Les deux premières étapes de montagne du Dauphiné ont placé Richie Porte au dessus de la mêlée des prétendants au prochain Tour de France. Contador et Valverde lâchés hier, Chris Froome aujourd’hui, aucun rival ne semble pouvoir enrayer la machine australienne qui devrait remporter demain son premier Critérium du Dauphiné. Et à l’exception d’un très bon Romain Bardet, personne n’a rien tenté pour le déstabiliser, laissant poindre la sensation d’une certaine impuissance.

Les Espagnols discrets

Demain soir, au plateau de Solaison, Richie Porte devrait devenir le deuxième australien de l’histoire à décrocher le Dauphiné, prenant la succession de Phil Anderson vainqueur en 1985. Ce constat n’est pas véritablement une surprise tant Richie Porte faisait figure de grand favori au départ de cette soixante-neuvième édition. C’est bien simple, le lauréat du dernier Tour de Romandie s’est aujourd’hui imposé comme le meilleur coureur du monde sur une semaine. Et les deux Espagnols dominants sur les Tour du Pays Basque et de Catalogne, Alberto Contador comme Alejandro Valverde, ont bien dû s’incliner devant la forme du coureur de 32 ans. Hier, déjà, les deux Ibères avaient lâché prise dans le dernier col, sans être capables de revenir dans la descente. Alors certes, Alejandro Valverde a tenté de timides escarmouches sur ces deux premières étapes difficiles, mais il n’a jamais fait de trou. Tout juste a-t-il pu mettre en difficulté Ben Hermans un instant aujourd’hui.

Mais le lieutenant de la BMC est ensuite revenu pour continuer d’abattre un travail monstre. Rassurant pour son leader à quelques semaines du départ du Tour, d’autant que Nicolas Roche, précieux hier, avait quelques difficultés. Alberto Contador, lui, monte petit à petit en puissance et a été meilleur aujourd’hui qu’hier. Il assume pleinement cet état de forme balbutiant, il n’est pas « encore en mesure d’assumer des efforts explosifs. » Néanmoins, le Madrilène est un brin inquiétant. Brillant dans le contre-la-montre, il déçoit depuis par son manque de prise d’initiative. Alors certes, il est sur ce Dauphiné pour rouler des kilomètres, monter en pression, mais voir un Pistolero qui ne dégaine pas est alarmant. Cette attitude n’a jamais été celle d’un Contador triomphant. Malgré tout, l’Espagnol pourra toujours se rassurer, il a dominé Chris Froome aujourd’hui.

Froome à la dérive

Hier soir, le Britannique avait pourtant semblé en bonne forme, capable de terminer à une roue de Fuglsang. Le triple vainqueur du Tour encensait alors son très bon ami de Richie Porte : « Je suis heureux d’être là avec Richie qui est dans une forme fantastique. C’est le meilleur grimpeur du peloton en ce moment. » En haut de l’Alpe d’Huez, “Froomey” ne nageait plus dans le bonheur, il a même coulé. À la peine dès que les leaders ont accéléré, il a réactivé les doutes qui l’entouraient entre les rumeurs de son départ vers la BMC et son mauvais contre-la-montre samedi dernier. Lui qui a toujours remporté le Tour après avoir dominé le Dauphiné ne s’est pas rassuré et il est désormais relégué à plus d’une minute de son ancien lieutenant. Un échec qui contraste avec la victoire de son compatriote et coéquipier Pieter Kennaugh. La seule éclaircie d’un Sky de plus en plus gris.

Mais au moins, le natif de Nairobi avait vu juste, Richie Porte est bel et bien le plus fort du moment quand vient le moment de grimper. Quand il a attaqué, seul Jakob Fuglsang a pu tenir sa roue. Lui qui, déjà, a battu Porte hier, a une nouvelle fois résisté cet après-midi. Le Danois est certainement la surprise de ce Dauphiné, et son duo chez Astana avec Fabio Aru – voir trio si Lòpez les accompagnait – pourrait mettre le feu en juillet. Un autre coureur a aussi marqué des points aujourd’hui, Romain Bardet. Le Français est parti à 16 kilomètres du but et a profité de la petite marge de manœuvre dont il bénéficiait pour se rapprocher au général. Néanmoins, difficile de ne pas offrir ce soir la victoire par K.O à Richie Porte dont le maillot jaune semble très bien installé sur les épaules.

Demain a lieu l’étape reine et Richie Porte n’a qu’une petite marge d’une minute. Pourtant, le sentiment que nous laisse le leader de la BMC est celui d’un patron serein qui ne laisse pas le doute planer sur sa future victoire. Ce nouveau statut incontestable et, plus important, incontesté, place Richie Porte en outsider numéro un de Chris Froome pour le prochain Tour de France. Plus qu’un Contador emprunté, qu’un Valverde peu tranchant, qu’un Bardet offensif mais limité ou même qu’un Quintana fatigué par son Giro. Et si demain l’Australien venait à enfoncer le clou, il pourrait même rentrer dans un costume de favori qu’il n’a jamais essayé sur trois semaines. Une étape de plus vers son rêve de jaune sur les Champs-Elysées.

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