Il y un an, d’un coup, tous les regards s’étaient braqués sur lui. Mikel Landa était l’invité surprise du Tour de France, plus encore que Rigoberto Uran. Pas ressuscité mais transfiguré. En montagne, personne ne semblait lui arriver à la cheville, pas même son leader Chris Froome. Resté sage à l’époque, il a depuis craché son venin. Et désormais, il a faim de revanche.
L’ambition interdite
On avait cru faire un bond de cinq ans en arrière. Dans la montée de Peyragudes, là où en 2012 Chris Froome avait ostensiblement montré au monde qu’il était plus fort que son leader et futur vainqueur du Tour Bradley Wiggins, le scénario allait se répéter. Cette fois, maillot jaune sur le dos, « Froomey » héritait du rôle de « Wiggo » quelques années plus tôt. Et le bourreau s’appelait Mikel Landa. La scène était un peu moins marquante, parce qu’il y avait quelques acteurs supplémentaires autour pour distraire notre regard. Mais elle se reproduira, insidieusement, à quelques reprises, toujours en finesse, l’Espagnol faisant régulièrement mine de ne pas voir les grimaces de celui pour qui il devait rouler. Jamais il n’appuiera assez pour aller chercher la victoire, mais l’impression dégagée suffira à semer le doute. En juillet dernier, le garçon le plus costaud était sûrement celui qui a terminé au pied du podium, des nœuds et des regrets plein la tête.
Un soir, un début d’altercation avec Nicolas Portal au pied du bus de la Sky fera le tour des réseaux sociaux. Comme les quelques mots du grimpeur espagnol, dès la deuxième journée de repos au Puy-en-Velay, dont on ne sait toujours pas s’ils étaient calculés, maîtrisés. Certains, dans l’encadrement de l’équipe britannique, se sont surement pincés pour y croire, sur le moment. « Soyons clairs à ce sujet, ça ne peut pas se reproduire. Je ne reviendrai pas sur le Tour comme numéro deux », avait lancé Landa à une semaine de l’arrivée. Chris Froome aura l’intelligence de calmer les tensions et de recadrer son lieutenant. Peut-être en guise de sanction, il ne lui autorisera aucun répit, pas même à l’Izoard quand tout était joué et où Landa, s’il n’avait pas eu à rouler sur demande du maillot jaune, aurait pu s’économiser un peu et ne pas perdre une poignée de secondes qui lui coûteront le podium le lendemain. Le garçon l’a encore en travers de la gorge. Ce jour-là fut sans doute scellée la collaboration Sky-Landa.
S’exiler pour gagner ?
Parce qu’à part en Russie, un président ne devient pas le premier ministre de son premier ministre devenu président, Mikel Landa devait partir. Le costume d’équipier était trop petit pour lui, celui de leader indisponible pour une durée indéterminée. Pour ne pas vivre ce que vis Geraint Thomas, l’Espagnol a fait le même choix que Richie Porte : l’exil. « Je ne [voulais] pas me retrouver de nouveau dans cette situation, c’est trop frustrant, disait-il il y a bientôt un an au quotidien ibérique El Pais, juste après l’arrivée du Tour. De la même façon que je ne veux pas que l’on se souvienne de moi comme un vainqueur de ci ou de ça, je ne veux pas que l’on se rappelle de moi comme celui qui aurait pu mais qui n’a pas fait – celui qui avait un Giro ou un Tour dans les jambes mais n’a pas gagné. J’aimerais gagner une fois, ou au moins essayer, et que je réussisse ou que j’échoue, ce sera pour moi. »
En choisissant Movistar comme point de chute, le grimpeur de 28 ans n’a pas fait dans la facilité. Certes, il revient chez lui, en Espagne, mais il débarque surtout dans la maison de Nairo Quintana, double vainqueur sur trois semaines, toujours en quête de succès sur le Tour et sans doute pas rassuré de voir arriver un garçon aussi talentueux et décidé à ne pas bosser pour lui. « Je ne ferai plus preuve d’autant de gentillesse… Je ne serai plus aussi crédule », prévenait Landa, toujours pour El Pais, après le Tour 2017. Rien d’étonnant, après avoir étalé ainsi ses ambitions, à ce que Quintana l’accueille froidement. Le Colombien a un pré-carré à défendre et Landa, malgré un beau sourire que l’on voit peu tant il grimpe souvent la bouche fermée, a du boulot pour lui reprendre les clés du camion. Reste un détail pas anodin. Alors que Sky règne sur le Tour depuis des années, Movistar n’y a encore jamais gagné. Cela pourrait faire la différence au moment de réattribuer les rôles pendant la course.
Je pense que la clé du Tour sera au sein des équipes Sky et Movistar. Sauront-ils se ranger derrière leurs leaders respectifs ou bien joueront-ils double jeu ? Pour Sky, je vois bien un Tour à la 2014 où Froome n’est pas dans son assiette (la fatigue du Giro, le point des affaires, le climat pesant, et puis un 4ème grand tour gagné de suite en 12 mois – Tour-Vuelta-Giro-Tour – et à 33 ans, ça paraît “excessif”).
Pour Movistar, entre Quintana, Valverde et Landa, je sens que ça va être la pagaille… Du coup, c’est l’occasion pour un autre larron de tirer les marrons du feu…
J’ai aussi tendance à croire ça pour Froome mais il a toujours renversé toutes les barrières, lacunes, limites, réserves… qu’on lui assignait, donc pourquoi pas une de plus encore ?
Chez Sky la discipline règne en général, ils arrivent à faire respecter la hiérarchie et le plan prévu, donc Thomas devrait se tenir près au cas où, et Bernal sera trop tendre à un moment a priori…
Chez Movistar, Valverde est là pour faire “tampon” entre Landa et Quintana, lui qui sait qu’il ne pourra pas faire mieux que son podium de 2015… à voir s’il fait plus de bien que de mal, ça reste quand même “son” équipe, en cas de Trafalgar des autres sur les pavés auquel il échapperait, ça peut changer la donne…
En tout cas il y aura forcément une tension énorme à un moment chez Movistar !
prêt* bien sûr
Dans quelle équipe ira-t-il se plaindre l’année prochaine d’être barré par un leader qu’il croit à tort moins fort que lui ? :)