Il y a un an, il était déjà question pour Rohan Dennis de venir sur le Giro pour jouer le classement général. Une sorte de test grandeur nature sur trois semaines. Problème, l’Australien avait dû abandonner après seulement quelques jours. Alors il a tout repoussé à cette année, avec toujours l’espoir de devenir un coureur de grands tours.

Apprendre, et vite

Rohan Dennis et les courses par étapes, c’est l’histoire d’un garçon le cul entre deux chaises. Un garçon qui ne sait pas si l’expérience serait concluante, mais qui a donc voulu prendre le risque plutôt que de rester un simple rouleur pour le reste de sa carrière. L’an dernier devait être le début de sa transformation. Il avait même terminé deuxième de Tirreno, comme un point de passage rassurant, même s’il avait concédé pas mal de temps sur l’étape reine du Terminillo. C’était donc confirmé : sur une semaine, le garçon peut faire mal. Et sur trois ? Le doute reste présent. On aurait envie de dire non, compte tenu de ses difficultés en montagne. Mais quelques exemples, Wiggins et Dumoulin en tête, nous ont montré ces dernières années que la métamorphose était possible. Alors s’il ne fait aucun doute que l’Australien ne gardera pas jusqu’à Rome le maillot rose qu’il porte actuellement, son évolution sera à surveiller de près.

Après la dernière étape en Israël, ce dimanche, le garçon plaisantait même en notant que pour la première fois, il a conservé le maillot de leader plus d’une journée. Un peu mieux, déjà, que ce qu’il a fait sur le Tour et la Vuelta. Mais tout cela est pour l’instant très symbolique : c’est avec le retour de la course en Italie qu’il va s’offrir, d’abord à lui-même, des réponses sur ses capacités à tenir la distance. « Avec mon équipe, nous allons courir comme si je voulais gagner le classement général même si je me retrouve à une heure, expliquait-il avant d’opérer le transfert vers la Sicile. Nous le ferons pour comprendre quelles sont mes faiblesses et ma marge de progression. C’est un plan sur quatre ans et ce Giro est capital pour faire le point sur ma situation. » A bientôt 28 ans, Dennis ne veut plus perdre de temps. Devenir un prétendant sérieux à la victoire sur trois semaines va prendre du temps, et il n’en a plus tant que ça.

Gérer l’altitude

Déjà entamée, cette transformation doit le mener, il l’espère, à jouer les podiums en 2020. Et pour l’instant, il assure n’avoir aucune pression, la BMC pouvant compter sur Richie Porte et Tejay Van Garderen pour aller chercher des résultats pendant que lui apprend. Le défi est malgré tout immense. Sur les trois derniers grands tours desquels il a pris le départ, Rohan Dennis n’en a pas terminé un seul. Cette saison, il a même été très discret partout où il est passé, vainqueur de trois chronos, parce qu’on ne se refait pas, mais en retrait dès qu’il s’agissait de montagne. Il n’y a guère qu’en Romandie, où il travaillait pourtant pour Richie Porte, qu’il s’est un peu montré, septième du général et plutôt avantagé par l’absence d’arrivée au sommet. C’est ça, désormais, qu’il va devoir apprendre à dompter, puisque sur le Giro, il y en a huit au programme.

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