
La grisaille française
Nous étions plein d’espoir avant ce Paris-Roubaix. Les Français avaient rassuré, Arnaud Démare en tête. On avait même fait du Picard l’un des favoris de la course. A l’arrivée, la déception fut grande. Marc Sarreau, 26e et premier tricolore, a tout juste sauvé l’honneur.
Démare, le jour sans
« Il ne faut jamais rien attendre de Paris-Roubaix. » Les mots de Démare, à l’arrivée, sont un bon résumé de sa journée. Il s’y était pointé dans la forme de sa vie, au terme d’une campagne de classiques très réussie. Mais ça n’a pas suffit. « Ça fait deux mois que tout va, que tout roule, et ce (dimanche) matin, j’avais vraiment de grandes ambitions. » Mais les jambes n’étaient pas au rendez-vous. Quelques pépins ont gêné le champion de France en début de course, comme cette roue qu’il a cassé et n’a pu changer qu’au bout de plusieurs kilomètres. Mais dès l’entrée sur les pavés, et encore plus sur la Trouée d’Arenberg, on a compris qu’il n’était pas dans le match. Il a fait l’élastique plusieurs fois, avant de céder complètement à un peu moins de 80 kilomètres de l’arrivée. La journée est à oublier.
Laporte, le coup de pompe
Il a impressionné pendant un bon moment. Dans une course durcie très tôt, où les équipiers ont rapidement été éjectés, il était lui bien présent. Puis dans le secteur d’Orchies, à 60 bornes de la ligne, il a craqué, d’un coup. On a d’abord cru à une crevaison ou à un autre problème technique, mais il s’agissait en réalité d’une défaillance soudaine, alors qu’il semblait à l’aise jusque-là. Comme d’autres, c’est la distance qui lui a fait défaut. Son abandon, une semaine plus tôt sur le Tour des Flandres, n’a sans doute pas aidé, même si son printemps avait jusque-là été de très bonne facture.
Gaudin, Petit et Chavanel, la poisse et la distance
Chez Direct Energie, on misait sur trois hommes capables d’entrer dans le top 10, voire un peu mieux. Malheureusement, le mieux classé, Adrien Petit, a terminé 46e. « Je m’y attendais un peu, déclarait-il à L’Equipe à l’arrivée. Je craignais le cap des 200 kilomètres, étant donné que je n’avais pas fait beaucoup de courses au-delà de 200 bornes. Je n’ai pas fait le Tour des Flandres et Gand-Wevelgem, des courses de plus de 200 kilomètres. Il n’y a pas de secret. » Damien Gaudin a été confronté au même problème, qu’il avait plus ou moins anticipé dans nos colonnes, avant qu’une crevaison le contraigne finalement à abandonner, 60 kilomètres avant Roubaix. Enfin, Sylvain Chavanel, qui disputait peut-être son dernier Paris-Roubaix, a rapidement été miné par des crevaisons au mauvais moment, et n’a jamais pu revoir la tête de course.
Turgis, la belle première
A 19 ans, Tanguy Turgis était le benjamin de l’épreuve. Et il a réussi à terminer. Pendant un bon moment, il s’est même accroché au groupe des meilleurs, tirant la langue mais tenant bon, au gré des accélérations puis des moments un peu plus reposants. Quand la course s’est véritablement lancée entre les favoris, il a logiquement décroché, mais s’est battu pour finir en compagnie de son frère Jimmy sur le vélodrome. Il est d’ailleurs le plus jeune finisher de l’Enfer du Nord depuis plus de cinquante ans.
Sarreau, le sauveur
Pour les stats, on peut dire merci à Marc Sarreau. Il était le septième homme de la FDJ, pas vraiment prévu dans la garde rapprochée de Démare, mais rajouté au dernier moment suite à ses très bons résultats des derniers jours. Et c’est finalement lui qui a tenu le plus longtemps. Décroché dans le final, il termine malgré tout 26e et premier français. Au cours des 116 Paris-Roubaix disputés jusqu’ici, c’est la deuxième fois qu’il faut remonter aussi loin pour trouver trace du premier tricolore : Emmanuel Magnien, déjà un coureur de la Française des Jeux, avait occupé la même position en 1999.
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19 Commentaires sur "La grisaille française"
Turgis a quand meme attaqué à un moment ou il n y’avait plus grand monde dans le peloton!
Mais bon, j’espère qu’il va vite partir dans une vraie équipe parce qu’on les connait les très bons jeunes français qui finissent par disparaitre de la circulation (Kevin Ledanois dernier en date).
A rajouter aussi le naufrage des dernières étapes du Tour du Pays Basque.
Le cyclisme français a encore du chemin à faire. Il n’y a qu’à chercher à quand remonte la dernière victoire française dans chaque grande course, en dehors des victoires d’étape, à part l’exception du Milan San Remo 2016 de Demarre, bien isolé dans le désert des victoires tricolores.
En fait la dernière rafale de grandes victoires françaises ( 5 dans l’année) remonte à 1997, vous savez, l’année -1 avant Festina story, incroyable non?
je ne sais que penser de la présence de Turgis ( 19 ans ) sur Roubaix; N’est t’il pas trop jeune ? a le voir on dirait un gamin en plus ! mais il à été valeureux.. Est ce que l’on grille ces jeunes en les envoyant sur ce type de course ? j’avoue ne pas trop savoir, mais peut être qu’ au regard de la triste actualité , ça inquiète.
De plus, je viens de le voir inscrit sur la « Flèche Brabançonne » de demain? Erreur d’infos ou erreur du staff Vital???
