C’est l’histoire d’un homme attachant et que tout le monde souhaite voir triompher mais dont le rêve semble de plus en plus inatteignable.
Des images bien connues
La scène se répète année après année. Alors que la course suit son cours, une voix s’élève pour annoncer l’indicible : Thibaut Pinot est distancé. En pleine détresse et entouré par la majorité de ses coéquipiers, les caméras le fixent pendant de longues minutes pour capturer l’instant. Avant même que la bataille n’ait commencée, le peloton s’échappe, le laissant hagard et groggy. Après la stupéfaction, les premières conclusions sont rapidement tirées : les espoirs de Thibaut Pinot et d’une bonne partie des Français s’envolent. Son visage, marqué par sa bouche grande ouverte, permet aisément de lire sa souffrance.
Cette année, c’est dans le port de Balès que la sentence, irrévocable, a été annoncée. Thibaut Pinot se touche le dos, il s’étire, bref la messe est dite. Les séquelles de sa chute sont plus présentes que jamais. Pourtant, contrairement à la précédente édition, Pinot avait passé avec succès le test des bordures la veille. Ses échecs, multiples et retentissants, paraissaient lui avoir donné une force supplémentaire au moment de se présenter devant la montagne qu’est le Tour de France. Le ciel grisonnant du port de Balès en a malheureusement décidé autrement.
#TDF2020 / Une déclaration de 🇫🇷 @ThibautPinot (GFC) qui fait mal au coeur à tous les amoureux de la petite reine… pic.twitter.com/4kyRmjI68K
— Chronique du Vélo (@ChroniqueDuVelo) September 5, 2020
Quand ce n’est pas la maladie ou une douleur inexpliquée, c’est une chute qui prive Thibaut Pinot de lutter jusqu’au bout. S’il a déjà beaucoup gagné, ses succès demeurent trop occasionnels par rapport à son talent, immense et flagrant. Plusieurs fois, il s’est approché du graal, qu’il s’agisse du podium sur le Tour d’Italie ou d’une victoire finale sur le Tour, mais un coup du sort vient sans cesse gâcher la fête sur les courses de trois semaines. En 2018, son retrait du Giro avait laissé place à des jours meilleurs puisqu’il avait quelques semaines plus tard remporté deux bouquets en Espagne et son premier monument en décrochant avec panache Nibali dans les pentes du Civiglio. En 2019, son abandon sur le Tour après un épisode pyrénéen si dominant devait annoncer un futur en jaune sur les Champs-Elysées. Les organisateurs pensaient même lui offrir la victoire sur un plateau avec un contre-la-montre final dessiné chez lui, à la Planche des Belles-Filles.
Dans la défaite ou la victoire, Pinot ne cessera de procurer des émotions décuplées. C’est son charme, sa marque de fabrique. Sa chance de remporter le Tour est peut-être passée, on ne le saura que dans quelques années, lorsqu’il choisira de délaisser le vélo pour s’occuper de sa ferme et de ses animaux. Au contraire, l’année prochaine sera peut-être celle de la consécration, après tout le protégé de Marc Madiot a toujours su se relever avec brio de ses déceptions. Cette nouvelle désillusion devra être digérée mais un élément semble acquis : l’espoir de voir Pinot remporter un Grand Tour ne s’estompera pas de sitôt.
Des favoris qui se montrent
Si le rêve du leader de la Groupama-FDJ s’est stoppé net aujourd’hui, ce n’est pas le seul fait marquant de la journée. Alors que les critiques commençaient à s’abattre sur le parcours du Tour de France, les deux dernières étapes ont apporté la meilleure des réponses tant le mouvement aura été permanent et l’intensité extrême. Impressionnant dans les pentes du port de Balès et profitant des évidentes faiblesses en descente de son partenaire d’échappée, le Russe Ilnur Zakarin, c’est Nans Peters qui était le plus fort devant.
A l’image de sa victoire sur le Giro l’année passée, le Français s’est permis le luxe de lever les bras dès sa première participation au Tour de France. Récompensant le caractère offensif de sa formation depuis le départ, le Grenoblois s’impose peu à peu comme un redoutable chasseur d’étapes.
