Comparaison n’est jamais raison. Néanmoins en voyant débouler Marcel Kittel dans les rues de Bergerac il y a une heure, une question s’imposait. A-t-on déjà vu un sprinteur aussi dominant sur le Tour de France ? Le débat est lancé.
Oui, c’est déjà le plus grand par Théo Sorroche
L’Allemand est incroyable, presque indécent. Aujourd’hui, il met trois vélos d’écart entre lui et son dauphin John Degenkolb. Pourtant, Kittel était loin, très loin, à 400 mètres de l’arrivée. Mais sa surpuissance a parlé, et Kittel est allé décrocher un treizième succès sur le Tour. Un de plus qu’Erik Zabel, Mario Cipollini ou Robbie McEwen, quatre de mieux qu’Abdoujaparov. À 29 ans seulement, Marcel Kittel est déjà une légende du sprint. Mieux, il est pratiquement invincible quand vient le moment d’en découdre. L’Allemand a été en mesure de disputer dix-huit sprints sur le Tour dans sa carrière. Il en a remporté treize. Un ratio de 72 % de victoires. Pour comparer, le dernier roi du sprint, Mark Cavendish, a remporté trente des cinquante-cinq sprints qu’il a pu disputer. Soit 55 %, pratiquement vingt points de moins. Un monde.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le Cav’ gagne moins depuis quatre ans (seulement sept victoires). Cette année, Marcel Kittel a confirmé cet état de fait en gagnant chaque sprint qu’il a entamé. Monstrueux. Et ce n’est pas fini, en plus du maillot vert, il pourrait remporter huit victoires cette année et égaliser le record partagé par Freddy Maertens, Eddy Merckx et Charles Pélissier. De quoi marquer un peu plus l’histoire. Alors oui, il n’a pas – encore – autant de victoires que Mark Cavendish ou Freddy Maertens. Pour être honnête, il ne dépassera même sûrement jamais le Britannique. Oui, Marcel Kittel n’est pas capable de serpenter pour surprendre dans les derniers mètres, il n’est pas en mesure de remporter des sprints très courts et il lui arrive trop souvent de manquer l’emballage final. Mais, à une époque où le sprint est à son apogée, l’Allemand est pratiquement invincible dans les arrivées propres et bien lancées, quand tout le potentiel physique du sprinteur peut s’exprimer. Pas un hasard.
Non, il ne l’est pas, par Baptiste Allaire
Marcel Kittel, meilleur sprinteur de tous les temps ? Laissez-moi rire. Oui, l’Allemand a été impressionnant aujourd’hui, mais sans concurrence, c’est plus facile. John Degenkolb, lourdement tombé une semaine plutôt à Vittel, fait deuxième, et Rüdiger Selig, poisson-pilote chez Bora, termine quatrième. Les Alexander Kristoff, Nacer Bouhanni et autres outsiders sont loin de leur véritable niveau. Les vrais adversaires de Kittel, Arnaud Démare, Peter Sagan, Mark Cavendish n’ont pas passé la première semaine. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Mais les absents ont toujours tort, me répondrez-vous. À mon tour, je vous rétorquerais que les chiffres parlent : Kittel a gagné treize fois sur le Tour de France. Mark Cavendish en est à trente victoires, soit deux fois plus. Il y a aussi André Darrigade (22 victoires) ou Freddy Maertens (15 victoires) devant l’Allemand. Bref, une sacrée concurrence.
Avant de dominer l’histoire du sprint mondial, il faut déjà être incontestable dans son pays : or le coureur de Quick-Step vient tout juste de dépasser le record sur le Tour des douze étapes d’Erik Zabel, illustre sextuple maillot vert. D’ailleurs, puisqu’on en parle, Kittel n’a jamais ramené la tunique de meilleur sprinteur à Paris. L’Allemand est donc loin, très loin d’être le meilleur sprinteur de tous les temps… Pour l’être, Marcel Kittel devrait peut-être briser sa figure trop lisse : oui, il est un beau vainqueur, mais il n’est pas adulé ou détesté, comme tout grand sprinteur. Un Cavendish avait et a toujours ses détracteurs, comme Cipollini en son temps. On se souviendra du Britannique parce qu’il ne laissait pas indifférent. Kittel beaucoup plus. Alors le placer devant tous les grands sprinteurs qui ont marqué le Tour, c’est oublier son histoire de la Grande Boucle.
