En grande difficulté depuis près de 18 mois, l’équipe Dimension Data va jouer une grande partie de sa saison dimanche prochain à l’Amstel Gold Race. Déjà mal lotie au classement UCI, la formation sud-africaine aura beaucoup de points à défendre à Maastricht car elle a recruté cet hiver les trois coureurs qui ont fini sur le podium de l’édition précédente.
Un bilan famélique
Dimension Data a entamé cette année sa quatrième saison au niveau World Tour. Jusqu’ici, l’équipe sud-africaine, sans réaliser des performances extraordinaires, avait su accumuler des victoires d’étapes un peu partout dans le monde grâce notamment à Mark Cavendish et Edvald Boasson Hagen. Sauf que les deux anciens de l’équipe Sky n’affichent plus le même rendement et la relève peine à se distinguer. En 2018, Dimension Data n’a gagné que deux fois sur le World Tour grâce à deux barouds gagnants de Ben King sur la Vuelta.
Sur les classements généraux et les classiques, l’équipe sud-africaine reste aux abonnés absents. Depuis 2016, année de sa promotion en première division, Dimension Data n’est jamais monté sur le podium d’une classique. Dire que sous son ancien sponsor, MTN-Qhubeka, Gerald Ciolek avait créé la surprise en s’adjugeant l’édition 2013 de Milan-Sanremo. Sur les grands tours, la meilleure place au général a été acquise par Kanstantin Siutsou lors du Tour d’Italie 2016 : le coureur biélorusse avait alors bouclé le Giro à la 10e place.
Un classement en trompe-l’œil
Malgré tout, Dimension Data n’est pas la pire formation du World Tour dans le nouveau classement par équipes mis en place par l’UCI depuis cette année. Les hommes de Brian Smith occupent la 17e place, quelques longueurs devant Katusha-Alpecin (19e). Sauf que ce classement, qui déterminera à terme les promotions et les relégations entre les deux premières divisions du cyclisme professionnel, est trompeur à cause de son mode de calcul. Pour déterminer le total de points d’une équipe, on additionne les points acquis par les 10 coureurs les mieux placés au classement individuel. Le hic : c’est que les performances des 52 dernières semaines sont prises en compte, même si ces dernières ont été réalisées au sein d’une autre équipe.
Dans le cas de Dimension Data, ce système se révèle quelque peu absurde. Comme l’équipe sud-africaine a engagé l’hiver dernier les trois premiers de la dernière édition de l’Amstel Gold Race (Michael Valgren, Roman Kreuziger et Enrico Gasparotto), elle va certainement dégringoler au classement à cause des points qu’elle va devoir défendre tout en réalisant une meilleure prestation qu’en 2018 (Serge Pauwels, 26e). Sauf exploit, Dimension Data va sortir des 20 premières places au-delà desquelles l’UCI ne sera plus en mesure de lui garantir une place en World Tour pour la saison prochaine. Mais même après l’Amstel Gold Race, la formation sud-africaine ne sera pas tirée d’affaire car la majorité de son capital points provient des prestations de ses recrues avec leurs anciennes équipes.
Valgren joue gros
A sa décharge, Dimension Data a essayé de s’émanciper des performances de ses sprinteurs/baroudeurs. Fin 2017, Louis Meintjes, auteur de deux huitièmes places sur le Tour de France, arrive avec l’ambition d’être un leader pour les grands tours. Sauf que le grimpeur sud-africain est méconnaissable depuis son retour dans l’équipe qui lui avait fait signer son premier contrat professionnel (9e du Tour de Burgos 2018 comme meilleur résultat).
Cette année, Michael Valgren est arrivé pour être le leader sur les classiques, bénéficiant d’une réputation flatteuse après ses succès sur le Het Nieuwsblad et l’Amstel Gold Race en 2018. Cependant, le Danois est passé à côté de son début de saison (aucun Top 20 sur une course d’un jour). Dans le Limbourg dimanche, il est difficilement imaginable de voir l’ancien d’Astana faire le doublé. Pourtant le temps presse pour Dimension Data et une prestation convaincante sera nécessaire pour que l’équipe sud-africaine, faute de pouvoir tutoyer les sommets, revienne au moins au niveau de la ligne de flottaison.
N’y a-t-il pas un peu de confusion dans ces histoires de relégations ?
Il semble que le nouveau règlement UCI, pour juger de ces critères sportifs, ait créé un nouveau classement tenant compte des 3 saisons 2017 à 2019, et ne considérant que les points apportés par les coureurs sous contrat, pour éviter l’effet recrue.
