone (tient tient… n’est-ce pas le qui a endossé le maillot jaune grace a son esprit offensif? Coincidence?)
Je prend l’exemple de MSR… les 3 meilleurs puncheurs attandaient le poggio, les top sprinteurs s’accrochaient pour jouer la victoire au sprint et… ou etaint tous les autres? Que sont ils venu faire sur MSR? Tous la pour esperer fair 10ème et voir son nom sur l’ecran TV pendant 20secondes?
C’est peut-être triste à dire mais beaucoup de coureurs ne prennent pas le départ pour gagner, pas par manque d’ambition mais parce qu’ils doivent travailler pour d’autres ou parce qu’ils s’en savent incapables quelque soit le scénario de la course. Des coureurs comme Smith ou Aranburu qui font 6 et 7 ont sans doute obtenu le plus beau résultat de leur carrière. Cette performance peut changer leur carrière en même temps qu’elle réjouit leur équipe. Pourquoi auraient-ils attaqué sinon pour notre plaisir personnel ? Bien sûr, leurs chances de gagner au sprint étaient très faibles mais étaient-elles plus importantes en partant à 30 ou 50km de l’arrivée, j’en doute fortement et peut-être n’auraient-ils même pas réussi à sortir nettement du peloton… Pour qu’une attaque lointaine réussisse (hors échappées matinales), il me semble qu’il faut que le peloton se désintéresse des attaquants, qu’il n’y ait plus d’équipiers pour rouler ou que le ou les attaquants soient au dessus du lot physiquement. C’est rarement le cas des seconds couteaux… Il me semble qu’on attend parfois beaucoup des coureurs alors qu’on ne se comporterait pas différemment en course malgré des enjeux bien moindres. Et j’ajouterais que paradoxalement, il est sans doute beaucoup plus… Lire la suite »
Qui connaît ou se souvient de l’incroyable doublé francais des années 80 quand Marc Gomez avait gagné Milan San Remo devant Alain Bondue après une échappée au long cours qui avait piégé tous les favoris? Il est vrai que le cyclisme était plus spontané et moins “industrialisé ” qu’aujourd’hui.
J´ai récement lu un article sur ce doublé. Le cyclisme a bien évolué depuis; la plupart des scénarios sont rodés.Tu mets DQS + Jumbo ou Bora à rouler sur les échappés. Quel cador irait se cramer devant par cette chaleur sur une epreuve de 300 bornes?