“il pourrait remporter huit victoires cette année ” Kittel ne passe pas une bosse, ça veut dire ce que ça veut dire sur le parcours…
ça serait une erreur de penser que la popularité du tour est immortel.
je suppose que la question est volontairement provocatrice ! je rejoins Baptiste ou sont ses adversaires ? et puis c’est un peu tôt pour faire un bilan étant donné qu’il doit être à la moitié de sa carrière . Le vrai débat pour moi c’est.: Quelle utilité ces étapes de plat ? qu’il y en ai quelques une pour satisfaire les sprinteurs ok mais là c’est quasiment 9 étapes promises au sprinteurs . On pourrait quand même prévoir quelques bosses sur la fin pour donner quelques chances aux baroudeurs et même donner des opportunités a ceux qui visent le CG. .ou ne pas en aligner deux ou 3 à la suite. Les étapes sont sans surprises, même celles de montagne, a quelques exception près ( celle de dimanche par ex ) Aucune possibilités de déstabiliser les leaders hors la montagne. .Enfin pour revenir a votre question que valent les 30 victoires de Cavendish, ou celles de Kittel par rapport a celles de Merckx acquises avec la manière. et a un degré moindre celles de Sagan Quelqu’un peut t’il me dire si un jour Kittel ou Cavendish ont joué la gagne hors un sprint ? Essayons au moins de casser les… Lire la suite »
Bien vaste débat ! Sur le fond je suis relativement d’accord avec toi, mais il en faut pour tout le monde. Dans certains pays ou la culture vélo est moins implanter que chez nous, le sprint est l’attrait principal du Tour !
Cette année, le Tour est un poil déséquilibrer, je te l’accorde. Peut-être que deux arrivées difficiles de plus auraient convenu. Pour moi le ratio idéal serait par tiers : sprint (6) vallons et moyenne montagne (3+3) et haute montagne (6). Avec un bon gros chrono pour obliger les moins bons rouleurs à tenter des choses quand ça monte !
oui c’est un bon ratio , il faut des étapes pour les sprinteurs, mais peut être plus espacées. Et puis ça ne doit pas être difficile de trouver quelques bosses en fin de course, pas nécessairement une arrivée en côte, mais au moins des étapes vallonnées
vous noterez que même les coureurs s’ennuient , ils le disent souvent
ces étapes ne servent a rien même pas à user les coureurs
A : “Oui il est le plus grand sprinteur ”
B : “Non il n’est pas le plus grand sprinteur”
Désolé mais même si le fond de ces articles est bien je déteste la manière dont ils sont présentés
Bonsoir Lance,
Nous comprenons ta réaction, nous allons essayer de nous en expliquer.
Le but de cette présentation est triple :
– Changer de format de temps en temps
– Aérer le propos (vous remarquerez qu’il ne s’agit pas de dire Oui ou Non, Pour ou Contre etc… mais de présenter sous un autre angle à l’aide d’échos ou de chiffres la performance, le geste ou le choix… d’un coureur ou d’une équipe)
– Et bien-sûr le plus important, vous faire participer, vous faire débattre avec nous. Tous les articles ne prêtent pas à commentaires donc de temps en temps, on en lance un (légitimes ou provocateurs, comme ce dernier)
Merci de nous lire malgré tout. Avec trois à quatre papiers par jour, il y en a pour tout le monde, du moins nous espérons.
Signé : Jan Ullrach.
Je serais bien incapable de répondre à cette question . J’ai l’impression qu’il y a un peu de vrai dans les 2 avis mais aussi des propos un peu excessif . Il est quand même bien difficile de comparer les époques . Le cyclisme des années 50 D’andré Darrigade n’a sûrement rien à voir avec celui de 2017 . Il y a un an on reprochait à Kittel son manque de victoire sur le tour , cette année il en remporte 4 en une semaine et on lui reproche le manque de concurrence ! Personne n’a déconsidéré les victoires de Cavendish sur le tdf en 2016 sous prétexte que Kittel n’était pas au top . L’allemand n’y peut rien si Kristoff ou Greipel ne sont pas à niveau . Ce n’est pas de sa faute si Sagan à commis une bourde et que le Cav a chuté et encore moin si Demare n’a pas pu finir l’étape de haute montagne dans les délais . “A vaincre sans péril on triomphe sans gloire ” cette phrase aurait aussi été applicable lors de la victoire de Demare vu que ses principaux rivaux n’ont pu pour des raisons diverses participer au sprint mais… Lire la suite »
sur le fond c’est vrai, on ne peut pas comparer les générations, mais pour moi Kittel est un grand coureur,, ce n ‘est pas un champion . C’est peut être subtil comme distingo, mais si Kittel gagnaient avec la manière et surtout dans différents contextes, je serais épaté, mais , ou est t’il Kittel dans une classique, même une semi classique … nulle part…. Un exemple a contrario, Gaviria dans Paris Tours l’année dernière ça vous avait de la gueule , et pourtant c’était un sprint massif, mais y ‘avait la manière. Citez moi une course que kittel a gagné seul, sans équipiers et je ne parle même pas échappé !