Pour perdre une licence WT sur ce critère sportif, il faut que l’équipe soit au-delà de la 20ème place, c’est-à-dire qu’il y ait au moins 3 contis pros qui soient supérieures.
Sur différentes simulations sur les réseaux sociaux (l’UCI ne communique pas ce classement puisqu’il ne sera valide qu’à la fin de la saison 2019), on voit que DD est effectivement en danger, puisque provisoirement 20ème et en perte de vitesse vis-à-vis des équipes qui la suivent.
Par ailleurs, notons que toute équipe perdant sa licence WT continuerait d’être invitée sur toutes les courses WT pendant une saison supplémentaire, ce qui permet de limiter les dégâts…
Si l’on arrête le décompte des points des équipes logiquement au 1er décembre par exemple, seuls les points obtenus par les coureurs sous les couleurs de leur équipe de l’année seront pris en compte, ce qui est sportivement plus défendable. Si l’on prend en compte l’effectif au 1er janvier de la nouvelle saison, avec les recrues effectuées, ce ne sera plus qu’une compétition financière.
de toute façon, pour 2020 avec 18 équipes plus 5 candidates World Tour, les deux premières continentale pro qualifiées d’office dans les courses, les éventuelles équipes reléguées aussi qualifiées, bonjour l’embrouille! Si quelqu’un peut démêler ce sac de noeuds !
Pour l’histoire des deux Conti Pro automatiquement qualifiées, il me semble que c’est uniquement pour les GT (et c’est logique, sinon bah ça équivaut à une licence WT…)
@R7814: il me semble effectivement que c’est que pour les grands tours. Mais en pratique ces deux équipes auront les invitations dans quasiment toutes les courses par étapes WT qui les intéressent. Donc effectivement, ça devient quasiment une licence WT (mais seulement pour un an).
Tout cela est absurde surtout lorsqu’on regarde toute l’absurdité du barème UCI
Cette histoire de 2 meilleures équipes Conti invitées avait été évoquée par l’UCI à l’automne dernier, mais n’a pas été traduite dans le nouveau règlement proposé et ratifié en début d’année, qui introduit au contraire deux nouvelles licences WT possibles (il faut être dans les 18 meilleures équipes sur les 3 dernières saisons, mais aussi demander la licence ce que n’a pas fait Wanty par exemple).
Je ne mettrais pas ma main à couper qu’il y aura une suite donnée à cette idée d’invitations automatiques.
Mais il y a surtout beaucoup de confusion et de manque de clarté de la part de l’UCI.
Pas fameux cette équipe. Leurs pourvoyeurs de résultats, Cavendish et Boasson Hagen, semblent sur le déclin et derrière ça ne suit pas encore. J’espère pour eux que leurs espoirs (Mäder, O’Connor, voir Gibbons) vont prendre le relai, que la mauvaise passe de Valgren soit temporaire et que les vieux briscards aient encore quelques tours dans leurs sacs.
Dimension Data, la Cofidis du World Tour.
Blague à part, ce système de points et de promotion relégation va encourager la course à l’armement financier, la concentration de talents au sein des mêmes équipes, et la prudence et le conservatisme pendant les courses pour accumuler les points. Tout ce dont nous rêvons pour le cyclisme.
Ce que je crains le plus, c’est surtout que les équipes en quête de points préfèrent bâcher des courses phares du calendrier pour se refaire la cerise sur des épreuves peu réputées mais pas trop mal dotées en points type Tour de Turquie ou Tour de Guangxi.
D´un autre coté ces epreuves continuent d´evoluer; hier le podium de l´etape en Turquie avait de l alure; tout comme l´interessant jeu des derniers km .
Le plateau au tour de Turquie est globalement vraiment faible pour une course WT, a peine mieux que certaines classe 1 (le tour de Provence par exemple avait un meilleur plateau)
Procyclingstats a essayé de développer un classement des courses en fonction de leurs engagés. Le Tour de Turquie se situe au-delà de la 100e place loin derrière le Tour de Provence.
https://www.procyclingstats.com/statistics.php?p=races&s=races-ranked-by-startlist-quality&datum=2019-04-16&filter=Filter
merci pour l’info! ce classement ne dit pas tout, mais donne quand même une idée. Cela confirme que le tour de Turquie en WT c’est une farce comme savent si bien le faire ces incapables de l’UCI