Au départ de ce Tour de France, le sprinteur colombien est sans doute celui qui fait le plus figure d’épouvantail. Parce qu’il est peut-être le plus talentueux, et à coup sûr le mieux accompagné, chez Quick-Step. Déjà vainqueur de deux étapes, dont celle de ce mardi à Sarzeau, une question se pose forcément : peut-il rivaliser avec Peter Sagan pour le maillot vert ?

Oui par Alexis Midol-Monnet

Il est clair que sur le papier, voir Fernando Gaviria parader en vert sur les Champs-Elysées est peu probable. Mais Sagan n’a sans doute jamais eu un concurrent du genre. Kittel toujours en délicatesse dans les massifs montagneux, Greipel et Cavendish plus soucieux d’en claquer une que de viser la tunique verte, cette année, c’est bien de Gaviria qu’il faudra se méfier. S’il accuse déjà un retard – quatre petits points seulement – suite à sa chute dimanche, le Colombien a remporté les deux premiers emballages massifs du Tour – celui de dimanche, où il a chuté, mis à part – et a toutes les cartes en main pour récidiver. Avec l’équipe Quick-Step, la récolte s’avère toujours impressionnante sur les grands tours. Que ce soit sur la Vuelta, avec Matteo Trentin en 2017, ou au Giro, avec déjà Gaviria aux manettes.

Le Colombien a beau être le miroir de Quintana, il peut se targuer d’avoir terminé sans trop de souffrances le Tour d’Italie. Agile dans les arrivées en faux-plat montant, il lorgne déjà – à raison – sur Milan-Sanremo. Signe que la caisse est bien présente, et que la première bosse venue ne l’éliminera pas si facilement. Mieux, Gaviria affectionne les pavés, sans avoir jamais eu l’occasion de s’y tester pleinement. Accompagné comme il l’est, il pourrait challenger le Slovaque sur l’étape de Roubaix, et jouer aux baroudeurs en deuxième semaine, comme un certain Thor Hushovd. Le pari est osé, mais en ayant endossé le maillot jaune en Vendée, son Tour est d’ores et déjà une réussite. Il n’a plus rien à perdre, et tout à gagner. La pression est sur Sagan, pas à l’abri d’une erreur irrattrapable. Le défi vaut au moins le coup d’être tenté.

Non par Robin Watt

Les statistiques sont formelles : Fernando Gaviria n’a aucune chance. Il suffit de voir comment ses prédécesseurs ont échoué. André Greipel en 2014, Marcel Kittel en 2015 et Mark Cavendish en 2016 ont tous remporté quatre étapes sur le Tour, signes à chaque fois d’une domination outrageuse dans les sprints. Mais aucun n’a fait trembler Peter Sagan, qui sur ces trois années – et sans aucune victoire d’étape en 2014 et 2015 – a décroché le maillot vert avec en moyenne plus de 150 points d’avance sur son premier poursuivant. Intouchable, vous avez dit ? Oui, parce que l’équation est simple. Partout où ces sprinteurs marquent des points, le Slovaque en marque aussi, même s’il est souvent battu – la preuve, sur les deux victoires de Gaviria, Sagan termine deuxième. Et le triple champion du monde, surtout, va en chercher là où les purs sprinteurs sont décrochés.

Sur ce Tour 2018, on peut pointer trois étapes où Sagan devrait faire le trou. Mûr-de-Bretagne, après-demain (il avait terminé quatrième il y a trois ans), Roubaix, dimanche, et Mende, la semaine prochaine. A chaque fois, c’est certain – sauf peut-être pour cette étape des pavés, on vous l’accorde -, Gaviria ne sera pas là pour marquer des points. Alors pour avoir une chance, même minime, il aurait fallu faire un sans faute sur tout le reste. Malheureusement, dimanche déjà, le Colombien, pris dans la chute avant la flamme rouge, n’a pas disputé le sprint. Sagan, lui, remportait l’étape, et prenait le maillot vert. L’affaire est déjà dans le sac, à moins d’un abandon ou, comme l’an dernier, d’une exclusion. Parce qu’il n’y a eu que ça, depuis 2012, qui ait pu faire perdre le maillot au Slovaque.

Selon vous, Fernando Gaviria peut-il battre Peter Sagan au classement du maillot vert ?

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