Il y a des phénomènes que l’on repère vite. Pour Fernando Gaviria, ce fut dès ses premiers sprints au milieu des professionnels, lors du Tour de San Luis 2015. A 20 ans, il y avait battu Mark Cavendish à deux reprises. L’éclosion d’un incroyable talent, qui a depuis signé dans l’une des plus grosses armadas du peloton. Et confirmé, déjà un peu, les immenses espoirs placés en lui.

La précocité incarnée

Certains signent ne trompent pas. L’équipe Etixx est sûrement celle qui dispose du plus bel collectif pour briller sur les classiques flandriennes. Avec Boonen, Terpstra, Vandenbergh, Trentin ou Stybar, sans compter les gregario, il y a l’embarras du choix. Pourtant, en avril dernier sur Gand-Wevelgem, le manager Patrick Lefevere a fait de Fernando Gaviria le leader de son armada. Preuve de l’importance prise par le sprinteur colombien en seulement quelques mois. Mais aussi des attentes qui pèsent sur lui. Seulement néo-pro, le voilà déjà plein de responsabilités. Beaucoup auraient craqué, lui assume avec une assurance fascinante. Rien ne semble lui faire peur, surtout pas qu’on compte sur lui. Dès son contrat de stagiaire acquis à l’été 2015, il avait montré qu’il voulait se faire une place chez les grands en allant battre André Greipel sur le Tour de Grande-Bretagne. La saison 2016, sa première en tant que professionnel, vient donc simplement confirmer qu’il est le patron en devenir du sprint mondial.

Alors qu’importe la sixième place sur Gand-Wevelgem, qui a finalement sonné comme un échec collectif d’Etixx. Tant pis, aussi, ce Monument qui a semblé lui échapper à cause d’une chute révélatrice de nervosité dans le final de Milan-Sanremo. L’enfant de La Ceja, dans le sud de la Colombie, aura d’autres opportunités. Et cette Primavera restera comme une étape importante dans sa toute jeune carrière. Gaviria y a prouvé que les courses de 300 kilomètres n’étaient pas un problème pour lui et qu’il était capable de passer le Poggio avec les meilleurs. La désillusion, il devra donc s’en servir pour revenir plus fort. « C’est uniquement de ma faute, et c’est bon pour l’expérience, écrivait-il sur Twitter juste après la course. Mais je ne peux pas nier que je continue de penser à ces 500 derniers mètres. » Déçu mais terriblement lucide, le garçon ne s’est pas apitoyé sur son sort. La marque des grands.

En avance sur le Cav’

Au-delà d’un apprentissage qui passe forcément par des échecs, Gaviria est malgré tout une machine à succès. Sept fois cette saison il a levé les bras, aucun néo-pro n’a fait mieux. Et surtout, dès ses premières semaines de course, il s’est imposé en World Tour, sur Tirreno-Adriatico. Restait à voir devant qui, car comme le dit l’adage : « Dis moi qui tu bats, je te dirai quel vainqueur tu es. » Réponse ? Caleb Ewan, Elia Viviani et Peter Sagan. Un trio qui vient garnir un peu plus un tableau de chasse où avaient pris place, tout en haut, Mark Cavendish et André Greipel. Indéniablement, ça vous classe un coureur. Et lorsque celui-ci n’a pas encore soufflé ses 22 bougies, il y a de quoi être bluffé. Mais il va falloir s’habituer, parce que le garçon n’a pas de limites. Il s’impose semaine après semaine comme l’un des meilleurs sprinteurs du peloton, mais ne pense pourtant pas vraiment à enchaîner les victoires d’étapes. Lui rêve de classiques, et surtout de Paris-Roubaix.

En attendant d’y avoir sa chance, il brille là où il est aligné. Donc pas encore sur l’Enfer du Nord, qu’il a regardé devant la télé cette année. Mais d’ores et déjà sur des courses d’un jour historiques, à l’instar de Paris-Tours. Malgré un Tom Boonen en grande forme comme coéquipier, le Colombien y a pris sa chance. Et s’est imposé, suscitant les louanges de son glorieux aîné. « L’âge ne veut rien dire. Ce qui compte, c’est ce que tu as dans les jambes », nous assurait Boonen à l’arrivée de la « classique des feuilles mortes ». Le Belge voyait même son coéquipier comme un candidat au titre mondial à Doha. Finalement, Gaviria n’ira pas au bout de la course qatarie. Presque un détail dans la saison de celui qui est si souvent comparé à Mark Cavendish. Un parallèle qu’à l’heure actuelle, il convient de nuancer. Pour sa première saison en World Tour, en 2007, le Cav’ était loin d’avoir fait aussi bien que Fernando Gaviria en 2016.

gaviriaportrait

Fernando Gaviria

22 ans, Colombien, Etixx Quick-Step

7 en 2016
Classement UCI : 42

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Paris-ToursVainqueur

22A 22 ans, le Colombien est le vainqueur le plus jeune depuis Joseph Wouters (19 ans) en 1961

gaviriatirreno

Tirreno-AdriaticoVainqueur d'une étape

1En gagnant sur l'épreuve italienne, Gaviria a décroché son premier bouquet en World Tour

gaviriapologne

Tour de PologneVainqueur de deux étapes

5En moyenne, sur les 4 étapes qu'il a terminé en Pologne, Gaviria a terminé 5e

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