C’est l’histoire d’un homme attachant et que tout le monde souhaite voir triompher mais dont le rêve semble de plus en plus inatteignable.

Des images bien connues

La scène se répète année après année. Alors que la course suit son cours, une voix s’élève pour annoncer l’indicible : Thibaut Pinot est distancé. En pleine détresse et entouré par la majorité de ses coéquipiers, les caméras le fixent pendant de longues minutes pour capturer l’instant. Avant même que la bataille n’ait commencée, le peloton s’échappe, le laissant hagard et groggy. Après la stupéfaction, les premières conclusions sont rapidement tirées : les espoirs de Thibaut Pinot et d’une bonne partie des Français s’envolent. Son visage, marqué par sa bouche grande ouverte, permet aisément de lire sa souffrance.

Cette année, c’est dans le port de Balès que la sentence, irrévocable, a été annoncée. Thibaut Pinot se touche le dos, il s’étire, bref la messe est dite. Les séquelles de sa chute sont plus présentes que jamais. Pourtant, contrairement à la précédente édition, Pinot avait passé avec succès le test des bordures la veille. Ses échecs, multiples et retentissants, paraissaient lui avoir donné une force supplémentaire au moment de se présenter devant la montagne qu’est le Tour de France. Le ciel grisonnant du port de Balès en a malheureusement décidé autrement.

Quand ce n’est pas la maladie ou une douleur inexpliquée, c’est une chute qui prive Thibaut Pinot de lutter jusqu’au bout. S’il a déjà beaucoup gagné, ses succès demeurent trop occasionnels par rapport à son talent, immense et flagrant. Plusieurs fois, il s’est approché du graal, qu’il s’agisse du podium sur le Tour d’Italie ou d’une victoire finale sur le Tour, mais un coup du sort vient sans cesse gâcher la fête sur les courses de trois semaines. En 2018, son retrait du Giro avait laissé place à des jours meilleurs puisqu’il avait quelques semaines plus tard remporté deux bouquets en Espagne et son premier monument en décrochant avec panache Nibali dans les pentes du Civiglio. En 2019, son abandon sur le Tour après un épisode pyrénéen si dominant devait annoncer un futur en jaune sur les Champs-Elysées. Les organisateurs pensaient même lui offrir la victoire sur un plateau avec un contre-la-montre final dessiné chez lui, à la Planche des Belles-Filles.

Dans la défaite ou la victoire, Pinot ne cessera de procurer des émotions décuplées. C’est son charme, sa marque de fabrique. Sa chance de remporter le Tour est peut-être passée, on ne le saura que dans quelques années, lorsqu’il choisira de délaisser le vélo pour s’occuper de sa ferme et de ses animaux. Au contraire, l’année prochaine sera peut-être celle de la consécration, après tout le protégé de Marc Madiot a toujours su se relever avec brio de ses déceptions. Cette nouvelle désillusion devra être digérée mais un élément semble acquis : l’espoir de voir Pinot remporter un Grand Tour ne s’estompera pas de sitôt.

Des favoris qui se montrent

Si le rêve du leader de la Groupama-FDJ s’est stoppé net aujourd’hui, ce n’est pas le seul fait marquant de la journée. Alors que les critiques commençaient à s’abattre sur le parcours du Tour de France, les deux dernières étapes ont apporté la meilleure des réponses tant le mouvement aura été permanent et l’intensité extrême. Impressionnant dans les pentes du port de Balès et profitant des évidentes faiblesses en descente de son partenaire d’échappée, le Russe Ilnur Zakarin, c’est Nans Peters qui était le plus fort devant.

A l’image de sa victoire sur le Giro l’année passée, le Français s’est permis le luxe de lever les bras dès sa première participation au Tour de France. Récompensant le caractère offensif de sa formation depuis le départ, le Grenoblois s’impose peu à peu comme un redoutable chasseur d’étapes.

Dans le groupe maillot jaune, si Primoz Roglic, dont l’impression de facilité se confirme jour après jour, semble pour le moment refuser d’endosser le maillot jaune, plusieurs favoris ont tenté de sortir du groupe de tête à l’image de Tadej Pogacar, Mikel Landa ou Romain Bardet.

Finalement, seul le jeune Slovène aura réussi à reprendre du temps, compensant ainsi en partie son débours d’hier, mais les enseignements sont nombreux puisque tant Dumoulin, qui s’est mis au service de Roglic, que Bernal, rapidement isolé et plusieurs fois lâché sur des accélérations, ne paraissent pas en mesure de remporter le Tour de France.

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