Quand on évoque les favoris sur le Tour, Dan Martin n’est pas dans les premiers noms. Pourtant, l’Irlandais progresse d’année en année. En 2016, il terminait neuvième de la Grande Boucle, l’an dernier, il était sixième. Mais sa « poisse » l’a souvent privé de grandes victoires, alors aujourd’hui, le leader d’UAE Emirates profite. Le début de saison de Dan Martin n’a pas été simple. Après son transfert chez les émiratis pour cette année 2018, il a mis du temps à lever les bras et sa première victoire est finalement venue sur le Dauphiné. Son dernier bouquet remontait à février 2017, sur le Tour d’Algrave. Alors à Valmorel, l’ancien vainqueur de Liège-Bastogne-Liège (2013) était heureux de retrouver ses sensations. « Je suis arrivé ici et je me suis dit : OK, je vais courir avec le sourire, je vais garder la tête haute, je vais rigoler avec mes coéquipiers, et si je gagne, je gagne. Sinon, c’est juste une course cycliste. »
Dan Martin le malchanceux
Cette philosophie, Dan Martin l’a toujours gardé. Heureusement, car on ne compte plus le nombre d’épisodes de malchance que l’Irlandais a connu dans toute sa carrière. Prenons par exemple le Liège-Bastogne-Liège 2014, qu’il perd sur chute dans le dernier virage de la course. Deux semaines plus tard, il se fracture la clavicule sur la première étape du Giro, un contre-la-montre par équipes, qu’il disputait à domicile, dans les rues de Belfast… Et l’an dernier, dans la descente du Mont du Chat, il chute avec Richie Porte. Plus chanceux que l’Australien, il peut repartir, mais il terminera le Tour diminué, avec deux vertèbres cassées. S’il l’avait su le soir-même, peut-être aurait-il abandonné. Mais il ne l’apprend que quelques jours après l’arrivée à Paris, où il termine sixième au général. Avec tout ça, à l’approche du Tour 2018, Dan Martin n’espère qu’une seule chose. « Atteindre Paris sans accident et sans maladie. Je ne peux pas dire que je veux obtenir la cinquième place, ou quoi que ce soit, parce que je n’ai jamais fait de Tour sans me blesser, sans tomber malade, sans problème. Si je peux atteindre Paris en bon état, je serais très heureux. »
Un homme bien dans sa peau
C’est donc parti pour un Tour plaisir. Même s’il pourra compter sur quelques solides coéquipiers en montagne (Atapuma et Durasek), Dan Martin n’aura pas à supporter toute la pression des résultats de son équipe, puisqu’il partage le leadership avec Alexander Kristoff. Un atout pour l’Irlandais, qui a toujours expliqué courir « par plaisir ». « J’ai toujours envie de courir, explique-t-il à CyclingNews. Je suis un coureur, après tout. Toutes les séances pendant les camps d’entraînement entre les courses, ça m’ennuie. » A bientôt 32 ans (le 20 août prochain), Dan Martin est heureux dans son métier, et ne compte pas s’arrêter. « Je ne pense pas faire d’énormes sacrifices, explique-t-il. Je sais juste ce que je fais et ce que je veux faire. Ça me plaît d’être un cycliste professionnel. » Le leader d’UAE Emirates peut en plus compter sur le soutien de sa femme, Jessica Martin, elle aussi athlète de haut niveau. La coureuse de fond britannique a participé aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. « Elle comprend le style de vie que nous devons adopter pour réussir, résume-t-il. On ne s’impose pas de manger sain ou de ne pas faire la fête, ce n’est pas ce que nous aimons. Si je veux un verre de vin avec ma viande, je peux, mais je dois travailler plus à l’entraînement. C’est pareil pour elle. »
Ce style de vie place l’ancien de la Pomme Marseille (2005-2007) dans les meilleures conditions avant ce Tour, qui, quoiqu’il puisse en dire, est un moment important de sa carrière. L’Irlandais peut confirmer ses deux derniers tops 10, alors qu’il est théoriquement à l’apogée de sa carrière. L’absence de Fabio Aru, diminué par son Giro compliqué, confirme et conforte la confiance de l’équipe en Dan Martin pour ce Tour de France. Lui ne demande pas moins. « Je vais évidemment continuer à cibler les classiques ardennaises au printemps, expliquait-il en janvier dernier à L’Equipe, mais finir ma carrière sans tout donner pour le Tour de France serait un énorme regret. » Alors l’ancien vainqueur de la Doyenne le sait, il lui faudra passer à travers les gouttes. « Regardez l’étape de Roubaix, vous pouvez perdre dix minutes sur une crevaison, et votre course est finie à cause d’un ennui mécanique. J’ai une équipe incroyable pour m’aider sur la première partie de la course, je reste confiant. » L’optimisme est de rigueur.
J’aime beaucoup ce coureur, offensif, pas avare en effort. J’espère qu’il fera un beau tour de France et que pour une fois la malchance l’abandonnera. Je le vois faire un top 10 (top 5 sera dur quand on voit la concurrence) avec une étape à la clef.