L’ensemble de la rédaction de Chronique du Vélo a fait ses pronostics en vue du Tour. Nous avons chacun livré notre top 10, notre maillot vert et notre maillot à pois pour finalement établir notre propre classement. Jusqu’à la veille du départ, nous allons donc revenir sur chacun de ces protagonistes. Aujourd’hui, celui que nous avons désigné comme maillot blanc à pois rouges : Rafal Majka.

A bas le général

« Je vise le classement général. » Rafal Majka n’a aucun doute à l’approche de ce Tour de France. Avec le soutien de son équipe, le Polonais rêve du top 5, comme il l’expliquait en début d’année. Le leader des Bora Hansgrohe l’a déjà fait sur le Tour d’Italie (5e en 2016) et est même monté sur le podium de la Vuelta en 2015 (3e). Mais en France, c’est une autre histoire. Majka adore la Grande Boucle, et depuis 2016, il y consacre sa saison. Les résultats sont plutôt mitigés. Si le natif de Zegartowice n’est jamais arrivé à Paris dans les 25 premiers au général, il a cependant gagné trois étapes et ramené deux maillots blancs à pois rouges sur les Champs-Elysées. Et pourtant, Majka s’obstine à jouer le général, au grand dam des suiveurs. Dans son rôle de leader, le Polonais est un calculateur, qui ne fait jamais trop d’efforts pour conserver sa place. Mais quand il ne joue pas le général, l’ancien de la Saxo Bank se libère. Comme par exemple sur le Tour 2014. Cette année-là, il découvre le Tour, au service d’Alberto Contador, double vainqueur de l’épreuve et candidat à un nouveau sacre. Il n’est alors pas question de jouer sa carte personnelle. Mais l’abandon de l’Espagnol dans la descente du Petit Ballon change les plans de l’équipe Tinkoff-Saxo.

Le jeune coéquipier polonais a alors carte blanche, comme tous ses coéquipiers. Et il va en profiter, en remportant les étapes de Risoul et du Pla d’Adet. Deux arrivées au sommet, où il est à chaque fois dans l’échappée du jour, s’imposant pour une poignée de secondes devant le maillot jaune Vincenzo Nibali. A Paris, il étrenne donc fièrement le maillot de meilleur grimpeur. Pas mal pour le Polonais d’alors 24 ans, remplaçant de dernière minute de Roman Kreuziger, en pleine tourmente au sujet de son passeport biologique. Au début du Tour, Majka ne s’estimait « pas prêt » à prendre le départ… L’année suivante, c’est encore grâce à une échappée qu’il s’impose à Cauterets. En 2016, il adopte la même tactique de course, en se faisant décrocher dès la première étape vers Utah Beach, pour pouvoir partir sans souci dans une échappée. Ça marche (presque) : il termine quatre fois sur le podium d’une étape, sans jamais l’emporter. En consolation, il monte de nouveau sur le podium à Paris avec un maillot blanc à pois rouges.

Encore un choix à faire

En fait, Rafal Majka est un pur grimpeur. Quand la route s’élève, le Polonais se sent pousser des ailes. L’an dernier, il arrivait sur le Tour comme un prétendant au classement général. Mais la montagne était à peine arrivée que le leader des Bora était à terre, sur la route de Chambéry. Il a dû abandonner pendant la première journée de repos. Majka ne paraît pas lui-même dans un rôle de leader. Il n’est pas un homme de projecteurs, il réussit quand personne ne l’attend, a besoin de confiance en lui. Il se prépare pour le Tour loin des destinations traditionnelles, en courant en Slovénie, en Californie ou à San Juan en Argentine. Quand il joue le général, il endosse un autre masque, celui d’un coureur plus suiveur, attentiste. Ce qui lui plaît, c’est la liberté, celle des cimes. Sur la dernière Vuelta, une nouvelle fois loin au général, il glane sa première victoire d’étape en Espagne au sommet de la Pandera. Quand il est libre, Majka s’envole, souriant, heureux, avec un petit clin d’œil à la caméra pour célébrer ses victoires. Sur le papier, un top 5 à Paris n’est pas si saugrenu, tant le Polonais est un excellent grimpeur tout aussi capable de limiter la casse en contre-la-montre. Mais sur la route, le Polonais se sublimera-t-il pour atteindre ses objectifs ?

D'après vous, qui sera maillot à pois du Tour de France ?

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