Pour la deuxième fois de sa carrière, Romain Bardet participera ce samedi à Milan-Sanremo. Pas un objectif, plutôt une parenthèse dans sa saison. Au départ, il ne sera même pas un outsider. Pourtant, le voir mettre les pieds sur la Primavera fait plaisir à voir. Comme une preuve d’amour que le Français adresse au vélo et à son histoire.
En six ans, tant de changements
La dernière fois, c’était en 2013. Romain Bardet avait 22 ans, seulement une année complète chez les pros derrière lui, mais il avait voulu se frotter à Milan-Sanremo. Le monument l’attirait, il voulait découvrir se qui se cachait derrière les récits des anciens. Il n’avait pas été déçu. De la neige, des températures glaciales, un parcours raccourci dans l’urgence, plus de soixante abandons : l’Auvergnat n’est venu qu’une seule fois sur la Classicissima, mais il y a connu une des éditions les plus épiques. A Sanremo, Gerald Ciolek créait la surprise et on ne parlait plus que de ça. Mais quinze secondes derrière arrivait le groupe des « autres », les cadors qui n’avaient pas jeté l’éponge, avec Romain Bardet à la dix-septième place. Pas mal pour une première, même si la difficulté a surement joué un rôle dans le fait que le garçon ne mette plus les pieds au départ de Milan les cinq années suivantes.
Dans le même temps, son objectif était ailleurs. Comme si Bardet ne rêvait plus que de jaune. Et puis les choses ont changé. Le garçon reste obsédé par le mois de juillet, mais plus seulement. Ses envies ont évolué en même temps que de nouvelles portes s’ouvraient. Le Tour de Lombardie, fin 2016, lui a rappelé que l’Italie était aussi un pays de grimpeurs. Liège-Bastogne-Liège, année après année, lui a fait comprendre qu’il pouvait s’imaginer, un jour, vainqueur d’un monument. Puis tout a basculé encore plus clairement en quinze jours, fin-septembre et début-octobre, l’an dernier. D’abord, Romain Bardet terminait deuxième des championnats du monde, à Innsbruck, à un cheveu du maillot arc-en-ciel. Puis deux semaines plus tard, il voyait son compatriote Thibaut Pinot remporter le Tour de Lombardie et devenir le deuxième coureur français du peloton actuel à accrocher l’un des cinq monuments. L’Auvergnat a compris a cette période qu’il pouvait faire partie du club. Et il ne conçoit plus de ne pas en être.
Juste être là
Alors il a annoncé qu’il reviendrait sur Milan-Sanremo. Parce qu’il aime les monuments et qu’il veut se donner le plus de chances d’en remporter un. Il y a peu de chances que ce soit la Primavera, qui lui correspond bien moins que Liège ou la Lombardie. Et pourtant, on se ravit de voir Romain Bardet au départ, ce samedi. Dans l’ombre d’un autre français, annoncé comme l’un des grands favoris et qui se coltine toute la pression du public hexagonal, il pourra réapprendre. Parce que ce qu’il a vu il y a six ans n’avait rien d’un Milan-Sanremo classique, et parce que sur les monuments plus qu’ailleurs, il ne suffit pas de connaître le terrain. Il faut être comme chez soi. A l’exception de Vincenzo Nibali, l’an dernier, les grimpeurs ne gagnent quasiment jamais sur la via Roma. Bardet le sait, mais il sera là : parce que son tempérament offensif ne permet pas complètement de tirer un trait sur une issue miraculeuse. Et parce que l’histoire du cyclisme lui importe, aussi, et que même sans gagner, il veut faire partie de la fête.
Impératif pour Bardet d’accrocher une victoire prestigieuse assez rapidement sous peine de rester un éternel espoir et ce n’est pas en se focalisant uniquement le Tour qu’il y arrivera. Il semble l’avoir compris cette année.
Déjà l’an passé, il avait varié son programme (je me rappelle d’un article de la chronique du vélo qui parlait de sa prise de risque avec notamment les Strade Bianche).
