L’avant-dernière étape de montagne a livré un verdict attendu, au lendemain d’une journée de transition loin d’être calme. Primoz Roglic et Alejandro Valverde ont consolidé leurs positions, le maillot rouge pour l’un, le podium pour l’autre, pendant que leurs poursuivants se bagarraient pour ce qu’il reste à aller chercher.

Bataille de battus

On aurait aimé pouvoir annoncer un suspense grandiose en vue de la dernière étape de montagne, samedi vers la Plataforma de Gredos. Sauf que le maillot rouge, Primoz Roglic, est bien trop solide pour laisser la moindre ouverture à qui que ce soit. Chaque jour qui passe est ainsi l’occasion d’accroître son avance pour le Slovène, qui flirte désormais avec les trois minutes. Rien ne bougera d’ici Madrid, c’est une certitude, à moins que Roglic termine dans un ravin, une clavicule ou un poignet en vrac. Parce que le leader est trop serein et parce que ceux qui sont derrière sont à peu près tous contents d’être là où ils sont. Alejandro Valverde, 39 ans, devrait décrocher son premier podium sur la Vuelta depuis 2014, soit une éternité pour lui, qui avait perdu sur le gong sa deuxième place, il y a un an.

Nairo Quintana, lui, tentera déjà de sauver sa troisième place, celle qui donnerait le sourire à son manager Eusebio Unzué et sonnerait comme un joli cadeau d’adieu. Ce serait déjà un exploit, avec ce qu’a montré le Colombien depuis une dizaine de jours et ce contre-la-montre catastrophique. En montagne, il est inférieur à Lopez ou Pogacar, qui le talonnent de près et ne peuvent plus miser que sur une place sur le podium, pour sauver sa Vuelta pour le premier, pour impressionner un peu plus encore pour le deuxième. C’est tout ça qui laisse la voie royale à Primoz Roglic, à qui plus personne ne semble faire attention, quand la route s’élève. Ses adversaires ont comme abdiqué, réalisé qu’il serait toujours là. Alors on ne se bat plus contre le maillot rouge mais seulement entre battus, pour savoir qui aura l’honneur d’accompagner le bonhomme sur la boîte.

Il y aura deux perdants

Qu’il y ait un si gros écart entre Roglic et les autres, en revanche, n’a rien d’illogique. Aucun des rivaux du Slovène ne méritait vraiment d’être dans la bagarre jusqu’au bout, ils ont tous cédé un jour ou l’autre en montagne, ce qui ne pardonne pas, quand on a déjà concédé deux minutes, voire plus, sur le chrono. Certains ont fait illusion, comme Lopez et Quintana, leaders éphémères, avant de craquer. Ils sont ceux qui nourrissent d’ailleurs les plus grands regrets, parce qu’on les annonçait comme les adversaires de Roglic, bien plus que Valverde ou Pogacar. Mais les deux Colombiens ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes et à leurs lacunes, qui ne se sont pas situées que dans l’effort solitaire, pour cette Vuelta. Quintana ne doit même son classement actuel qu’à des coups bien sentis sur des étapes vallonnées. Ce n’était pas assez pour faire vaciller un patron aussi bien installé sur son fauteuil. Ce ne sera peut-être même pas assez pour décrocher le podium qu’ils sont donc quatre à convoiter avant la dernière bataille.

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