Les années se suivent et se ressemblent drôlement, malgré les promesses de Mikel Landa, qui s’était juré il y a deux ans de ne jamais revenir sur un grand tour en étant contraint de travailler pour quelqu’un d’autre. Lieutenant de Richard Carapaz sur le Giro, il devra faire avec Nairo Quintana sur le Tour. L’heure de gloire n’est pas pour tout de suite, apparemment.
“Gagner le Tour”
Juxtaposer les déclarations de Mikel Landa, parsemées par-ci par-là, au fil des mois, est globalement amusant tant le panorama final offre de nombreuses contradictions. « Soyons clairs à ce sujet, ça ne peut pas se reproduire. Je ne reviendrai pas sur le Tour comme numéro deux. » Ça, c’était il y a deux ans, lorsque sous le maillot Sky, il avait terminé quatrième à Paris, frustré de ne pas avoir eu les mains libres alors qu’il semblait aérien, coincé dans l’ombre de Chris Froome. « J’espère gagner le Tour. » Ça, c’était il y a quelques jours, au micro du média néerlandais WielerFlits. Problème, en vingt-quatre mois, si peu de choses ont changé. Le maillot que porte l’Espagnol n’est plus le même, mais la situation a tout d’un copié-collé. Samedi, au départ de Bruxelles, le premier dossard de son équipe sera pour Nairo Quintana, le petit préféré d’Eusebio Unzué – après Valverde, bien sûr. Landa récoltera les miettes.
Point positif, malgré tout, le garçon a eu le temps de s’y habituer. Depuis son arrivée chez Movistar, jamais Quintana et Valverde, les leaders emblématiques, ne lui ont vraiment fait de la place. Il lui a fallu forcer les choses, à chaque fois, et pour l’instant, ça n’a pas payé. Sur le Giro, il a eu le malheur de voir Richard Carapaz devenir à son tour un coureur capable de s’imposer sur trois semaines. Le Basque a donc couru avec le frein à main, terminé quatrième – décidément ! – à Vérone et reporté ses ambitions sur le Tour. C’est la preuve qu’il a confiance en lui, qu’il ne compte faire aucun cadeau et qu’il ne considère pas sa saison comme achevée après le premier grand tour de l’année. Mais la réalité pourrait vite le rattraper : depuis vingt ans, personne n’a gagné le Tour après avoir couru le Giro. Contador, Froome et Dumoulin se sont cassés les dents sur un enchaînement quasiment impossible, que Pantani, en 1998, est le dernier à avoir réussi – en faisant d’ailleurs le doublé.
Être la bonne version de soi-même
C’est en revanche le propre de Mikel Landa, depuis plusieurs saisons, que de se construire dans l’adversité. Une cohabitation délétère avec Fabio Aru, avant celle, pas beaucoup plus facile, avec Nairo Quintana, entrecoupée d’une altercation à la vue des médias du monde entier avec Nicolas Portal. Le grimpeur basque est un fantasque, un personnage énigmatique, souvent dépeint de la même façon : ingérable, ou presque, drôlement talentueux, difficile à suivre dans ses choix de carrière. Qui est-il vraiment ? C’est à se demander si quelqu’un le sait vraiment. En tout cas, ceux qui pourraient donner quelques indices restent silencieux. Landa, lui, fait son bout de chemin, sans savoir si un jour, on lui donnera les clés du camion sur une course de trois semaines, alors qu’il sait, au fond, qu’il aurait largement les capacités pour s’imposer.
A une époque où l’on assure que les grands tours sont réservés aux rouleurs qui savent grimper, certains grimpeurs sachant rouler venant à peine bousculer la hiérarchie, Mikel Landa pourrait être celui qui met un grand coup de pied dans la fourmilière. Son talent en montagne semble largement à même de compenser ses lacunes en chrono, et on en vient à se demander si Movistar, avec Nairo Quintana, n’a pas misé pendant des années sur le mauvais cheval. Avant la fin de son contrat et un probable départ, le Basque a donc une dernière opportunité, cet été, de venir conclure, pour une fois. Son coéquipier colombien n’apporte plus les garanties du passé et il y a un an, à Paris, Landa avait terminé devant lui. Il peut refaire le coup, malgré la hiérarchie, malgré le Giro, malgré tout ce qui joue contre lui. Mais il faudra qu’il soit le Landa de 2017, qui avait perdu la bataille interne mais pointé à une seconde du podium, et pas celui de 2018, dominant chez Movistar mais à plus de cinq minutes du troisième.
