Il avait bien caché son jeu. Il disait ne pas venir avec des ambitions personnelles, prétextant que Milan-Sanremo, en réalité, ne convenait pas tellement à ses qualités. Mais dans le Poggio, profitant du marquage entre Sagan et Kwiatkowski, l’Italien s’en est allé. Pour marquer l’histoire.
Quand on l’attend le moins
Mettez Vincenzo Nibali dans les premières positions du peloton au moment d’attaquer le Poggio, patientez quelques instants, et appréciez le spectacle. Ce n’est finalement pas plus compliqué que ça. A voir l’Italien prendre le vent en se replaçant, entre la Cipressa et le Poggio, on se disait qu’il préparait quelque chose. Mais on s’en inquiétait à peine, sans doute influencés par la forme moyenne affichée par le Squale ces derniers jours, lors de Tirreno-Adriatico. Sauf que Nibali reste Nibali et qu’il nous surprend davantage à chaque fois qu’on oublie de mettre une pièce sur lui. Milan-Sanremo lui correspondait moins que le Tour de Lombardie ? Qu’importe, il a désormais accroché les deux monuments italiens, en plus des trois grands tours. Il va falloir faire un peu de place dans le cercle très fermé des plus grands coureurs de l’histoire pour accueillir ce nouvel arrivant.
L’Italien, pourtant, aurait pu abdiquer. Faire une croix sur cette Primavera qui ne voulait pas de lui. En 2011, il était dans le groupe qui s’était joué la victoire, incapable malgré tout de batailler avec Matthew Goss. L’année suivante, il était sorti dans le Poggio en compagnie de Cancellara et Gerrans, mais comme le Suisse, s’était fait aligner par l’Australien au sprint. Il y a deux ans, pour tenter de changer la donne, il avait voulu attaquer de plus loin, dans la Cipressa, sans succès. Il y avait un côté répétitif dans cette histoire. Chaque fois, Vincenzo Nibali essayait, parce que c’est son tempérament, ce à quoi il nous a toujours habitué. Mais chaque fois, il échouait. Jusqu’à aujourd’hui, où il a été le seul des cadors à attaquer dans le Poggio. Sagan, Kwiatkowski, Alaphilippe, Van Avermaet, tous l’ont regardé faire, pas un n’a jugé nécessaire de sauter dans sa roue.
Une habitude
Ce soir, ils s’en mordront les doigts parce que dans un sprint à deux, l’Italien aurait sans doute perdu contre chacun d’entre eux. Mais Nibali, 33 ans, a montré quel patron il était. Loin de la guerre d’egos entre Sagan et Kwiatkowski, loin des considérations tactiques des Quick-Step ou des BMC. Lui était dans l’instant. « En sortant là où il ne fallait pas sortir pour gagner », dira Cyrille Guimard quelques minutes plus tard sur la chaîne L’Equipe, le Sicilien a marqué l’histoire de la Primavera. Les statistiques tombent en pagaille. Cela faisait vingt-neuf ans que le vainqueur de Milan-Sanremo n’avait pas été aussi un vainqueur du Tour de France ; et douze ans qu’il n’y avait pas eu de victoire italienne. Mais Nibali est habitué, de toute façon, à marquer l’histoire. Il va juste falloir qu’on arrête d’être surpris.
Le Poggio lui convient plutôt bien avec la montée et la descente rapide; la probabilité de marquage du jour des favoris a donné toute la logique du moment judicieux de son attaque . Il a sut etre aussi discret ces derniers temps pour peut etre mieux mordre dans ce final . De l´exelent Nibali !
Nibali a mystifié tous les sprinteurs, à l’ancienne. Comme quoi un vainqueur de grand tour pourrait encore s’imposer sur les classiques si les programmes des grandes équipes étaient moins établis à la calculette. Bardet sur les strade l’a aussi démontré.
Et un Nibali préparé sur un Paris Roubaix y pourrait jouer les premiers rôles.
Tout à fait d’accord ! Quelle fin de course ! Quelle belle leçon de vélo !
Mots de Sagan à l’arrivée : « Au final, je suis très content pour Vincenzo, car il est le seul à avoir eu les tripes, et il a décroché la victoire, c’est vraiment super. » La classe des grands !
Enfin, faudrait veiller à pas exagérer avec Sagan. C’est une déclaration banale, qui contrebalance tout au plus ces commentaires beaucoup moins classes à l’égard de Kwiatek.
