L’ensemble de la rédaction de Chronique du Vélo a fait ses pronostics en vue du Tour. Nous avons chacun livré notre top 10, notre maillot vert et notre maillot à pois pour finalement établir notre propre classement. Jusqu’à la veille du départ, nous allons donc revenir sur chacun de ces protagonistes. A la deuxième place aujourd’hui, Nairo Quintana.

Avec un Chris Froome tancé par la conclusion de l’affaire salbutamol et emprunté après un Giro éreintant, Nairo Quintana devrait apparaître comme le grand favori de ce Tour de France étant donné sa bonne préparation et ses performances passées sur la Grande Boucle. Sauf que ce n’est pas le cas, il n’est qu’un candidat au podium parmi d’autres. Le Colombien n’arrive plus à susciter l’engouement de ses débuts. Un mal pour un bien ?

Repartir du bon pied

Jamais Nairo Quintana n’a été si proche d’être le huitième homme de l’histoire à gagner les trois grands tours. Le Colombien, vainqueur du Giro en 2014 et de la Vuelta en 2016, va prendre le départ de son cinquième Tour de France, dernière épreuve à conquérir pour boucler les trois boucles les plus célèbres du cyclisme. Sur ses quatre premières tentatives, Quintana a d’abord été brillant avec deux deuxièmes places en 2013 et 2015, décevant en 2016 – avec un podium certes mais des carences criantes vis-à-vis de Chris Froome et un manque de panache déconcertant -, puis dépassé en 2017 avec une tentative de doublé Giro-Tour qui a tourné au vinaigre après un rose perdu le jour de l’arrivée et un gros quart d’heure de retard sur le jaune.

Au moment d’aborder la saison 2018, Quintana démarre donc par un mea culpa pour avoir eu les yeux plus gros que le ventre. « Les erreurs se paient cher, reconnaît-il dans L’Equipe au mois de février. J’aurais dû gagner le Giro et, finalement, j’ai mangé cher sur le Tour. Mais quand le corps te dis pas plus, c’est “pas plus”. On a tenté ce pari de Giro et Tour, sans mesurer sans doute l’effort violent que ça demandait. La complexité de l’enjeu nous a échappé. » La leçon a été apprise. Cette année, alors que Chris Froome et Tom Dumoulin vont peut-être manger cher sur le Tour, Quintana a tout misé sur la fraîcheur avec 2000 bornes en moins au compteur avant d’entamer le mois de juillet. Même en course, le Colombien semblait afficher une certaine retenue, ne testant ses jambes qu’à l’occasion du dernier Tour de Suisse avec une attaque victorieuse au pied d’une ascension de trente kilomètres.

Garder la main

Le contexte sportif est particulièrement favorable mais deux obstacles rendent la mise en application sur le Tour pas aussi évidente que cela. Le premier, c’est cette première semaine piégeuse au possible avec ce contre-la-montre par équipes où des écarts décisifs peuvent être faits et une étape avec 20 bornes de pavés, exercice sur lequel Froome lui même a dû poser pied à terre par le passé. « La première semaine est de celle qui force le respect. Avant la neuvième étape vers Roubaix et ses 20 kilomètres de pavés, je ne pense pas que les capacités de pilotage joueront un véritable rôle dans le déroulement des choses. Il faudra être extrêmement attentif, mais parfois, la malchance vous rattrape malgré tout. » Malgré cet optimisme raisonné, on rappellera que le Tour 2015 s’est joué à une bordure sur les plaines de Zélande…

Le second, bien plus problématique car il ne concerne pas ses rivaux, réside dans la cohabitation avec Mikel Landa et, dans une moindre mesure, Alejandro Valverde. Le Basque, connu pour attaquer ses propres leaders, a signé l’été dernier chez Movistar pour retrouver un minimum de liberté. Les trois veulent attendre la première journée de repos avant de se contraindre à une hiérarchie interne. Ce Tour est donc a double tranchant pour Quintana. Un jaune à Paris et c’est une place dans l’histoire, un faux-pas sur le parcours vers les Champs et c’est un potentiel statut d’équipier de luxe qui le guette. Le Colombien est le premier à le reconnaître : « C’est une année particulière pour moi car l’échec n’est pas permis. »

Et vous, qui voyez-vous remporter ce Tour de France 2018 ?

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