D’Astana à Movistar en passant par Sky, Mikel Landa collectionne les occasions ratées. Le Basque aux formidables qualités de grimpeur a systématiquement buté sur une rivalité interne dans les grands tours. Souvent co-leader avec des collègues plus ou moins prestigieux, il n’a jamais pu jouer pleinement sa chance. C’est encore le cas sur ce Tour d’Italie, alors qu’il pointe à la quatrième place du général.
Une fin de Giro avec le frein à main
Mardi, l’écrémage du peloton a lieu dans le Mortirolo. À six kilomètres du sommet, Vincenzo Nibali pose la première banderille. À l’exception de Hugh Carty, personne ne suit. Derrière, on retrouve Mikel Landa, cinquième au général, qui roule pour son jeune coéquipier et maillot rose Richard Carapaz. Alors qu’il aurait pu se servir de cette attaque pour se rapprocher un peu plus du podium, le Basque est coincé, dans l’obligation de faire le jeu d’équipe et de renoncer à ses ambitions. Il n’avait pas prévu un tel scénario, en témoigne son attitude sur les premiers cols du Giro. Avec Miguel Angel Lopez d’abord, puis grâce à une formidable tactique d’équipe, vendredi dans la montée de Ceresole Reale, il avait opéré un spectaculaire rapproché. « On ne cessera jamais d’attaquer », répétait-il à l’issue du week-end. Mais tout a si rapidement changé. Alors qu’il porte dossard n°1, c’est son coéquipier Richard Carapaz qui prend le maillot rose et toute la lumière qui va avec. Landa est une nouvelle fois pris dans l’étau. Pire, cette fois-ci, celui pour qui il doit bosser n’a pas ses références.
Richard Carapaz qui se mue en nouveau bourreau de l’Espagnol, c’est en effet inattendu. L’Équatorien, malgré sa quatrième place l’an dernier, était davantage perçu comme un lieutenant de luxe pour Landa. La situation est forcément frustrante. Probablement l’un des meilleurs grimpeurs de ce Tour d’Italie, il n’y a en vérité qu’un seul homme qui tienne la comparaison avec le Basque, ces derniers jours, quand la route s’élève. Problème, là encore, c’est Carapaz. Nouvelle impasse. Avec une troisième semaine très montagneuse, Landa endosse ainsi le rôle de gregario. Dans l’incapacité de bouger, l’Espagnol doit ronger son frein, désabusé. La course est devant, lui campe à l’arrière. Même quand il peut se permettre de sortir, à l’image de son offensive mercredi vers Antholz, c’est parce que le maillot rose ne risque plus rien, à seulement deux kilomètres de l’arrivée et entouré d’un duo Roglic-Nibali incapable d’attaquer. Landa reste donc coincé par sa formation pour permettre à un autre de briller. Une position récurrente depuis son début de carrière.
L’histoire se répète
L’histoire avait déjà commencé sur les routes italiennes, lors du Giro 2015. Alors chez Astana, Mikel Landa se retrouve en confrontation avec son coéquipier Fabio Aru. Très proches au général, les deux hommes peinent à définir une hiérarchie. S’attaquant chacun leur tour, la situation est floue. Landa passe même un temps devant le transalpin au général en gagnant deux étapes successivement. Mais Astana finit par choisir : sur le Giro, on mise sur l’Italien, qui tente alors de renverser Alberto Contador, en vain. Landa, lui, regarde. Recruté par l’équipe Sky l’hiver suivant, le Basque se retrouve dans une situation similaire sur le Tour de France 2017. Fort, très fort en montagne, il doit faire le jeu de Chris Froome. A Foix, où il était le mieux placé de son équipe au général, la Sky avait roulé sur lui. Le ton montera avec son directeur sportif Nicolas Portal.
Finalement à une petite seconde du podium à Paris, il avait exprimé ses regrets. « Je suis mécontent. J’ai été freiné dans ma manière de courir. […] J’aurais pu terminer plus haut au classement, d’autant que je n’ai jamais été une menace pour Chris », déclarait-il dans AS après la Grande Boucle. Avant d’ajouter : « Désormais, je ne veux plus répéter l’erreur de venir sur un grand tour en tant qu’équipier. » Il faudra nous expliquer, alors, le choix de signer quelques mois plus tard chez Movistar, où Nairo Quintana et Alejandro Valverde se partagent déjà le leadership. Alors qu’il désirait plus de libertés, Landa se heurte au même problème pour la troisième fois. Il grappille malgré tout un statut de leader sur le Giro 2019.
