Ce jeudi sur Paris-Nice, Jérôme Cousin a remporté l’étape en se jouant de Nils Politt, son compagnon d’échappée. En roublard, le Français l’a forcé à rouler jusqu’au bout pour finalement le déposer dans les 200 derniers mètres. Alors, a-t-il été malin ou a-t-il couru sans penser une seconde au fair-play ?

Il a été malin par Robin Watt

« J’ai un peu joué avec ses couilles comme on dit », reconnaissait Jérôme Cousin à l’arrivée de Sisteron. Mais c’est le jeu. Plus que ça, c’est même en partie l’essence du cyclisme. Un monde où le plus fort remporterait chaque étape, est-ce vraiment ce qu’on veut ? Sûrement pas. La tactique, la stratégie, cela doit rentrer en ligne de compte. Plutôt que de tomber sur le Français pour son manque d’investissement dans le final, ce jeudi, on pourrait saluer la façon dont il a parfaitement manœuvré. Convaincre Politt de prendre tous les relais était risqué, mais le coup de poker a fonctionné. L’Allemand, au passage, a bien voulu se faire piéger : personne ne lui a mis le couteau sous la gorge pour appuyer sur les pédales. Cousin, lui, a transformé le coup de poker en coup de génie.

Equipier modèle partout et tout le temps depuis son passage chez les professionnels, en 2011, le Français a vu se profiler une potentielle victoire d’étape sur Paris-Nice. On peut lui tirer notre chapeau pour avoir su garder sa lucidité dans un moment pareil. Combien, pas habitués à se retrouver dans ce genre de situation, auraient endossé le costume de Nils Politt, celui du battu ? « Je ne l’ai pas volé », répétait Jérôme Cousin après le podium protocolaire. Bien sûr que non. Il a roulé toute la journée, et a simplement fait ce qu’il fallait, dans les derniers kilomètres, pour gagner. On ne peut donc pas d’un côté parler du vice de certains coureurs avec admiration et ne pas en faire autant cette fois-ci. Katusha peut s’en vouloir, mais nous, on ne doit pas en vouloir à Cousin, qui a mérité sa victoire.

Il n’a pas été fair-play par Baptiste Allaire

Non, Jérôme Cousin n’a pas été très fair-play hier. Le dire n’est pas un affront à sa victoire, ni même à sa personne. « Je ne voulais pas être le généreux qui se fait avoir. » Sa réaction est évidemment, parfaitement compréhensible. Seulement voilà, laisser son compagnon d’échappée assumer à lui seul le travail dans les derniers kilomètres, avec le peloton aux trousses, pour mieux le sauter sur la ligne, n’est pas la victoire la plus héroïque de ce Paris-Nice.

Mais après tout, le Français n’est pas le premier à gagner de cette manière, et ne sera pas le dernier. Les plus pragmatiques des suiveurs expliqueront que le coureur de Direct Energie a tout simplement profité du travail du naïf Nils Politt – avec raison. Mais de la même manière, Jérôme Cousin a pris le risque de perdre toute chance de victoire (si Politt avait arrêté de rouler) pour une maigre chance de victoire. Oui, l’histoire lui a finalement donné raison, le Français a finalement dupé l’Allemand. Mais le battre au sprint à la loyale, après une belle collaboration, aurait été une encore plus belle victoire pour Jérôme Cousin.

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