Dans le groupe maillot jaune, si Primoz Roglic, dont l’impression de facilité se confirme jour après jour, semble pour le moment refuser d’endosser le maillot jaune, plusieurs favoris ont tenté de sortir du groupe de tête à l’image de Tadej Pogacar, Mikel Landa ou Romain Bardet.
Finalement, seul le jeune Slovène aura réussi à reprendre du temps, compensant ainsi en partie son débours d’hier, mais les enseignements sont nombreux puisque tant Dumoulin, qui s’est mis au service de Roglic, que Bernal, rapidement isolé et plusieurs fois lâché sur des accélérations, ne paraissent pas en mesure de remporter le Tour de France.
C’est triste pour Pinot, mais c’est la course. On le sentait diminué depuis sa chute de Nice, il le confirme. Il va désormais falloir se remobiliser pour lui, et se trouver de nouveaux objectifs pour la fin de l’année (Mondiaux ? Ardennaises ? Vuelta ?), voire pour les prochaines saisons. Connaissant la capacité de rebond du garçon, je m’attends à de nouvelles surprises (qui aurait imaginé, après son abandon tragique sur le Giro 2018, qu’il fasse une fin de saison aussi canon cette même année ?). Pour le reste, je n’ai pas trouvé Roglic si impressionnant. Il a fait rouler son équipe pour rien, a grillé la cartouche Dumoulin, et ne reprend aucune seconde sur ses adversaires. Pourquoi a-t-il si peur de prendre le maillot jaune ? A-t-on déjà vu Contador, Froome ou Nibali se priver d’endosser le plus tôt possible une tunique de leader ? Bernal n’était pas bien aujourd’hui, il y avait possibilité de l’éliminer, et rien n’a été fait. J’espère que Roglic me fera mentir en attaquant dans Marie-Blanque demain, le final plat de l’étape convient bien à ses aptitudes de rouleur, et il faudra bien qu’il prenne du temps à ses adversaires, tout miser sur le… Lire la suite »
Le souci de Pinot, c’est qu’il ne voudra pas abandonner (alors que la sagesse l’impose), car il a déjà trop abandonné par le passé et on l’attend à la Planche, l’étape passant presque chez lui. Il va donc probablement courir après une hypothétique victoire d’étape (qui ne sauvera pas son Tour, on attend autre chose de lui), avec le risque de trainer sa misère jusqu’à Paris et hypothéquer la suite de sa saison. Mieux vaudrait faire le Giro ou la Vuelta, mais plus en visant les étapes que le général.
Moi non plus je ne comprends pas. Déjà, un maillot de leader sur un GT ça fait toujours plaisir, comme ça en plus il pourrait ainsi avoir porté le maillot de leader sur les 3 GT (déjà qu’il a remporté des étapes sur ces trois épreuves, ça ferait bien, je trouve). En plus, si vraiment ça l’emmerde, il aurait pu attaquer pour prendre du temps sur Bernal, prendre le maillot jaune puis laisser filer demain une échappée où un coureur bien classé pourrait prendre la maillot. Cela n’a rien de révolutionnaire, on voit ça souvent. Enfin, son équipe court déjà dans les cols comme s’il avait le maillot jaune, donc je ne vois pas trop ce que ça change…
C’est d’autant plus incompréhensible qu’encore une fois Bernal n’avait l’air pas bien aujourd’hui. C’est maintenant qu’il faut lui prendre du temps, pas au col de la Loze…
Quintana et Pogacar m’ont fait aussi très bonne impression aujourd’hui. Après la défaillance de Pinot et le sacrifice de Dumoulin, je vois bien un des deux finir sur le podium (voire les deux si Roglic et/ou Bernal perdent du temps ses prochains jours).
Une pensée pour Nans Peters, glorieux vainqueur, qui voit toute l’attention médiatique accaparée par l’habituelle défaillance de Pinot. Carton rouge pour la médiocrité de la diffusion France TV : des pubs tellement nombreuses que j’ai cru être sur TF1, on diffuse la réaction du vainqueur alors que ça bagarre chez les favoris pour le première fois depuis une semaine, on attend le dernier col pour diffuser des images de coureurs prises avant la course… bref…
On peut se moquer parfois de la Rai ou de TVE, mais c’est vrai que sur ce coup c’est plus que moyen. Après, il ont changé de réalisateur. Je ne sais pas qui a été choisi, mais c’est moins bien que Jean-Maurice Ooghe
Anthony Forestier, un nouvel oeil sur le Tour de France aux manettes de la réalisation télévisée
S’il n’a qu’un oeil, ça explique beaucoup de choses.
