Il y a une forme de cruauté, pour des garçons qui pensent à Milan-Sanremo depuis plusieurs mois, de devoir déclarer forfait à seulement quelques jours de l’épreuve. Mais Fernando Gaviria et Nacer Bouhanni regarderont la Primavera à la télé, ce samedi. La suite d’une histoire compliquée entre eux et la classique italienne.
Chacun son tour
Le Colombien a été le premier malheureux. Lundi, sur l’avant-dernière étape de Tirreno-Adriatico, il a chuté à huit kilomètres de l’arrivée. Un os de la main gauche cassé, il a rapidement compris qu’il aurait besoin d’une opération puis de plusieurs jours de repos. Rideau sur Milan-Sanremo. Puis ce mardi, par un tweet plutôt inattendu, Cofidis a annoncé que Nacer Bouhanni, lui non plus, ne serait pas au départ de la Primavera. Quatre jours après avoir abandonné sur Paris-Nice, le sprinteur tricolore ne serait pas remis. Pour ces deux là, le premier monument de l’année était pourtant le grand objectif de la saison – avec le Tour de France. Il leur convient, sur le papier, presque parfaitement. Fernando Gaviria, qui s’est dit « dévasté », en était même l’un des principaux favoris, mais il devra se contenter de supporter ses coéquipiers Alaphilippe, Gilbert et Viviani.
Pour l’un comme pour l’autre, c’est une relation délicate avec la Classicissima qui se poursuit. Malchanceux et un peu trop tendu il y a deux ans, pour sa première participation, Gaviria avait chuté dans le final et fait une croix sur ses chances de victoire. Puis l’an dernier, il n’avait pas été capable de suivre Sagan, Kwiatkowski et Alaphilippe dans le Poggio, échouant à la cinquième place sur la via Roma. Nacer Bouhanni, lui, n’a jamais endossé le costume de favori, mais il est un sérieux outsider depuis qu’il a décidé de mettre les pieds sur la Primavera. En trois participations, il a toujours terminé dans les huit premiers. Il était même tout près de la victoire en 2016, lorsqu’un saut de chaîne l’a empêché de sprinter jusqu’à la ligne. Quatrième, il avait dû observer le succès de son éternel rival Arnaud Démare. La plus grande frustration de sa carrière, qui a au moins eu le mérite de décupler sa motivation.
L’imbroglio Bouhanni
Reste que pour le Français, les circonstances de son forfait sont très floues. D’abord parce que Cofidis n’a pas les solutions de rechange sur lesquelles peut compter Quick-Step. Ensuite parce que Bouhanni n’est pas blessé mais seulement malade, et que la course n’est que dans quatre jours : il y avait encore le temps de se remettre, et d’éventuellement prendre la décision au dernier moment. Enfin parce que le Vosgien, quelques heures après l’annonce, s’est confié à Cyclismactu, laissant planer un gros voile d’incompréhension. « Ce n’est pas moi qui ait déclaré forfait. C’est une décision de la direction de l’équipe Cofidis. […] J’étais rétabli et j’avais même eu le feu vert du médecin de l’équipe. […] Depuis dimanche matin, j’ai eu le feu vert pour aller faire du vélo. » Pourquoi donc se priver de lui ? Pourquoi de cette façon ? On aura peut-être une réponse dans les prochains jours. Mais Gaviria comme Bouhanni, quoi qu’il arrive désormais, vivront difficilement cette journée de samedi où l’une des plus grandes courses du calendrier partira sans eux.
Cette fois-ci, cela semble clair… Mais depuis le début de la saison, il était facile de remarquer que quelque chose ne fonctionnait plus (du tout !) entre Nacer Bouhanni et son équipe (coéquipiers ? directeurs sportifs ?). De nouveaux choix, de nouvelles décisions, de nouvelles options ont été adoptés par l’équipe aux dépends de Nacer qui se sont révélés plutôt… gagnants (le choix Laporte) ! Nacer Bouhanni est un grand champion, un pur et vrai sprinteur (malheureusement souvent barré par les finisseurs “armoires à glace”) avec beaucoup de victoires, mais pas “la grande” qu’on aimerait qu’il gagne, beaucoup de place d’honneur et… d’ennuis ( divers et à répétition). Il ne semble plus avoir la confiance de son équipe… Il ne pourra pas aller loin comme ça et c’est peut-être là une “invitation” à aller voir ailleurs l’année prochaine. Encore faudrait-il qu’il puisse aligner quelques résultats probants et peut-être avoir des ambitions financières plus “modestes” pour intéresser une équipe où il pourrait s’exprimer pleinement et sereinement.
La carrière de Bouhanni devient chaotique. J’espère qu’il retrouvera vite le chemin du succès. Mais il y a probablement de l’eau dans le gaz. De toute façon, Vasseur et Cofidis vont vite exiger des victoires, vu le salaire du coureur, d’autant plus qu’il y a un remplaçant tout désigné avec Laporte.
Si Cofidis a deux sprinteurs, Fortuneo par contre ferait bien de s’en procurer un. c’est un vide béant dans leur recrutement.
Exact, ce serait intéressant pour les uns et les autres mais sans doute Nacer Bouhanni espère-t-il (à tort ou à raison) “autre chose”…
pas sûr que Laporte soit au niveau de Bouhani. Mais je pense que bouhani, ne s est pas entrainé suffisament pour affronter ce MSR et qu’il ne sait pas donner de sa personne pour les autres coureurs de l’équipe, du moins c’est l’impression qu’il donne . c’est vrai que lorsque l’on est un des plus gros salaires du cyclisme français, on ne se demande pourquoi d’ailleurs, le sponsor est en droit d’attendre un retour sur investissement
C’est plus la politique passée de Cofidis qui est en cause que le coureur Nacer Bouhanni. Cofidis a mis tous ses oeufs dans le même panier, l’équipe était inexistante sur les classements généraux et très faible en montagne. Un sprinteur c’est fragile, d’autant plus qu’il prend plus de risques que les autres coureurs, enfin je le pense, d’ailleurs on n’a qu’à compter les “gamelles” de Bouhanni. Cofidis a pour moi perdu son coup de poker, c’est pour cela sans doute que Sanquer a été remercié et qu’une autre politique avec l’arrivée de Vasseur à la tête et des frères Herrada, est en train de se mettre en place. Dans ce contexte, Bouhanni pourrait courir en subissant moins de pression, mais n’est ce pas déjà trop tard pour son avenir dans cette équipe?
Excellente, excellente analyse !!! Tout est dit.
J’espère qu’il reviendra au meilleur niveau et qu’il n’aura pas à regretter toute sa carrière son saut de chaine à MSR en 2015 (il aurait largement gagné ce jour là).
Mais la stratégie de l’électrochoc proposée par Vasseur me semble la bonne, le remettre dans un état d’esprit de concurrence plus saine que lorsqu’il était seul leader. Dans une équipe où l’on doit donner et recevoir, c’est le cas dans la plupart des grosses écuries, là où sont les meilleurs.
Pas encore remis de sa bronchite, il quitte le Tour de Catalogne …