Comment le lui en vouloir pour ses ambitions ?? Alors que le leader désigné tirait la grimace sur le Dauphiné avec une anecdotique 9ème place. Bien trop faible comme résultat pour un coureur de sa trempe.
Les belles promesses de début de saison se sont-elles envolées ? Il n’empêche que le phœnix peine à renaître de ses cendres.
Cependant, loin de moi l’idée de jouer les devins, alors la hiérarchie se fera d’elle même après les 1ère étapes difficiles, je pense notamment à celle qui se termine au sommet de la Planche Des Belles filles.
La Movistar a, une année de plus, les clés du camion pour ce Tour.
Très surprenant que vous ne mettiez pas Nibali dans vos propositions. a mon sens il peut être sur le podium, il y a une semaine de plus de récupération depuis le tour d’Italie; d’ailleurs si vous mettez Landa, pourquoi ignorer Nibali ? la faiblesse de son équipe ?
Le fait est que les dix propositions du sondage sont en fait les dix coureurs de notre top 10 – par ordre alphabétique, histoire de ne pas spoiler l’ordre de sortie des articles.
Si Nibali n’y est pas, c’est parce que l’ensemble de la rédaction n’a pas cru en lui pour ce Tour de France. Pour Landa, il est certes dans le top 10, mais de justesse, preuve qu’avoir fait le Giro a pesé malgré tout dans nos pronostics.
en effet comme je le disais a Pardi, il y a deux ans, Landa cartonnait au Giro, deux étapes et le meilleur grimpeur, et faisait 4 sur le tour apres avoir été au service de Froome… donc l’enchainement des tours ne lui fait pas peur. Pour Nibali, a mon sens ce qu’a fait Dumoulin l’an dernier, Nibali peut le faire… Pour la grosse cote, ces deux là sur le podium ça va payer. je ne les vois pas gagner car je joue Bernal. Deux oubliés, qui a mon sens seront là Uran et… Aru pour la dernière semaine
Oui, sauf qu’il était chez Sky quand il a fait Giro-Tour au mieux de sa forme, or on connait la faculté des coureurs de cette équipe à enchaîner les efforts sans fatiguer plus que ça. Il n’est pas dit que ce soit la même chose chez Movistar.
vous avez raison c’est ce qui me fait douter…mais j’ai du mal a voir en Quintana, le plus redoutable adversaire de Bernal
Surtout, quand Landa a fait un grand Tour en 2017, il n’avait pas joué le général sur le Giro, quelques mois plus tôt.
parce qu’il était tombé avec Thomas, et perdu toute chances, mais il gagne deux étapes et le classement de la montagne, et finit le giro en boulet de canon. Maintenant il y a une semaine de plus entre le tour et le giro.
Sur le tour 2017 il avait largement profité de sa présence chez Sky pour gagner du temps via une échappée. Il n’aura pas cette liberté cette année.
je ne m’en souvenais pas ! ça peut changer la donne en effet.
Soit c’est l’homme le plus naïf du monde soit c’est un bel hypocrite, parce-que personne lui a pointé un flingue sur la tempe pour signer chez sky. C’est lui qui a choisit plus d’argent et moins d’ambitions personnelles, personnes d’autre, s’il a fait l’équipier de luxe c’est son choix, pas la peine de venir pleurer des larmes de crocodile ensuite…
Landa me paraît l’un des grimpeurs les plus surcôtés du circuit actuel. Il a un palmarès famélique (comparé à des Pinot, Bardet, Porte, Bernal, sans même citer Froome, Dumoulin ou Nibali) alors qu’il a TOUJOURS été dans des équipes dominantes. Des résultats sans gloire sur les courses d’une semaine, des déception récurrentes en grand tour, rien sur les courses d’un jour… Mais pour une raison mystérieuse il est considéré par un grand nombre d’observateur comme le meilleur grimpeur du monde…