Adam Yates s’est plutôt bien accroché aujourd’hui, même s’il dit viser les victoires d’étapes, je pense qu’il sera dans le Top 10 à Paris
Vraiment pas terrible la diffusion, on se croirait sur la RAI de la belle époque…
Je viens de voir les chiffres, Pogacar ecrase le record d’ascension de 45 secondes (mieux que les 24’35’’ de Mayo et Vino en 2003, pas tres rassurant tout ca) et les favoris l’ont egalement battu.
En fait Roglic etait peut etre a fond vu le rythme dement imposé, surtout dès le debut par Dumoulin, Bernal a avoué etre dans le rouge quand Dumoulin prenais son relais et qu’il n’aurait pas tenu tres longtemps.
Ca promet une fin de tour folle, Pogacar va mettre le feu c’est certai.
Oui, Pogacar a du caractère.Si Roglic baisse de régime, je ne serais pas surpris qu’il en soit le bénéficiaire. Il semble bien plus fort que Bernal.
Concernant la vitesse d’ascension, c’est le vent favorable sans doute, comme se tuent à le dire les présentateurs TV, celui soufflait aussi dans le col précédant où un sprinteur, vainqueur de deux étapes a fait sauter les deux tiers du peloton.
Pinot a lâché sa réflexion en passant sur la ligne après un vrai calvaire. Je me méfie de ce genre de déclarations sur le coup de la déception. L’an passé, il avait annoncé vouloir tout plaquer au moment de son abandon dans les Alpes. Finalement, il est reparti à la lutte pour le maillot jaune. Donc, j’attendrai encore un peu pour voir si il change réellement ses objectifs. Par contre, j’ai rarement vu un coureur aussi poissard. Sa fragilité physique n’explique pas tout.
Côté favori, le maillot jaune est la patate chaude. Adam Yates était largement prenable hier dans Peyresourde. Roglic est très fort mais joue avec le feu. Bernal est mal en point et il n’en profite pas. J’espère pour lui qu’il ne regrettera pas. Martin m’impressionne de plus en plus. Je me demande jusqu’où il est capable d’aller. Romain Bardet est un peu juste mais il s’éclate et je crois que cela lui suffit.
La poisse, elle a bon dos. Quand un coureur crève au mauvais moment, c’est la poisse, quand il crève 6 fois au mauvais moment, c’est plus de la poisse, c’est un autre problème (mauvais boyaux, mauvais placement sur la route). C’est comme les chutes à Paris Roubaix, ceux qui tombent le moins sont aussi les plus forts, qui choisissent les bonnes trajectoires, ont les bons réflexes, le bon placement, etc. Celui qui tombe, c’est plus souvent parce qu’il était à bloc, pas lucide, peu habile plus que par la chance. Par exemple, on a évoqué la malchance pour Pinot dans les bordures. Sauf que c’est toujours lui qui se fait prendre. Sauf cas très exceptionnel, Alaphilippe, Valverde, Roglic, Dumoulin ou Bernal ne prennent pas de cassure. Ce n’est pas de la poisse, c’est du mauvais placement. Il faut remarquer qu’à chaque fois que Pinot a un souci physique, c’est au moment où on l’attend, où la pression se fait forte. Il est malade au Giro quand le podium lui tend les bras, il a mal à la cuisse au Tour quand on le voit vainqueur, il craque au Dauphiné alors que la victoire lui était promise, il fait le pire… Lire la suite »
Du reste, Pinot, à l’agonie hier, voltige aujourd’hui. Jalabert fait remarquer combien c’est surprenant de voir son niveau par rapport à hier. Ca va dans le sens de ce que je disais. On dirait que Pinot est libéré.