Sauf que l’éclosion de Carapaz, du moins à ce niveau, n’était pas attendue. Rageant pour Landa, qui explique même, alors que son coéquipier vient de prendre le maillot rose, que les deux larrons de Movistar allaient attaquer à tour de rôle. Étonnante analyse, qui montre une nouvelle fois les difficultés du bonhomme avec la hiérarchie et les stratégies collectives. Mais le Basque, au fond, le sait bien : il doit désormais faire le jeu de son leader. Il n’a plus qu’à attendre une défaillance de son coéquipier pour retrouver le champ libre, et espérer qu’il reste assez de montagne pour combler la grosse minute de retard qu’il a sur Vincenzo Nibali. Dans le cas contraire, il pourra continuer à réfléchir, lorsqu’il fait le tempo pour Carapaz, à la manière de ne pas répéter inlassablement les mêmes erreurs.
Dommage qu’Euskaltel n’existe plus. Il aurait pu être un leader pour cette équipe.
Dommage qu’une équipe Française ne se soit pas positionné afin de le recruter…
Ça aurait été un seconde leader, dans des équipes où il y en a qu’un.
A l’image anciennement d’un Pozzovivo chez AG2R.
En plus ça leur aurais permis de glaner des points UCI après je pense que son salaire doit-être un lourd investissement (en plus au vu de son caractère qui est souvent bien trempé) .
Tout est dit à la fin de l’article. Il doit jouer le jeu de l’équipe vis à vis de Carapaz…tout en espérant un effondrement de ce dernier. Peu probable mais…
Mikel ? Un coureur Landa ? Oh non.
Il est quand même difficile à plaindre, cest un mercenaire qui coure aussi après un excellent salaire, froome quintana ou aru ne sont pas arrivés dans leurs équipes respectives après lui..
mais jaime beaucoup ce coureur il donne toujours l’impression qu une 4eme semaine lui irait bien
Tout à fait d’accord. Je ne comprends pas pourquoi il est parti d’Astana car il semblait certain qu’après cette année 2015 Vino allait lui donner de grandes responsabilités. D’autant que c’est l’équipe qui lui correspondrait le mieux compte tenu du profil du coureur. Mais bon il est parti chez Sky est il a du se plier à la rigidité de cette équipe.
NB: D’ailleurs Landa perdait beaucoup de temps en chrono chez Astana (cf clm giro 2015) ensuite il est devenu très fort sur les chrono chez Sky (cf giro 2016 et clm tdf 2017) puis et redevenu un grimpeur qui prend des débours important en chrono chez Movistar.
Oui, chez Sky tout le monde est fort, sans aucun doute la magie du pédalier ovale et des “gains marginaux” !
Il faudrait surtout que Landa fasse des choix de carrière cohérents et court mieux qu’il ne le fait.
Au vu du débours concédé sur les 2 CLM comparé à Carapaz, je ne vois pas comment il pourrait revendiquer un statut de leader sur cette course.
Ne le plaignons donc pas. L’homme fait ses choix ; il doit les assumer.
C’est affreux ce que tu dis Jojo.
Quand on n’est jamais au bon endroit au bon moment, il y a un peu plus que de la malchance.
S’il veut être leader unique, pourquoi pas proposer ses services à Cofidis qui a des intérêts en Espagne et lui assurera Tour et Vuelta et qui pourra dégager une somme conséquente avec la fin de contrat de Bouhanni.
Il risque de fortement régresser s’il va chez Cofidis. Et avec le salaire que coûte leur sprinter Bouhanni, pas dit qu’l leur reste grand chose.
Ou chez Arkea-Samsic au cas où Quintana ne signerait pas (Ah ah ah). :-)
Un coup de chapeau à Nans Peters et à son attaque opportune et intelligente.Il permet à AG2R qui était la seule équipe Pro Tour à n’avoir rien gagné sur une course World Tour en 2019 à combler cette lacune.
Il a obtenu toujours ses meilleurs résultats en ayant un leader (ou co-leader) à ses côtés, que ce soit Aru, Froome, Quintana ou ici Carapaz. Pour moi il a tort de demander une place de leader unique. Citez-moi une grande performance de sa part en étant leader unique, personnellement je n’en ai pas souvenir
Talent indiscutable; Tot ou tard son heure viendra .