Il y a dix ans presque jour pour jour (le 9 juillet 2008), Mark Cavendish remportait sa première étape sur le Tour de France à Châteauroux. Depuis, le Britannique a souvent dominé, parfois laissé le costume de sprinteur n°1 à d’autres. Aujourd’hui, le voilà face à un nouveau défi : égaler Eddy Merckx au nombre de victoires sur le Tour. Sans oublier ce qu’il a fait depuis une décennie.

Des débuts supersoniques


Trente victoires en tout et pour tout sur la Grande Boucle, c’est déjà l’incroyable total d’un Cavendish encore en activité. Étalées sur neuf éditions, de 2008 à 2016, ses victoires ont d’abord été le fait d’un talent au sommet de son art, bien aidé par des trains magiques successivement chez Columbia, Highroad puis HTC, portant son total à vingt succès après une troisième démonstration consécutive sur les Champs-Elysées en 2011, détruisant la réputation d’outsiders comme Farrar et Ciolek, rapidement devenus des « lucky second ».

La suite fut moins vrombissante, avec dix autres bouquets en cinq ans. Malgré une équipe Sky déjà bien métamorphosée sur les courses par étapes refusant de mettre une équipe complète à disposition du champion du monde de Copenhague, le maillot arc-en-ciel parvient à récidiver en 2012, avant de connaître un coup d’arrêt paradoxal sous le maillot Etixx-Quick Step. La concurrence des Allemands Greipel et Kittel rompt sa monotonie victorieuse. Loupant un maillot jaune qui lui était promis chez lui à Harrogate en 2014, sur chute, il ne remportera qu’une étape en 2015, avant un retour en grâce l’année suivante chez Dimension Data.

À quatre longueurs du Cannibale


Désormais âgé de 33 ans, le Britannique n’a plus les jambes de feu des années 2009 à 2012, qui lui ont permis de conquérir entre autre Milan-Sanremo, le maillot vert et celui de champion du monde. Victime d’une mononucléose au printemps 2017, le champion d’Outre-Manche enchaîne les galères et ne parvient plus vraiment à se rassurer, décrochant seulement deux victoires en deux saisons, toutes aux Émirats. Indigne de son standing, qu’il compte étoffer par la seule obtention du record de victoires d’étapes sur les routes du Tour. Après avoir connu moultes chutes et une carrière bien faste, un sprinteur qui affirme désormais craindre les frottements aurait très bien pu raccrocher tout en restant heureux. Mais non, le dernier objectif de sa carrière est bien de dépasser le maître Eddy, pour rester peut-être éternellement dans l’histoire de son sport.

Presque inarrêtable lorsqu’il retrouve la mécanique de la gagne


Parmi les meilleurs sprinteurs en activité, tous ont connu leur heure de gloire sur les différentes épreuves de trois semaines. Cavendish, principalement sur le Tour et le Giro, Kittel et Greipel sur les deux mêmes épreuves, Gaviria en Italie, Degenkolb en Espagne. Mais tous n’ont pas les mêmes séries statistiques une fois leur compteur débloqué. À ce jeu, la suprématie du Cav’ est révélatrice, puisque même le fantastique thüringien de Quick-Step n’a pu égaler ses six chefs d’oeuvre de 2009 l’an passé. La faute aux reliefs montagneux, qui ont si souvent handicapé les purs sprinteurs en difficulté durant les troisièmes semaines. Alors, certes, il y avait bien Petacchi et ses neuf étapes sur le Giro 2004, mais sur le Tour, aucun de ses challengers présents n’a réussi à faire aussi bien. On souhaite bien du courage à celui qui compte dépasser la barre des six cette année. Et au vu de la hiérarchie, très serrée, cela semble mission impossible.

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