L’histoire prend des airs de canular, mais il n’en est rien. Quelques jours après l’annonce du forfait de Chris Froome pour le Tour de France, Geraint Thomas a chuté à son tour, sur les routes suisses. Son état reste pour le moment incertain, même si son mois de juillet n’est pas menacé. Chez Ineos, on croise désormais les doigts pour qu’il n’arrive rien à Egan Bernal.

Chacun son tour

C’est avec la boule au ventre que l’encadrement de l’équipe Ineos va vivre les dernières étapes du Tour de Suisse, cette semaine, tant la poisse semble frapper la formation britannique sans se lasser. Après Chris Froome, victime d’une très grave chute sur le Dauphiné, qui a dû faire face à de multiples fractures et déclarer forfait pour le grand rendez-vous de l’été, c’est Geraint Thomas qui a chuté ce mardi, laissant craindre, pendant plusieurs minutes, pour sa participation au Tour de France. Finalement, le Gallois, maillot jaune sortant, s’en tire bien mieux que « Froomey » : lui n’a rien de cassé et son abandon, en Suisse, n’est vraisemblablement qu’un contretemps dans les ultimes semaines de sa préparation pour la Grande Boucle. « Geraint Thomas s’est blessé à l’épaule et à l’œil droit (…) mais n’a subi aucune autre blessure », indiquait l’équipe Ineos dans la soirée, expliquant qu’aucune fracture, surtout, n’était ressortie des scanners passés par le coureur.

Un diagnostic rassurant, qui concordait avec les images diffusées dans l’après-midi. D’abord recroquevillé au milieu de la route, « G », comme il est surnommé par ses coéquipiers et ses directeurs sportifs, discutait ensuite quelques minutes avec les médecins et les membres de l’équipe Ineos, avant de retirer son maillot, seul, un mouvement difficilement possible en cas de fracture de la clavicule. Mais on aurait tort, c’est certain, de faire aveuglément confiance à notre impression devant la télévision, ou à des communiqués de presse savamment réfléchis. Cacher la stricte vérité, avec une communication volontairement optimiste, malgré une situation compromise, peut aussi être une stratégie, et chaque mot provenant de Dave Brailsford ou d’un autre membre de l’encadrement se doit d’être pris avec des pincettes. Les Britanniques ont tout intérêt à faire croire, jusqu’au bout, que Geraint Thomas sera de la partie sur le Tour de France, et en pleine possession de ses moyens. Qu’importe, finalement, que ce soit le cas ou non.

Prier pour Bernal

Au départ de Bruxelles, seuls Thomas et son équipe connaîtront donc son état de forme. Il a goûté au bitume avant même l’arrivée de la montagne, prévue plus tard cette semaine, et son dernier col grimpé en compétition restera la montée vers Torgon, en Romandie, le 4 mai. Chez Ineos, on doit donc prier très fort pour qu’Egan Bernal, prévu dans un rôle de troisième homme il y a encore une semaine et qui pourrait terminer avec le statut de n°1, ne soit pas lui aussi pris dans une chute. Il reste cinq étapes, sur les routes helvétiques, largement assez pour faire monter le stress. Dave Brailsford doit se dire, malgré tout, que le Colombien a déjà eu son lot de malchance, projeté à terre à l’entraînement, il y a un mois et demi, et qui avait déclaré forfait pour le Giro. Ces chutes, pas anodines, semblent bien le seul obstacle au bon déroulement du plan d’Ineos. Bernal devait être le favori en Italie, Froome et Thomas en France. Mais tout a déraillé à une vitesse folle.

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