L’ensemble de la rédaction de Chronique du Vélo a fait ses pronostics en vue du Tour. Nous avons chacun livré notre top 10, notre maillot vert et notre maillot à pois pour finalement établir notre propre classement. Jusqu’à la veille du départ, nous allons donc revenir sur chacun de ces protagonistes. Place au quatrième de notre classement, Richie Porte.

Avec Richie Porte, les années passent et c’est comme si rien ne changeait. A 33 ans, il est l’un des grands favoris du Tour qui s’annonce. Comme l’année dernière. Et celle d’avant, aussi. Sauf que l’Australien n’a pour l’instant jamais fait mieux que cinquième à Paris. On commencerait presque à douter de lui.

La même rengaine

Parler de Richie Porte et de sa relation au Tour, c’est évoquer l’acharnement d’un homme vis-à-vis d’une épreuve qu’il rêve de pouvoir dompter mais qui se refuse à lui chaque fois qu’il semble se rapprocher du but. Plusieurs fois, le garçon s’est retrouvé deuxième du général après une semaine voire dix jours de course. La première fois, en 2013, il était le dauphin de son propre leader, Chris Froome, et la Sky commençait à rêver d’un nouveau doublé, un an après celui qui avait vu Wiggins et Froome monter sur le podium parisien. La deuxième, un an plus tard, il était déjà bien décroché par un Vincenzo Nibali aérien, mais pensait tenir son premier podium sur trois semaines. A chaque fois, en réalité, il a fini par craquer. Généralement d’un coup. Parce que quand Porte se manque, il perd tout sur une étape. Une sorte de marque de fabrique à laquelle il échappe rarement.

Il y a un an, on le disait dans la forme de sa vie, enfin prêt à faire vaciller ce Froome qui l’avait forcé à l’exil pour avoir une chance au mois de juillet. Une chute dans la descente du Mont du Chat a ruiné ses espoirs, et à Paris, c’était encore Froome qui portait le maillot jaune. Ajoutez à cela l’épisode de la moto dans le Ventoux, il y a deux ans, et vous avez, en gros, l’histoire de Richie Porte avec le Tour. Certains ont connu pire, c’est vrai. Mais peu de candidats à la victoire finale ont enchaîné autant de déconvenues, au point que l’Australien court toujours après une place sur le podium. « Classic Porte », diraient les Britanniques, parce que l’actuel leader de la BMC n’a pas vraiment fait mieux ailleurs, en vérité. Il a lorgné sur le Giro, à une période où il ne voulait pas encore dire au revoir à la famille Sky, mais il y a rencontré les mêmes galères.

Course contre le temps

Quelles sont donc les raisons de croire que tout ça changerait cette année ? On a cherché, mais on a eu du mal à trouver. Voilà pourquoi finalement, Richie Porte arrive quatrième de notre classement. Un peu mieux que ce qu’il a déjà fait, parce qu’incontestablement, sa cinquième place d’il y a deux ans ne correspond pas à la période où il était le plus fort. Mais au pied du podium, parce que ce que l’on pensait acquis ces dernières années, à savoir un podium, se transformerait en surprise cette fois, la faute à ces jugements que trop souvent, on a dû revoir à cause de la malchance – parfois – et des limites physiques et mentales du garçon – souvent. Porte ne tiendrait pas trois semaines ? C’était une sorte de running-gag, au début, parce que cela paraissait perfectible. Mais c’est en train de devenir une réalité au fil des échecs.

Parce qu’il a commencé à vouloir jouer dans la cour des grands un peu plus tard que les autres, on a tendance à oublier que le Tasmanien a récemment soufflé sa trente-troisième bougie, comme Vincenzo Nibali et Chris Froome. Et comme tout le monde n’est pas Cadel Evans, même avec un passeport australien et un maillot BMC, on aurait envie de suggérer à Richie Porte de se dépêcher. Le Tour ne va pas l’attendre, et quand le duo italo-britannique vainqueur des cinq dernières éditions pliera bagage, la génération suivante, celle de Quintana et Bardet, sera sans doute là pour récupérer un os après lequel elle court elle aussi depuis un moment. Aucun cadeau ne sera fait à Porte l’ancien, barré par des leaders encombrants chez Sky, malchanceux ou simplement trop court pour gagner le Tour, selon que ce soit ses admirateurs ou ses détracteurs qui parlent. Il n’y a que lui qui puisse forcer son destin.

Et vous, qui voyez-vous remporter ce Tour de France 2018 ?

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