Cette année cycliste restera particulière, historique. Avec la pandémie mondiale, l’UCI a dû revoir ses plans pour les championnats du monde. En les déplaçant à Imola, sur un circuit pour puncheur-grimpeur, elle a rendu la tâche plus facile pour Julian Alaphilippe qui avait là un terrain de jeu plus abordable. Malgré le nombre de prétendants, le Français a réussi à forcer la décision pour apporter à la France un titre qu’elle attendait depuis vingt-trois ans.

Coup de maitre de Voeckler, un titre pour l’histoire

Sur un tracé moins difficile que celui prévu initialement à Aigle-Martigny, le rythme était plutôt tranquille, ce matin, après la formation de l’échappée. Les kilomètres s’égrainaient et on se demandait bien quand le spectacle aurait lieu. On a même pu apercevoir Michael Matthews à l’avant du peloton alors qu’on entrait dans l’antépénultième tour. Tout ça n’a pas plu à l’équipe de France. Dans le but d’écrémer petit à petit le groupe de favoris, Quentin Pacher et Nans Peters se sont alors mis à la planche. Les premiers dégâts sont arrivés rapidement, avant que d’autres nations, le Danemark et la Belgique notamment, prennent le relais.

Dans les dernières ascensions, les Italiens ont enchaîné les cartouches. Caruso, Nibali et Masnada. Plutôt un aveu d’impuissance. Puis ce fut au tour de Guillaume Martin de prendre quelques longueurs d’avance, forçant la Belgique à rouler. Au pied de la Cima Gallisterna, dix-huitième et dernière ascension, statu-quo. Qui placera la première attaque ? Ce sera Marc Hirschi. Mais Julian Alaphilippe saute dans sa roue. Il grimace, on se rapproche du sommet, déjà trop tard ? Sûrement pas. C’est dans la dernière rampe qu’il donne le coup de rein décisif. Derrière, personne ne bouge. L’écart grimpe, passe de quelques mètres à quelques secondes. Il bascule et la France commence à y croire. Derrière, le groupe des autres favoris peine à s’entendre et laisse filer Alaphilippe vers le titre.

La quatrième, enfin la bonne

Julian Alaphilippe, depuis son explosion au plus haut niveau, est marqué à la culotte par ses rivaux. Dès les Mondiaux de Bergen, en 2017, il arrive à s’isoler en tête de course. Piochant dans le final, il se fait reprendre par Gianni Moscon qui décide de ne pas prendre de relais, ce qui anéantit les chances du Français. L’année suivante, avec la terrible montée du Höll, la France durcit le rythme, jusqu’à faire exploser son propre leader. Romain Bardet a certes réussi à basculer avec les meilleurs, mais le titre mondial ne revient pas à la France.

S’ensuit le Mondial d’Harrogate. Après un Tour de France monstrueux durant lequel il porta pendant quatorze jours le maillot jaune, Alaphilippe arrive sur les terres anglaises vidé. Le coup de grâce : une météo exécrable. Le protégé de Patrick Lefevere, dans un mauvais jour, finit loin de Mads Pedersen. « C’était un rêve dans ma carrière. J’ai été très près, je n’ai jamais été sur le podium… Je suis arrivé avec beaucoup d’ambition. C’est un rêve devenu réalité pour moi », expliquait cette fois le tout frais champion du monde. Il aura donc fallu attendre la quatrième occasion, celle où l’on avait peut-être le moins de certitude face à une terrible concurrence, pour le voir triompher.

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