Il voltige? pas tant que cela finalement… Même s’il n’est pas impossible qu’il est la peur de gagner tant répandu chez certain sportif, il semble quand même que son état physique ne soit pas au mieux
Oui, au moment où j’ai écrit le message, il allait bien (pour être devant quand tout le monde bagarre pour prendre l’échappée, il faut avoir les jambes) mais il s’est bien tassé ensuite.
Je ne suis pas vraiment d’accord avec votre propos sur les chutes. La chance reste le facteur déterminant. Ces dernières semaines, Roglic est tombé, Alaphilippe et Bardet aussi, comme Quintana, Lopez et tant d’autres. Ils sont encore en course pour de grands résultats et seule la chance explique qu’ils n’aient pas subi de blessures sérieuses contrairement à Pinot, Buchmann ou même Kruijswijk qui n’a pas pu prendre le départ. Avant-hier encore, Roglic échappe à une chute à une place près alors qu’il était au milieu du groupe. Ce n’était quand même pas calculé… Le jour où Pinot tombe dans le sprint final, la chute se produit à peu près en trentième position. Est-il moins dangereux d’être en vingtième position ou en quarantième comme certain de ses rivaux qui passent entre les gouttes ? Je ne crois pas ! J’exclus bien sûr de ce constat les chutes causées par la seule maladresse qui ne me semblent pas les plus nombreuses, sur ce Tour en particulier . Concernant les crevaisons, je partage globalement votre avis mais il ne faut pas surestimer la responsabilité des coureurs non plus. Il est possible de réduire le risque de crevaisons mais tous les cyclistes ont connu… Lire la suite »
Pinot fait du Pinot; la routine .. Sinon Barguil est sur le Tour ?
Pinot c’est Pinot, trop fragile pour 3 semaines de course mais capable d’un super exploit quand il est en forme. Tout comme Alaphilippe, il devrait peut être quitter la route du Tour pour préparer les championnats du Monde et pourquoi pas, s’aligner sur le giro pour des victoires d’étape ?
SUPERBES Peters et Martin, courageux Bardet et Cosnefroy,un bon Rolland et un bon Coquard, et j’en oublie,on peut se consoler avec nos français. Aujourd’hui sans doute des Groupama à l’avant pour conjurer la malédiction
On dit que Bardet était limite, mais il chuté et Bernal n’était pas beaucoup mieux que lui.
Les chutes sont cruelles dans le cyclisme. Encore une énorme désillusion pour lui et ça commence à faire beaucoup dans la carrière sportif d’un humain de moins de 30 ans, Pas sur qu’il s’en relève cette fois. Pourtant c’était un tour taillé pour lui, il semblait avoir les même jambes qu’en 2019. Lui qui corrige toujours les erreurs qui lui coûtent chères, n’a pas résisté à cette stupide chute qui lui brise tous ces rêves. Pour ma part, je n’avais plus beaucoup d’espoir après cette chute le premier jour malgré quelque signe enthousiasmant. Il ne fait pas parti de ces coureurs, de ces équipes que les chutes n’affectent pas ou peu en termes de performance. En tout cas pour ma part le tour de France 2020 perd quasiment tout son intérêt avec la défaillance de Pinot. Car comme le dit si bien Philippe Brunel le cyclisme c’est un fable où l’on y trouve ce que l’on veut. Or sans Pinot, sans Nibali, je n’y trouve plus ce que je veux. Je ne parviens pas à m’enthousiasmer pour la chaudière électrique Roglic, Inéos me révulse et le cyclisme trop commensurable de Bardet m’ennuie. J’espère que Quintana gagnera cette édition comme revanche… Lire la suite »
J’avais déjà écrit avant le tour les raisons du pourquoi pinot n’est pas fait pour les CG des grands tours, malheureusement je ne m’étais pas trompé ! Sa seule et unique chance de gagner c’est de courir avec des co-leaders, comme sastre, mais malheureusement il semble trop tard pour cela et en plus il ne semble pas vraiment du genre à courir pour une autre équipe… quel talent gâché ! Je n’arrive pas à me décider si c’est lui ou ses managers qui lui mettent des fausses illusions dans la tête alors que les chiffres parlent tous seuls. Quelle gestion de carrière à la limite du catastrophique comparé a son potentiel. Certes il a quelques magnifiques victoires, mais quand-même…