La carrière du bonhomme avait changé, il y a deux ans, sur ce qui s’appelait pour la première fois la Bretagne Classic. En s’imposant sur les routes bretonnes, il avait pris une autre dimension, largement confirmée depuis. Sa deuxième victoire sur l’épreuve, ce dimanche, sera moins déterminante dans sa carrière. Mais elle vient récompenser un coureur qui ne gagne pas autant qu’il le mérite.

En deux ans, un nouveau statut

A l’été 2016, Oliver Naesen est un coureur belge de 25 ans dont on sait peu de choses, finalement. Un coursier élégant sur son vélo, jamais avare d’efforts, mais qui découvre tout juste le World Tour. Deux ans plus tôt, il était encore livreur, chez lui en Belgique, et avait presque fait une croix sur le cyclisme pro. Alors quand il gagne à Plouay, beaucoup le découvrent. Pas Vincent Lavenu, déjà séduit par le printemps du bonhomme et qui en juin, alors qu’il était devenu acté que l’équipe IAM ne poursuivrait pas, lui avait déjà proposé de rejoindre AG2R La Mondiale. Naesen, emballé par le projet, avait tout de suite dit oui. Sa victoire en Bretagne, trois semaines seulement après son premier succès chez les pros, lors de la Polynormande, n’a donc joué aucun rôle dans son transfert. Pourtant, elle a été cruciale.

Elle a validé le choix de Vincent Lavenu et sans doute offert à Naesen un peu plus de responsabilités dès le printemps suivant. Depuis, le Belge est devenu un homme fort d’AG2R La Mondiale, un deuxième leader avec Romain Bardet, étincelant sur les flandriennes en 2017, un peu plus malchanceux cette année, et toujours d’une aide précieuse sur le Tour. A peine un mois plus tard, d’ailleurs, le voilà toujours sur le front. Binck Bank Tour puis Bretagne Classic, le garçon ne s’arrête pas et reste même efficace. Ne lui parlez pas de la fatigue d’une course de trois semaines. Deux ans après s’être révélé aux yeux de beaucoup, il a remis ça et cette fois, ça n’a surpris personne. Échappé une bonne partie de la journée, sous une pluie qui a dû lui rappeler les flandriennes, il n’a pas fait de détail au moment d’aligner Wellens et surtout Valgren au sprint. Comme s’il ne pouvait pas perdre.

Naesen Classic

Dans la cuvette finale, le Belge a lancé de très loin et on a pu le prendre pour un prétentieux. Mais 400 mètres, ce n’était pas trop long pour lui, aujourd’hui. Costaud, fin tacticien dans les deux derniers kilomètres, où il a laissé Michael Valgren prendre la tête du groupe et boucher le trou sur un Tim Wellens optimiste, mais surtout aussi plus déterminé que ses deux adversaires, il n’a pas laissé de place au doute. Le Danois, pourtant rapide au sprint, n’a jamais pu le remonter, jusqu’à ce que Naesen lève sereinement les bras quelques mètres avant la ligne. Un an après avoir abandonné, sur une course où il a donc décroché la moitié de ses victoires chez les professionnels, il a repris le court de son histoire avec ce qui ne s’appelle plus le Grand Prix de Plouay, mais qui pourrait finir par s’appeler la Naesen Classic.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.