Sept ans après son passage chez les professionnels, Andrea Guardini, 28 ans, se retrouve doyen de l’équipe Bardiani, sans avoir jamais assumé le statut de prodige avec lequel il avait débarqué dans le peloton. Ce mardi, il a même abandonné sur un Giro qu’il n’avait plus couru depuis 2012, l’année où il s’était révélé.

Trop beau trop tôt

Il y avait de quoi s’emballer. A 21 ans, Andrea Guardini avait annoncé la couleur, se disait-on, décrochant onze succès dès sa première année chez les pros. Aussi bien que Mark Cavendish lors de sa saison néo-pro, et mieux que Robbie McEwen, à qui l’Italien a très vite été comparé. Dans la bientôt sulfureuse équipe Farnese Vini, qui n’abrite pas encore Mauro Santambrogio et Danilo Di Luca, le garçon progresse rapidement. Un an plus tard, déjà, le voilà sur le Giro. Lâché au moindre dos d’âne, le Vénitien ne dispute qu’un seul sprint sur son premier Tour d’Italie. Mais il le gagne devant un Mark Cavendish frustré, alors l’Italie du vélo s’enflamme. Le pays se cherche des sprinteurs pour succéder à un Alessandro Petacchi vieillissant et bien isolé, et saute donc sur ce jeune prometteur qui pourtant ne remplit pas tous les critères.

Six ans plus tard, cette victoire est restée sans lendemain. Preuve que l’emballement avait été trop rapide. En rejoignant Astana et le World Tour en 2013, il pensait franchir un cap. Ce fut l’inverse. Sans une équipe à son service, il est tombé petit à petit dans l’anonymat. « Pour le moment, mon seul but est de redevenir Andrea Guardini. Je ne veux pas me fixer d’autres objectifs, je dois être un peu plus modeste et ne pas viser trop haut », déclarait-il alors. Lucide, en partie. Mais que signifiait alors « redevenir Andrea Guardini » ? Quel est son niveau réel ? En dehors de cette étape sur ce Giro 2012, son plus gros succès reste une étape de l’Eneco Tour. Après son aventure chez Astana, il n’a passé qu’une saison chez UAE Emirates, plus décevant que jamais, passant une saison complète sans un seul podium. Jusqu’ici, il n’avait jamais connu un exercice sans victoire.

Une remise en question insuffisante

Pour cette saison, il avait donc opté pour un retour en Italie, chez Bardiani. Avec un rôle de sprinteur numéro un et de doyen, aussi, dans une équipe très jeune. « Ces derniers temps, j’ai beaucoup pensé à ma carrière, disait-il au moment d’officialiser son transfert. Je ne peux pas cacher que ces dernières années, je n’ai pas été au niveau que j’attendais. Je suis à peu près sûr de mériter une place en World Tour, mais le plus important est le rôle que je peux avoir. » Le public italien n’attend plus rien de Guardini et seuls les frères Reverberi, patrons de Bardiani, espèrent avoir une bonne surprise avec leur recrue hivernale. « Je peux être très critique avec moi, confiait-il il y a quelques mois à Bicitv. J’ai probablement fait quelque chose de mal l’an dernier mais j’ai appris la leçon. » Il n’aura pas l’occasion de le prouver tout de suite. Malade, il a dû abandonner sur un Giro où il remettait les pieds six ans après sa victoire d’étape.

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