Remporter Milan-Sanremo est l’un de ses rêves les plus chers. Pour un sprinteur italien, c’est une sorte d’aboutissement, différent d’une domination sur les sprints du Giro. Elia Viviani en a bien conscience. Ce samedi sur la Primavera, il voudra donc inscrire son nom au palmarès pour rejoindre ses illustres aînés, Mario Cipollini et Alessandro Petacchi en tête.
Le seul monument accessible
Le champion d’Italie est lucide, il sait que gagner un des quatre autres Monuments n’est pas dans ses cordes. « C’est mon principal objectif de remporter Milan-Sanremo en 2019. La Primavera est sans doute le seul Monument que je peux gagner », déclarait-il cet hiver à Sporza. Alors le sprinteur de Deceuninck – Quick Step a tout mis en œuvre pour bien préparer son affaire, la Classicissima dans son viseur depuis le début de saison. Mais ces dernières années, le champion olympique de l’omnium n’a pas pris l’habitude de briller sur sa course de cœur. Neuvième en 2017, l’année de Kwiatkowski, et dix-neuvième il y a un an, alors que Julian Alaphilippe avait tout donner pour ramener le peloton sur Nibali dans le final, c’est comme s’il manquait un petit quelque chose à Viviani, au moment de conclure après pas loin de 300 kilomètres. Sa distance légendaire sacre forcément un homme fort en éliminant les coureurs n’ayant pas l’endurance pour tenir les sept heures de course.
L’une des énigmes à résoudre pour Viviani est donc d’arriver à développer sa puissance habituelle, qui fait de lui l’un des tout meilleurs sprinteurs du peloton, sur la via Roma. « C’est une course étrange, expliquait le transalpin en revenant sur l’édition de l’an passé. On peut se sentir très bien et d’un coup, tout peut être fini à 10 kilomètres de l’arrivée. C’est ce qui m’est arrivé cette année (en 2018, ndlr). J’étais prêt à sprinter pour la deuxième place, j’ai appuyé sur les pédales et soudainement, je n’avais plus de jambes. Ce qui n’est pas si surprenant après quasiment 300 km de course. » Vu ce paramètre, talon d’Achille de Viviani, Deceuninck – Quick Step ne devrait pas tout miser sur son sprinteur maison. Ce n’est de toute façon que rarement la stratégie de la formation belge sur une classique. Mais forcément, cela aura une influence sur la course de l’Italien.
Deceuninck, son atout et sa faiblesse ?
Un sprinteur n’est jamais aussi à l’aise que lorsque son équipe entière est dévouée à le protéger, le remonter en tête si besoin, le ravitailler et l’emmener dans les derniers kilomètres. Seulement, Elia Viviani ne sera pas leader unique sur Milan-Sanremo, où Philippe Gilbert et Julian Alaphilippe ont eux aussi annoncé la couleur et possèdent tous les arguments pour être protégés jusqu’au pied du Poggio. Et dans l’ultime difficulté, quelle sera l’option privilégiée ? Alaphilippe aura-t-il le droit de tout faire exploser dans les dernières pentes ou devra-t-il « se contenter » de suivre les offensives puis protéger l’Italien ? Gilbert ne pourrait-il pas se charger d’accompagner Viviani partout dans le final et le replacer au bas de la descente ? La tactique sera difficilement prévisible et, à moins de chutes prématurées, tout ne se dévoilera qu’au pied de la dernière difficulté.
Mais si arrivée massive il y a, et que le porteur du maillot vert-blanc-rouge s’impose, il pourrait tout simplement devenir le premier vainqueur de la Primavera avec le maillot de champion d’Italie sur le dos depuis Fausto Coppi en 1948. Un exploit qui ferait trembler la botte de bonheur pour la seconde année consécutive. Mais plus que de Fausto Coppi, c’est de Mark Cavendish que Viviani souhaite s’inspirer. Une idole pour le coureur qui a fêté ses trente ans en février, dont la victoire il y a dix ans maintenant lui sert de référence. « J’ai toujours vu Cavendish comme un symbole de la génération juste avant la mienne. S’il y a une manière de gagner Sanremo pour moi, ce sera à sa manière. Je voudrais gagner comme lui, au sprint, lors d’un jour de grâce. » L’ancien pistard devra effectivement être dans le jour de sa vie pour l’emporter, croisant les doigts pour que la loterie de Milan-Sanremo lui réserve le numéro gagnant.
Tout sauf un sprinter, pitié !
Je ne comprends toujours pas pourquoi Alaphilippe n’a pas suivi Nibali l’an dernier…
Un autre élément va peut-être entrer en jeu et nuire à Viviani… paradoxalement, c’est son équipe.
Allez, une petite devinette : à quelle année et à quel coureur faut-il remonter pour trouver un coureur de Patrick Lefévère qui gagne à Sanremo ?
La réponse pourrait laisser penser que cette équipe maîtrise assurément la culture des flandriennes, mais qu’elle a beaucoup plus de mal à sentir la course sur la Primavera…
Maintenant, je souhaite de tout cœur aux hommes en bleu de renverser la course et de bousculer l’histoire du cyclisme… d’autant plus que cela donnerait une dimension supplémentaire à une victoire de Viviani !
Réponse à la devinette :
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Filippo Pozzato en 2006 !
Ça fait un bail, quand même !
Ça renforce sa réputation de course imprévisible. Ces 10 dernières éditions, 10 vainqueurs différents provenant de 10 équipes différentes.
Viviani c’est synonyme d’un sprint massif. Alors…300 bornes pour en arriver là….
il n’y a jamais de sprint vraiment massif a San Remo, peut etre une cinquantiane de coureurs max. C’est très incertain, ces deux dernieres années Nibali et Sagan gagnent avec tres peu d’avance sur le peloton, ca rend cette course magique
Kwiatkowski a battu Sagan en 2017 alors qu’en voyant déboulé le trio Sagan/Kwiatko/Alaph’, peu de monde aurait parié sur une victoire du polonais. Magique en effet.
Ce que je voulais dire c’est que si Viviani jouait la gagne c’était que 50 autres passaient le Poggio avec lui et pour moi 50 coureurs ensemble à l’arrivée d’une classique, c’est ce que j’appelle un sprint massif, ce n’est pas une étape de plaine d’un Tour avec 150 coureurs ensemble à la flamme rouge.. Mais en général, quoique pas toujours, le Poggio joue son rôle d’écrémeur qui ne laisse en présence que les plus forts, comme ces dernières années, c’est la particularité de cette course unique en son genre.