Un grand sprinteur, dit-on, se doit de remporter Milan-Sanremo. Marcel Kittel ne s’était jamais vraiment penché sur la Primavera jusque-là, mais a décidé d’innover cette saison. D’habitude si peu à l’aise dans les bosses, le garçon veut découvrir la classique italienne et son Poggio. Il ne gagnera sans doute pas cette année, mais peut prendre rendez-vous.

Rendez-vous immanquable

L’hiver n’a pas été simple pour Kittel, qui a dû digérer son transfert. Cela semble avoir été fait depuis quelques jours, l’Allemand ayant décroché sur Tirreno-Adriatico ses deux premières victoires de la saison. Huit mois après son dernier succès, en juillet dernier sur le Tour de France. Une éternité pour un sprinteur de son calibre. « Huit mois ? Vraiment ?, s’étonnait-il en conférence de presse. Cela fait un bon moment. » Mais voilà la machine débloquée. Et forcément, ça donne des idées, comme venir sur Milan-Sanremo pour la première fois de sa carrière. Ces dernières années, même lorsqu’il était le sprinteur le plus dominant du circuit, l’Allemand ne cochait pas la Classicissima dans son calendrier. Chez Quick-Step, il n’y avait pas de place pour un sprinteur dont on ne sait pas s’il passera ne serait-ce que la Cipressa. Chez Katusha, le champ des possibles s’est élargit.

Là où Kittel veut aller, en somme, Kittel va. Rendez-vous donc a été pris sur Milan-Sanremo. « Je pense qu’un sprinteur doit être au départ de cette course une fois dans sa carrière », a-t-il souligné. On ne le contredira pas là-dessus. Ses détracteurs sont nombreux. Kittel ne passerait pas une bosse, ne gagnerait jamais une classique et serait incapable de s’imposer sans l’aide d’une armada autour de lui. Tout ça n’est complètement faux. Mais en allant disputer la Primavera, il s’ouvre de nouveaux horizons et montre qu’il voit plus loin que les étapes de grands tours. Oui, il va sûrement en baver dans les capi, puis dans la Cipressa et le Poggio. Oui, il n’y a quasiment aucune chance qu’il s’impose sur la via Roma. Mais il le sait et ne se voit pas plus beau qu’il ne l’est. « J’y vais pour apprendre parce que j’ai aucune idée d’à quoi ressemble la course », reconnait-il.

L’exemple du Cav’

Alors bien sûr, novice ne veut pas forcément dire touriste. En 2009, Mark Cavendish découvrait Milan-Sanremo, et il l’avait remporté. Est-ce vraiment si différent pour Marcel Kittel cette année ? Les inconnues sont nombreuses : la façon dont il gèrera la distance, la physionomie de la course, sa capacité à tenir déjà jusqu’au Poggio, à se placer, à s’accrocher dans les pentes les plus coriaces. Sa cote sera malgré tout très élevée. Mais il vient surtout prendre des informations pour la suite. Un sprinteur doit venir au moins une fois sur la Primavera, dit-il à qui veut l’entendre. Mais pour être un grand sprinteur, il faut faire un peu plus que simplement prendre le départ, et Kittel le sait. Or dans quelques années, il ne veut pas juste pouvoir dire qu’il est venu. Il veut pouvoir dire qu’il a gagné.

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