J’ai bien du mal à comprendre pourquoi tous les médias véhiculent l’image de Bardet comme celle d’un coureur offensif. En tout cas ces dernières saisons il n’est pas plus offensif que les autres coureurs de sa trempe. Si on le compare à Quintana qui est souvent raillé pour rester dans les roues, je ne vois pas ce que Bardet fait de beaucoup plus pour être considéré comme “offensif”. Au contraire ces derniers temps il est très souvent dans le calcul, c’est bien sûr le cas aussi pour la plupart des autres leaders mais eux ne sont pas considérés comme des coureurs “offensif”…
Bardet comme tant d’autres n’est ni offensif ni timoré, il est plus simplement limité et étouffé par le rythme des meilleures équipes.
absolument d’accord ! mais enfin il vient pour se faire plaisir … qu’est ce que je deteste cette expression. j’ai lu trois articles sur lui, ou il ne dis que ça, avant paris nice, avant MSR…. je veux prendre du plaisir…. enfin c’est super pour lui de faire un métier qui lui fait plaisir ! Enfin comme dit QUEF plus bas, il est comme beaucoup asphixié par les équipier d’autres cadors.
a mon avis lorsqu’il dit su’il vient “pour se faire plaisir”, c’est parce qu’il ne s’agit pas de vrais objectifs pour lui. Ses vrais objectifs , comme chaque année, c’est Liege, le Dauphinée et le tour. A voir s’il utilisera cette expression pour ces courses-la !!! A mon avis non.
Dans ma naiveté pure, je croyais que les gars venaient pour gagner !
Dans les grandes courses seul quelques coureurs ont vraiment leur chance! A priori a San Remo zero chance pour Bardet, comme d’ailleurs pour 90 % des coureurs au départ, reste bien sur une combinaison de circonstances de courses très favorables, tres peu probable mais toujours possible. Courir en se faisant plaisir est au final peut etre la meilleur stratégie! il ne faut pas calculer…
Après, supposons qu’il parte à la Nibali 2018. Qui va aller le chercher ?
Il manque de punch pour sortir efficacement et son centre de gravité trop haut n´est pas ideal pour creuser dans la descente face aux techniciens Kwiat/ Sagan/ Alaph .
Par contre il sait filocher et doit pouvoir tenir la distance si la course s´emballe tot .
Les grosses cotes chez EF : Bettiol et Langeveld
Ce tic “je me fais plaisir” est particulièrement stupide et niais.
1. Si les coureurs ont l’impression d’aller à la mine en accrochant le dossard, autant qu’ils fassent un autre métier.
2. Si leur but principal est de se faire plaisir à vélo, alors il y a le cyclotourisme qui est bien plus adapté, mais évidemment moins bien payé!
Je pensais que la seule ambition d’un coureur était d’essayer de gagner, ou du moins d’aider un coéquipier à gagner.
“Je pensais que la seule ambition d’un coureur était d’essayer de gagner, ou du moins d’aider un coéquipier à gagner.”
C’est vrai, mais soulignons que ce n’est pas forcément la course du jour que l’on vise (pour soi ou un équipier). L’objectif peut être de monter en puissance pour les prochaines courses ou de prendre de l’expérience en vue des prochaines éditions. Je trouve que ces deux cas correspondent plutôt bien à Bardet, qui veut sûrement prendre du coffre en vue de LBL et qui sait qu’on apprivoise pas une course comme MSR en un claquement de doigt (et qui en même temps est suffisamment jeune pour espérer faire une perf plus tard).
Sans compter que parfois (ce n’est pas le cas de Bardet, qui est leader et dans une équipe WT) l’objectif peut être (pour un coureur ou son équipe) d’obtenir une sélection ou une invitation pour une plus grosse course. Il n’y a qu’a penser au Paris-Nice qu’on vient de vivre, où l’on a beaucoup parlé des sélections pour le Tour…
Très bonne analyse ! C’est justement l’occasion de prendre de l’expérience dans les grandes classiques. C’est toujours utile, et puis courir les courses mythiques du calendrier, c’est aussi un attrait pour les coureurs.