Pas si banale. Cela montre simplement qu’il respecte les coureurs qui gagnent avec panache.
La classe des grands aurait été surtout de sortir avec l´Italien au lieu d´attendre que les autres fassent le boulot pour le ramener .
Sa déclaration sportive et sympathique pour le vainqueur estompe bien peu son echec de plus sur un monument .
sagan a la pancarte, personne ne l’aurait laissé partir, on voyait bien qu’il était neutralisé par Kwiat notamment.
Sa récente déclaration négative contre le polonais n´y est pas pour rien . Sagan a une facheuse tendanse à trop se montrer et à trop l´ouvrir; ca se retourne contre lui tot ou tard .
Peut-être aussi que Sagan n’avait tout simplement pas des aussi bonnes jambes que cela… Ce qui ne m’étonnerait pas.
Sagan pas les jambes c´est rarissime . il n´était pas si mal pour faire 5. Faire rouler Jurai la journée et Oss sur le poggio pour juste faire l´observateur avant la cabine serai surprenant .il a aussi affiché un bon punch sur Tirreno . Mais va savoir s´il était un peu juste …
Je ne dis pas qu’il était juste, mais je pense qu’il n’avait pas, comme l’année dernière, autant de cartouches en réserve sur le poggio. D’où sa décision de tout miser sur le sprint. D’ailleurs, même si on ne sprinte pas de la même manière pour une deuxième place que pour une première, je n’ai pas trouvé son sprint si impressionnant que cela, alors que c’est généralement sa grande force après une course longue et usante.
magnifique victoire ! il maestro !
Merci Vincenzo , de nous avoir donné un final digne du champion qu’il est, et surtout d’avoir sauvé une course plutôt insipide jusqu’au pied du Poggio.? Juste une question que se passe t’il avec Cavendish, ces chutes à répétition sont plutôt inquiétantes
Bel article ! Superbe victoire de Nibali qui est allé la chercher avec audace et panache. Il doit être un des rares coureurs si pas le seul dans le peloton actuel capable de gagner à la fois les grands tours et les classiques . C’est la marque d’un grand champion !
Je pense que 100% des gens sont content qu’il ait gagner ce qui est plutot sympa et ca lui rend le respect qu’il donne au cyclisme à l’ancienne.
Sinon on en parle de Burghardt qui fait n’importe quoi ??
La prime à l’attaque à encore été distribuée après celle de paris nice. C’est beau à voir.
C’est toujours pareil, Nibali gagne parce que cela se regarde derriere et que personne ne veut y aller, on voit bien qu’ils tergiversent…
Alors on peut dire ce que l’on veut, mais il gagne par défaut, on l’encense sur sa “stratégie” mais il profite de la non volonté des autres de boucher le trou.
Mais bravo à lui car il fallait quand m^eme le faire. Tout ça pour dire qu’il a eu de la chance, de nombreux autres sortent de cette maniere dans des courses et ne gagnent pas (Alaphilippe aux championnats du monde par ex !) , ce sont les circonstances de courses qui décident, et là ça l’a fait : bravo ! Et peut etre tant mieux…
il a surtout su exploiter la descente qui est son point fort ! c ‘est la marque des grands
C’est ça aussi le vélo, de tout temps il arrive que les favoris se neutralisent et qu’un outsider en profite pour s’imposer.
Encore faut il tenir jusqu’au bout ! D’après certains, il n’est pas bien de gagner en suceur de roue. D’autres (voir les mêmes) ont du mal avec les coureurs qui dominent de la tête et des épaules, leur rappelant ( parfois à raison) les heures sombres du cyclisme. Si maintenant on ne peut plus gagner en profitant du marquage des autres (ce qui est quand même très fréquent), ca devient compliqué d’en claquer une belle…;)
Je le vois mal gagner le tour, par contre avec Valverde c’est mon gros favori pour les CDM : avec son jump, son adresse dans les décentes, sa grinta et sa bonne étoile, ça va être dur de lui résister. D’autant plus qu’il sera bien mieux préparé qu’aujourd’hui.
Sinon quel coureur ! Toujours présent quand il est attendu, et oh combien dangereux quand il ne l’est pas. Un coureur à l’ancienne, qui comme Contador va manquer au cyclisme quand il va partir.
Il est surtout parti vent de face quand tout le monde se disait que c’était suicidaire d’y aller et résultat, il a claqué une très belle victoire