Révélation de ces flandriennes, Oliver Naesen confirme les espoirs placés en lui en 2016. A ce rythme là, lui qui se définit comme un « Van Avermaet light » n’aura plus grand-chose à envier à l’original.
Revenu de loin
Pour ceux qui auraient du mal à situer, Naesen, c’était le troisième larron qui, au milieu des deux géants que sont Greg Van Avermaet et Peter Sagan, est allé voir d’un peu trop près les pavés du Vieux Quaremont, à 17 bornes de l’arrivée du Tour des Flandres, dimanche. Comme le Slovaque, le Belge de 26 ans a abîmé sa monture sur le coup, contraint d’attendre une voiture pour s’élancer en quête d’une frustrante 23e place, loin derrière Philippe Gilbert. « Je suis déçu car j’étais un des quatre hommes les plus forts de la course », concèdait-il à l’arrivée, quelque peu dégoûté. Il ne faut pas y voir un orgueil mal placé. En l’espace de quelques mois, le natif de Berlare a prouvé qu’il était bien l’un des plus costauds sur les flandriennes avec une sixième place sur À Travers la Flandre et un podium sur le GP E3-.
La chose n’était pourtant pas gagnée. Le jeune Belge fait partie de ces grands sportifs obligés de passer par des chemins de traverse. A la différence de son compatriote Yves Lampaert, autre héritier de la génération Boonen, il a peiné à se frayer un chemin vers le monde professionnel. En cadets et en juniors, il ne gagne rien et n’attire pas vraiment l’attention des recruteurs. Loin de renoncer à son rêve, Naesen n’a d’autre choix que de prendre un boulot de coursier pour pouvoir subsister. Pendant 18 mois, il enquille quotidiennement huit heures de travail et cinq heures de vélo. Sa persévérance paiera. L’équipe Cibel lui permet de côtoyer les pros sur quelques courses belges et d’en devenir un lui-même en janvier 2015, à l’âge de 24 ans, chez Topsport.
Le temps perdu en amateurs est alors vite rattrapé. Il intègre le World Tour et IAM un an plus tard. Après une saison flandrienne au service d’Heinrich Haussler, Naesen s’émancipe à la fin de l’été où il rafle la Bretagne Classic (ex-GP de Plouay) et prend la deuxième place de l’Eneco Tour. Bonne pioche pour la formation française AG2R qui l’avait signé dès le mois de juillet en vue des classiques des Flandres. Venu sur la pointe des pieds, en outsider, il en ressort comme un leader capable de tenir la dragée haute à Greg Van Avermaet, avec qui il s’entraîne depuis ses années espoirs.
Tiré vers le haut
Leur groupe d’entraînement porte un drôle de nom qui a fait le tour des journaux belges : les « Parelvissers », ou « les pêcheurs de perles » en français. Avec Naesen et van Avermaet, on retrouve que des coureurs vivant près de Berlare comme Preben Van Hecke, Gjis Van Hoecke ou Lawrence Naesen, le frère d’Oliver. Il ne faut pas chercher une grande signification à ce nom. Même eux brouillent les pistes. Un jour, ils déclarent que c’est une référence à un opéra du XIXe, le lendemain ils se contentent de dire que c’est un pseudo comme un autre. Reste que ce contact constant entre coureurs de différentes générations a suscité une émulation chez Oliver Naesen, qui le reconnaissait volontiers dans les colonnes de Vélo Magazine : « Lorsque j’analyse les données des exercices que j’ai réalisés, elles sont toujours meilleures quand j’ai partagé mon entraînement. »
Il n’en fallait pas beaucoup plus pour que le public belge se mette à comparer Greg van Avermaet et Oliver Naesen. Le plus jeune ne réfute pas totalement la comparaison, mais il rappelle qu’il se tient un ton en-dessous, employant l’expression « Van Avermaet light ». Ça serait oublier qu’à son âge, « GVA » en était peu ou prou au même point. Il a même traîné une réputation de « placé jamais gagnant » jusqu’à récemment. Désormais, Oliver Naesen a donc compris qu’il n’avait plus à nourrir de complexes. Sur Paris-Roubaix, dernier gros objectif du printemps, le Belge d’AG2R essaiera d’obtenir un meilleur classement qu’en 2016 (13e).
Jusqu’ici, il est plutôt en réussite sur le sol français. De son propre aveu, ses qualités correspondent mieux à l’Enfer du Nord qu’au Tour des Flandres. La chute subie sur le Vieux Quaremont est déjà oubliée. Par chance, il ne lui en reste aucun stigmate. « Roubaix est rendez-vous que je ne peux pas manquer, assure t-il à la RTBF. Je serai au moins aussi fort qu’au Ronde, c’est à dire au niveau des meilleurs. Je peux même jouer la victoire. » Il n’y a plus qu’à la pêcher.