Si Gary Lineker était monté sur sa bicyclette au lieu d’enflammer les tribunes du Filber Street de Leicester, le footballeur anglais aurait certainement tiré la conclusion suivante : le cyclisme est un sport individuel, et à la fin, c’est toujours un Quick-Step (Deceuninck ou Etixx selon les sponsors) qui gagne. Encore plus quand il s’agit des classiques belges. Avec la victoire ce dimanche de Bob Jungels sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne, les hommes de Patrick Lefevere ont remporté ce week-end les deux premières flandriennes de la saison.
Les maîtres du tableau noir
Hier, Zdenek Stybar avait faussé compagnie à ses compagnons d’échappée à moins de deux kilomètres de l’arrivée pour s’imposer en solitaire sur le Het Nieuwsblad. Aujourd’hui, bis repetita pour les Deceuninck, avec cette fois Bob Jungels dans le rôle du Tchèque, parti lui à une quinzaine de kilomètres du but. Le Luxembourgeois n’était pourtant pas l’un des principaux favoris sur un parcours tracé pour les sprinteurs. Son équipe non plus, d’ailleurs : sans grand sprinteur parmi ses sept coureurs sélectionnés, les chances de victoire de l’équipe belge paraissaient minimes. Mais voilà, les flandriennes sont le royaume des Deceuninck – Quick Step. Quand la pluie et le vent se mettent à frapper le pavé, c’est automatique, vous retrouvez forcément quelques maillots bleus devant, prêts à enflammer la course.
Et cette fois encore, ça n’a pas manqué. Lorsqu’à soixante kilomètres de l’arrivée, Jungels est sorti dans le Varenstraat, accompagné de quatre coureurs, tout le peloton le sent : le coup est dangereux. Malgré les efforts des équipes de sprinteurs, le groupe de cinq réussit à conserver une poignée de secondes jusqu’à quinze kilomètres de la ligne. C’est là que la démonstration Deceuninck commence. D’abord, Jungels s’isole devant et envoie toutes ses forces. Derrière, ses coéquipiers s’appliquent à couper l’organisation de la poursuite, déjà bien usée par la course de mouvement lancée tôt dans la journée, sous la pluie et le vent. C’est du tableau noir, et évidemment, ça marche.
« On continuera de gagner sans eux »
Bien plus que les coureurs, la véritable force de la structure belge est sa science tactique, qui lui garantit des victoires et donc, sa survie. Les péripéties du manager flamand pour trouver un nouveau sponsor l’été dernier ont poussé Niki Terpstra, le vainqueur du Tour des Flandres, et Fernando Gaviria, neuf victoires en 2018, sur le départ. Il était impossible de conserver tout le monde. La réduction de l’effectif à 25 coureurs aurait pu inquiéter Lefevere, mais le manager flamand prévenait tout le monde cet hiver dans L’Equipe : « Comme on est une équipe, on continuera de gagner sans eux (Terpstra et Gaviria, ndlr). » Et les résultats ne donnent pour l’instant pas tort au manager flamand, puisqu’au même stade de la saison, ses coureurs ont plus gagné que l’an dernier (13 victoires contre 12 en 2018).
Depuis 2016, l’équipe belge a perdu Tom Boonen, Marcel Kittel, Tony et Dan Martin, Matteo Trentin, Niki Terpstra et Fernando Gaviria, excusez du peu. Dans le même temps, elle a gagné trois monuments avec trois coureurs différents (Gilbert sur le Tour des Flandres 2017, Terpstra l’année suivante, Jungels sur Liège-Bastogne-Liège 2018). Même en perdant leurs meilleurs coureurs, les Quick-Step savent se réinventer en mettant en avant des garçons jusqu’ici un peu cachés par la masse des talents de l’équipe. Ce week-end, ce sont le tout-terrain Bob Jungels ou l’habituel second rôle Zdenek Stybar qui ont brillé et pris la lumière des projecteurs.
Les spécialistes des flandriennes de l’équipe belge se fondent tous dans le moule du « Wolfpack », une meute de loups qui gagne tout. Ce qui n’était à la base qu’une simple opération de communication pour les réseaux sociaux semble finalement se dupliquer sur les routes. Si les « loups » savent parfois se sacrifier pour leurs équipiers, c’est pour mieux à leur tour avoir leur chance sur la prochaine course. Tout le mérite de Lefevere est là : réussir à maintenir, depuis la création de son équipe en 2003, l’équilibre de son effectif, et à engranger les victoires. Et cette année encore, la récolte devrait être belle.
La classe !
Très content pour Jungels, c’est mérité. Ce coureur possède un des plus gros moteur du peloton et devrait encore en gagner de belles classiques (MSR, RVV,LBL again, Amstel, GP E3, peut être Tour de Lombardie ?). Je pense d’ailleurs que sa deuxième partie de carrière pourrait s’articuler autour des flandriennes et ardennaises (celles qui lui correspondent), plutôt que les classements généraux de grands tours où il me semble un peu limité pour accrocher un podium.
Cependant, j’espère pour lui que je me trompe, et le Giro avec les coureurs présents devraient nous donner de bonnes indications sur la suite de sa carrière.
Très belle victoire de Jungels! Rare sont les coureurs capable de faire des tops 10 sur les grands tour à faire d’aussi jolis numéros sur les courses pavés. Sa polyvance pourrait être un défaut s’il souhaite faire tous ses objectifs sur une seule saison. Il devrait tenter de se fixer un rôle précis pour élargir encore plus son palmarès.
Quelle équipe incroyable! Heureusement qu’elle perd du monde à chaque fin de saison. Sinon qu’est que cela serait! Si j’étais Alaphilippe, je resignerais pour 10 ans!
Quant à Jungels, ses victoires, il va les chercher en grand seigneur.
Un petit mot pour les courses Drôme Ardèche: beaux parcours et belles fins de course. Ce sont nos ardennaises du Sud!
Une Bora généreuse, qui s´est bien battue; mais qui n´a quand méme pas pesée bien lourd ce week-end face au sans faute et à la force du wolfpack .
Dimanche à contre temps et sans alliers de circonstance; Samedi proprement ejectée de la téte du final; dur dur pour les gros bras du Slovaque …
Reviens patron !
Superbe victoire de Jungels ! Concernant le sens tactique des Quick Step, c’est un peu une revanche car ils ont été parfois raillés par le passé pour être forts et ne pas concrétiser. Je mettrais quand même un bémol à cet éloge, car pour courir tous devant comme ils le font, il faut être très très forts physiquement. Et la tactique, quand on est les plus forts, ça devient quand même bien plus facile. Ils ont acquis un tel ascendant sur le peloton qu’ils peuvent même se permettre un geste de la main pour décourager les autres équipes de se joindre à l’effort de chasse des Bora. J’ai halluciné quand j’ai vu le geste ! À ce niveau, il faut quand même pouvoir se le permettre…
Je rejoins ce qui a été dit sur la qualité du spectacle sportif des flandriennes. Quelles belles courses, quels magnifiques coureurs qui nous offrent des courses de mouvement passionnantes. Et ça ne fait que commencer !
Je pense que c’est aussi du au fait qu’avant la quick-step courait pour Tom Bonnen, ce qui fait que c’etait beaucoup plus dur de gagner souvent, sauf quand il etait une jambe au dessus. Alors que la ils sont tous ultra forts, ils n’ont qu’a attaquer a tour de role et decourager les poursuivants et c’est gagné.