Thomas De Gendt est un véritable chasseur d’étapes. Peut-être le meilleur du peloton. A tel point qu’il a lui même demandé à participer au Tour de Romandie, faute de victoire sur l’épreuve suisse. Et hier, comme si c’était simple, le Belge a levé les bras après un numéro dont lui seul a le secret.

S’échapper, sa philosophie

Etre échappé avec Thomas De Gendt est presque synonyme de défaite assurée. Parlez-en à Andriy Grivko ou Nathan Brown, à l’avant de la course hier après-midi sur les terres romandes. Dans leur crâne, un véritable casse-tête s’installait au fur et à mesure des kilomètres : comment le battre ? La solution était inexistante, et le Belge a comme d’habitude appuyé un peu plus fort sur les pédales le moment venu. « Chaque année je deviens plus fort, lâchait simplement De Gendt après l’arrivée. Chaque fois que je passe à l’attaque comme cela, j’ai encore plus d’expérience que la fois précédente, mais aussi un peu plus de force dans les jambes. » S’échapper encore et encore pour être meilleur d’année en année. Tel pourrait être son secret. Une seule saison, en 2013, il a mis de côté sa philosophie offensive pour tenter d’être performant sur les classements généraux. Son podium sur le Giro 2012 l’encourageait en ce sens, mais les résultats manquant, l’homme de Sint-Niklaas est revenu aux sources, à 27 ans.

« Cela a toujours été mon style, racontait le Belge au site internet de Velon en début de saison. Quand je regarde mes courses depuis presque 20 ans, j’ai toujours fait la même chose. Je suis allé loin avec cette façon de courir, donc je ne vais pas en changer maintenant. » Loin, c’est le moins que l’on puisse dire. Cet état d’esprit offensif lui a permis de vaincre les pentes du Stelvio en 2012, son « meilleur souvenir » assure-t-il, et celles raccourcies du Ventoux en 2016. Il est même devenu le 101e coureur à remporter une étape sur chaque grand tour après un succès l’an dernier sur la Vuelta. Mais surtout, il possède un taux d’efficacité en échappées impressionnant. Depuis 2009 et ses débuts professionnels, Thomas De Gendt s’est échappé 102 fois. Soit une dizaine par saison. De quoi mettre sans contestation possible l’ancien de Vacansoleil dans la catégorie des baroudeurs.

Un taux de réussite unique

Lors de ces tentatives, 30 % sont allées au bout. Ces statistiques, un coureur ayant le sens de la course lui permettant de saisir la bonne échappée peut les avoir. Mais le barbu de la Lotto-Soudal est encore un cran au-dessus puisque dans ces cas-là, il sait conclure mieux que personne. Douze victoires sur 31 échappées jouant la gagne, soit un ratio hors norme de 39 %. On comprend mieux pourquoi il est l’homme à battre dans le final d’une course où il est à l’avant. Mais si De Gendt parvient à ses fins, c’est parce qu’il choisit bien ses étapes. Il ne se propulse jamais en tête quand le parcours est tout plat et où seul le peloton décide du sort de l’échappée. Les parcours difficiles, où sa force peut faire vaciller les projets du peloton, sont ses favoris. Là où toutes ses qualités peuvent pleinement se combiner.

Il l’a avoué lui même un jour, il est trop complet pour pouvoir cibler certaines terrains. D’où son échec de 2013. Très bon partout, il s’est construit avec ses atouts. Des parcours vallonnés où sa puissance peut parler, des raids aux longs cours où son endurance épuise ses adversaires, et même des arrivées en petit comité où le Belge s’est découvert une belle pointe de vitesse sur le dernier Tour d’Espagne. En somme, un profil assez éclectique pour se fournir un palmarès à faire pâlir de nombreux leaders. Et désormais Thomas De Gendt possède, grâce à ses numéros de soliste inégalables, le respect du peloton, si difficile à obtenir. C’est ça aussi être roi. Sembler inaccessible au reste du monde.

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