Oui, voir un « gamin » de 19 ans sur le Paris-Roubaix, même après la magnifique course qu’il a réalisé, cela m’inquiète plus que cela ne me réjouis !… Et effectivement, il doit apparemment courir la « Flèche » demain et… enchaîner avec « l’Amstel » (voir interview sur le site de « direct vélo ») ! N’y a-t-il donc pas d’autres coureurs dans cette équipe ?
on n’attends trop des Français. Je ne partage pas l’opinion de Hinault, qui les critique a tour de colonnes. Aujourd’hui la concurrence des nationalités n’a rien à voir avec son époque Il y a un Alaphilippe, a un degré moindre Bardet , mais y ‘en t’il vraiment plus en Espagne ? aux Pay Bas ? en Italie , ils ont tous deux ou trois espoirs de grand champions .Dans les pays historiques du vélo la Belgique est la mieux pourvue en futurs cracks, mais c’est tout, et encore sur les courses d’un jour .
Tout à fait d’accord. On attend peut-être trop des français sur ce type de courses. Et puis ils sont comme les autres, des fois ça passe et on les encense (tant mieux) et des fois ça ne passe pas et on les descend, malheureusement comme Mr Hinault… qui « oubli » effectivement qu’à « son époque » beaucoup moins de nations étaient présentes (américains, australiens ou colombiens étaient alors de vraies « bêtes curieuses » qui commençaient pourtant déjà à… gagner ! Et ne parlons pas des britanniques, des africains, des tchéchoslovaques ou même des norvégiens (comme Boassen Hagen ;) !). Allez, leur tour (re)viendra ! Comme celui des italiens ou des espagnols ! En attendant, quelles que soient leurs « origines », ils nous offrent tous de magnifiques courses !
tout a fait d’accord ! il me semble que Calmejane pourrait tenir le coup, sa progression est linéaire. Quid d’un Gallopin , on dirait qu’il coince depuis deux ans… pour moi Démarre est a sa place , et peut gagner un Roubaix sur le tard; Par contre , on n’ a encensé trop vite des garçons comme Coquard, ou Bouhanni que l’on paye peut être trop vitre royalement ! ont t ils toujours faim ? bon là je fais un peu vieux C… en même temps c’est ce que je suis
Je suis une vieille conne donc je te comprend^^
Pour Gallopin pour moi il a fait l’erreur que d’autres ont fait auparavant. Il profite d’être « juste » un outsider pour gagner 2-3 belles courses et il fait un super Paris-Nice, du coup il croit (ou son équipe croit) que ca veut dire qu’il est au niveau des meilleurs et donc il se met à viser les CG, à délaisser les échappées et donc à la jambe il arrive pas à gagner parcequ’il peut pas battre les meilleurs à la régulière. P’tet que ca le fait un peu déprimé d’ailleurs, se battre pour les top 10 c’est pas très enthousiasment.
Pour Démare je suis d’accord il peut gagner un Paris-Roubaix, il est dans le groupe des gros outsiders avec Vanmarcke, Stuyven, Lampaert etc… et donc il peut faire le gagner une année. Je pense juste que c’est pas sûr, pas comme un Sagan où on était sûr que d’ici la fin de sa carrière il le claquerait à un moment.
J’ai quand même l’impression qu’il manque un peu de caisse sur les Flandres et Paris-Roubaix pour gagner si la course est difficile.P’tet qu’il va encore en gagner d’ici ses 30-31 ans
Personnellement je crois pas du tout à l’effet « première années en world tour ». Certain arrive a maturité plus tard que d’autres, beaucoup des meilleurs coureurs qu’on a aujourd’hui on pas eu des gros résultats dés leurs début, pinot a commencé par avoir des joli resultats mais sa révélation sur le tour c’est sa 3eme années pro. Bardet pareil.
L’exemple le plus parlant des mecs qui a commencer a tout casser dés son arrivée en pro, c’est quand même sagan, on peut pas dire que le mec se soit arrété de gagner par la suite.
Je pense vraiment que c’est différent pour tout le monde, en revanche je pense que certain on moins de marge de progression, on le voit pour quitnana.
Gaudu, perso j’y crois vraiment. je l’ai suivi en bagnole sur une reco du tour de l’avenir dans les alpes, il est vraiment fait du meme boi que les plus grand dans ce registre j’en suis persuadé.
Coquard qui est étonné de ne pas faire le Tour. Barguil déçu de ne pas aller à la Vuelta! Une partie du mal français ne vient’il pas de là?
Des bons coureurs courtisés par les équipes World Tour et qui choisissent de signer dans de sympathiques équipes régionales qui en 2018 n’ont pas pu encore gagner une simple manche de coupe de France. Il ne fallait pas avoir bac +5 pour savoir que ces équipes auraient du mal à être acceptées dans le circuit du World Tour.. Bouhanni a fait le même choix d’être le seigneur d’une équipe de 2ème division. Benoot n’a pas signé chez Wanty, Aru n’est pas allé chez Bardiani et Solers n’a pas rejoint Caja Rural! Les continentales pro sont un bon tremplin pour les jeunes espoirs ou bien un refuge pour des coureurs en fin de carrière comme Chavanel, mais il n’est pas possible de faire une carrière de haut niveau international en leur sein avec la concurrence de 18 équipes World Tour. Et Calmejane à mon avis va devoir y penser sérieusement.
vous avez raison pour Calmejane ! il faut qu’il parte très vite; je crois en ce coureur c’est un attaquant ; ne le portons pas trop vite aux nues ( d’abord parce qu’il ne doit pas être lèger ! )
S’il a un profil d’attaquant autant rester en Conti pro.
oui mais s’il veut être sûr de faire toutes les grandes épreuves du calendrier !!!