Les dents serrées, le sang qui coule sur toute sa joue gauche, la pommette ouverte, rafistolée avec un bandage, Lawson Craddock franchit la ligne sept minutes et cinquante secondes après Fernando Gaviria. On est sur la première étape du Tour. Mais l’Américain décide alors de continuer, et trois semaines plus tard, il gagnait son pari en ralliant Paris.
Abonné au gruppetto
L’histoire commence à 80 kilomètres de l’arrivée de la première étape. Lors d’un ravitaillement, Lawson Craddock roule sur un bidon et goûte le bitume. Il repart avec une pommette ouverte et surtout, un trait de fracture à l’omoplate. Le début de son parcours du combattant. « Je ne voulais pas rentrer à la maison au premier revers », disait-il le jour même après l’arrivée. A ce moment-là, il souffre beaucoup et ne sait pas encore s’il pourra reprendre la route le lendemain matin. Finalement, il est bien au départ de Mouilleron-Saint-Germain le dimanche, et même à l’arrivée de La Roche-sur-Yon. Mais l’Américain franchit alors la ligne plus de huit minutes derrière Peter Sagan, vainqueur du jour. Sa galère continue. Il lâche encore vingt minutes à Quimper, quinze à Mûr-de-Bretagne. Parfois, c’est un peu moins : deux minutes à Chartres, trois à Amiens. Mais Craddock n’est jamais dans le peloton.
La suite, avec les pavés puis l’arrivée dans les Alpes, n’arrange pas ses affaires. Dans ce Tour, en vérité, le grimpeur américain n’aura terminé aucune étape avec le peloton. Même à Pau, en fin de troisième semaine, il arrivait plus de quatre minute trente après Arnaud Démare. Idem sur les Champs-Elysées, où il s’était relevé. Preuve qu’il était loin d’avoir récupéré de sa chute du premier jour. Mais jamais il n’a semblé remettre en question le fait qu’il irait au bout de ce Tour, malgré les doutes qui l’ont forcément accompagné durant les étapes. Il était porté par une promesse qu’il voulait poursuivre le plus longtemps possible : pour chaque étape qu’il terminerait, il avait promis de verser cent dollars pour aider aux rénovations du vélodrome d’Alkek, là où il a commencé le vélo. L’endroit avait été endommagé, il y a un peu moins d’un an, par le passage de l’ouragan Harvey. En plus de son abnégation, l’Américain a donc donné dans la bonne action. Héros, vous avez-dit ? On n’est pas loin.
Finir pour aider
Parce qu’il n’a finalement pas été le seul à mettre la main à la poche. Son action a été suivie par des dizaine de milliers de supporters. L’Américain espérait réussir à récolter 21 000 dollars. La cagnotte a dépassé les 140 000. « C’est fou, et c’est ce qui m’aide à continuer », disait-il en début de course. Sa galère a aidé à l’engouement autour de sa bonne action. A Paris, il a donc bouclé son deuxième Tour de France avec un grand sourire. Dans son équipe EF Education First, il n’a pas été le seul à connaître quelques péripéties. Rigoberto Uran a abandonné dans les Alpes, Taylor Phinney s’est cassé le nez en dernière semaine. Mais Craddock a vécu l’aventure la plus incroyable. Lanterne rouge le premier jour, lanterne rouge à Paris, il n’a jamais bougé au classement. Au fil des séances de kiné douloureuses jusqu’aux larmes, le garçon s’est même attaché à cette dernière place symbolique.
« Au Texas, on est solides », rigolait l’Américain dans L’Equipe, avant toutefois d’aborder les cols qui le feront souffrir encore davantage. Devenu une mascotte pour les spectateurs, qui chaque matin lui demandaient des selfies devant le bus de son équipe, Craddock s’est fait un nom auprès d’un grand public qui ne le retiendra sans doute pas éternellement, mais qui a su l’applaudir un peu chaque jour, pendant trois semaines, pour lui donner la force de continuer jusqu’aux Champs-Elysées. L’Américain n’a pas été élu super-combatif du Tour, ce qui a pu surprendre, mais dans l’esprit de ceux qui ont suivi cette édition, il restera comme ce courageux qui même cantonné au gruppetto du premier au dernier jour, a refusé d’abandonner.
Il a été très courageux certes et son action pour récolter de l’argent est méritante. Mais qu’apportait-il à son équipe, sur le plan sportif, à toujours courir en queue de peloton ?
Il leur enlevait rien en restant et surtout il leur a fait une super pub. Quoi de mieux pour un sponsor qu’avoir l’image d’un coureur courageux qui se bat jour après jour contre la douleur et une fracture mais qui n’abandonne jamais? Et non seulement qui n’abandonne pas mais qui malgré les difficultés pense à utiliser sa douleur pour faire profiter les autres grâce à la collecte de fond.
C’est une aubaine en terme de relation publique pour EF Education First Drapac. Et puis grâce à lui ils étaient aussi cité 5-6 fois alors que sportivement ils n’ont pas brillé sur ce tour (abandon de Uran, Rolland trop limité en montagne etc…)
Il a aussi été dans une échapée sur je sais plus quelle étape de montagne
Il a joué son rôle de forçat de la route. C’est dans l’esprit de ce que voulait Henri Desgranges lorsqu’il a créé le Tour de France. C’est déjà pas mal et cela doit suffire à imposer notre respect… Et celui de ses employeurs. D’autant plus que ce n’est pas mauvais pour l’image du sponsor.
Il n’a pas apporté grand chose à son équipe, on est d’accord, mais ce n’était pas vraiment un de nos critères pour désigner le plus “courageux”.
Ca c’est du bon Texan pur jus. Un gars qui lache rien et qui donne tout pour le vélo. Y’a que le Texas pour sortir des gars comme ca, comme Armstrong qui gagnait deja 20 000 dollars par ans de primes de courses a 15ans et qui a mis le peloton a ses pieds.
Nous on a Pinot, un mec qui n’a qu’une hate c’est etre à la retraite pour faire berger…