Habituellement moins côté que le Critérium du Dauphiné, le Tour de Suisse présente cette année un plateau égal voire supérieur à son homologue français. Le calendrier n’y est pas pour rien, puisqu’en raison du décalage d’une semaine du départ de la Grande Boucle, l’épreuve helvète se retrouve positionnée quatre semaines avant la messe de juillet. Idéal pour ceux qui ne souhaitaient pas bousculer leurs habitudes.

Un parcours allégé en connaissance de cause

Au courant des règles calendaires cette saison, l’organisation du Tour de Suisse a concocté un tracé un peu moins resserré que lors des récentes éditions. Seulement deux arrivées au sommet, un peu plus de champ pour les meilleurs sprinteurs du peloton et même un chrono par équipes, une première depuis quinze ans, tout est là pour contenter les fans et les coureurs, qui peuvent terminer leur préparation sans avoir un programme gargantuesque au menu. Habitués à contempler une lutte entre seconds couteaux, les spectateurs ont eu droit à leur lot de têtes d’affiche : Richie Porte, Nairo Quintana, Mikel Landa, Fernando Gaviria ou encore le champion de France, Arnaud Démare sont présents, accompagnés des habitués de l’épreuve helvète comme Peter Sagan, Michael Matthews, Alexander Kristoff, Philippe Gilbert ou Greg van Avermaet. Un plateau qu’on n’avait pas vu depuis des années en Suisse.

Pour les formations de favoris, les huit alignés ressemblent d’ailleurs, à quelques ajustements près, à ceux qui débarqueront à Noirmoutier le 7 juillet. Parce que le Tour de Suisse est apparu comme le terrain de jeu idéal pour se tester, sans doute davantage qu’en France où il n’y avait guère qu’AG2R la Mondiale et Sky pour avoir vraiment joué le jeu, même si la présence quasi certaine de Chris Froome en juillet changera la donne. Ce qui n’est pas le cas chez Movistar ou BMC, puisque les dispositions autour de Porte et Van Garderen ou Quintana et Landa, doivent subir un premier crash-test. Et même si les sept derniers lauréats sur les Champs-Elysées provenaient du Dauphiné, le Tour de Suisse apparaît comme le palier le plus naturel cette année. Ici, très peu de coureurs qui viendront avec leur forme du Giro pour signer un bon résultat avant leur coupure, et une majorité de coureurs qui reprennent après avoir passé le mois de mai en stage ou à la maison.

La Suisse pour la forme, le Dauphiné pour le fond ?

Souvent considéré comme la préparation idéale pour le Tour, le Dauphiné a peut-être laissé, au moins cette année, ce titre honorifique à l’épreuve suisse. Avec un final extrêmement compliqué, beaucoup ont terminé sur les rotules dimanche dernier à Saint-Gervais Mont-Blanc, et n’ont pas prévu de reprendre la compétition avant leur championnat national voire le départ de Vendée. L’accumulation d’étapes courtes, censée privilégier le spectacle, possède aussi ses limites. Certes, Bardet et Nibali notamment auront pu repérer des portions d’étape qu’ils devront maîtriser en juillet, comme le Cormet de Roselend et la montée de la Rosière. Mais la quantité de travail peut-être plus grande et plus variée prévue en Suisse n’est pas forcément moins intéressantes.

Richie Porte, habituellement au rendez-vous sur le Dauphiné mais qui a opté pour le changement cette année, explique ce choix sur le site de BMC. « Cette année, avec les modifications du calendrier, le Tour de Suisse est une bonne mise en forme pour le Tour de France et je pense qu’après avoir roulé neuf étapes, j’aurai une bonne indication de mon état de forme. » Le son de cloche est pratiquement similaire dans le camp de Quick Step, malgré des ambitions bien différentes et d’autres arguments : « Beaucoup de prétendants pour les étapes de sprint sur le Tour sont ici, ce qui signifie que nous avons besoin d’être à notre meilleur niveau pour signer un bon résultat d’ensemble sur le Tour de Suisse. » La densité à l’affiche dans certains domaines stimulerait plus facilement qu’un point de passage habituel où l’on peut se laisser aller, loin de sa forme optimale et sans trop s’inquiéter du rang à côté de la feuille de classement. Parce que la guerre psychologique est déjà présente pour presque tout le monde en Suisse, là où elle ne concernait que quelques hommes sur le Dauphiné.

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