Hahaha, je n’ai rien contre Kittel, c’est le jeu du débat. Tous les deux, nous prenons des avis très tranchés mais en réalité on sait faire la part des choses !
Quant à l’image lisse, c’est surtout que – à mon avis – le plus grand sprinteur du monde doit être un coureur dont on se souviendra dans 20, 30 ans au moins. Kittel est un homme très sympathique et je ne lui demande pas de changer ! Je dis seulement qu’on a tendance à se souvenir plus facilement d’un sprinteur comme Cavendish, qui extériorise beaucoup ses émotions, qu’un Kittel plus mesuré !
Voilà tout, bonne soirée Pat !
Je ne peux pas répondre à cette question. Des grands sprinteurs il y en a eu beaucoup. Mais le scénario des courses a tellement changé ! Quand Darrigade, Van Loy etc. gagnaient sur les tours c’était vraiment à la pédale et souvent en animant les échappées. Ils payaient plus de leur personne et n’avaient pas peur de prendre des risques pour gagner. On ne peut pas comparer Kittel, certes excellent, à ces gens là qui font partie de la légende du tour. Les étapes de plat actuelles sont d’un ennui mortel cette année et B Hinault a dit qu’il faudrait des gars pour faire “péter tout ça” (le peloton) et pas seulement au départ de la course. Offredo cet après midi disait poliment qu’il ne comprenait pas trop les équipes qui ne prenaient pas leurs responsabilités. Bon le consensus pour une course programmée et fade semble maintenant être la règle. C’est dommage ! Je note aussi que toutes les étapes hors montagne, se sont réglées par un sprint massif, le parcours ayant offert peu de reliefs vallonnés : Je trouve qu’une arrivée à Liège aurait mérité mieux en fin de parcours, tout comme l’étape d’aujourd’hui qui aurait pu comporter un… Lire la suite »
Bon du coup le sujet dérive un peu, mais quand on voit la différence aujourd’hui entre le Giro et le TDF on peut se demander comment les organisateurs du Tour continuent-ils de faire les mêmes erreurs années après années. Le Giro arrive parfaitement à faire le mélange entre des étapes pour sprinteur, des étapes vallonnées, des étapes de haute montagne et des étapes un peu mythique qui ne laissent jamais indifférent (soit par leur histoire, soit par le paysage/le lieu, soit par le profil). Sur le Giro honnêtement je m’ennuie rarement, et ce n’est pas uniquement parce que le plateau des coureurs est moins prestigieux que sur le TDF (hormis sur le sprint où il manquait certains sprinteurs, on y retrouve quand même l’élite des coureurs dans quasiment chaque catégorie).
La question est plus complexe qu’on pourrait le penser au départ. Cela nous oblige à définir ce qu’est un sprinteur, et bien sûr chacun a sa propre réponse. Je vais essayer modestement de participer en proposant ma vision personnelle. Les qualités exigées sont nombreuses : force, vélocité, explosivité, sang-froid, équilibre, agilité, placement en course, coup d’oeil, autorité… Un grand sprinteur est pour moi celui qui sera capable de gagner dans des situations variées, ou capable de renverser une situation compromise. Aussi sympathique que soit Marcel Kittel, j’ai eu l’impression en particulier cette année qu’il a compensé des erreurs de placement par une puissance exceptionnelle. Cela permet de gagner, d’autant plus que ses adversaires les plus redoutables ont disparu ou ne sont pas au mieux. Par contre, je préfère l’agilité et le sens de la course de coureurs comme Sagan qui naviguent dans un peloton, remontent ou se replacent en prenant la bonne roue, “flairent” la course. C’est plus spectaculaire que de remonter 10 coureurs dans les 200 derniers mètres parce qu’on a la puissance pour cela, et réparer les erreurs des minutes qui ont précédé. Je trouve que Kittel mise trop (tout ?) sur cette puissance, et cela en fait… Lire la suite »
Absolument d’accord avec votre analyse