Pour son retour en World Tour, Cofidis s’est souvent montré mais a manqué d’efficacité. Emmenée par un Guillaume Martin en grande forme, l’équipe nordiste signe une saison frustrante, décevante d’un point de vue des statistiques mais avec des motifs d’espoirs pour la suite. Les deux principales recrues de l’intersaison ont connu des destins opposés.
Le top : Guillaume Martin
Transfuge de Wanty-Gobert à l’intersaison, Martin, 27 ans souhaitait franchir un cap en 2020, pour sa première saison complète dans une écurie World Tour. Le pari est réussi haut la main. Quand Cédric Vasseur a présenté son nouveau poulain comme un futur top 5 du Tour, ce n’était pourtant pas gagné. Face à cette annonce osée, des moqueries à peine voilées se sont élevées. Énonçons-le tout de suite : l’objectif n’a pas été atteint. Pourtant, il serait sévère de lui en tenir rigueur tant Guillaume Martin a surpris cette année. Troisième du Dauphiné, huitième du Tour de l’Ain, onzième d’un Tour de France où il aura pesé au cours des deux premières semaines, puis meilleur grimpeur de la Vuelta, le grimpeur français a répondu présent sur les courses par étapes. Sur les classiques, son podium au Mont Ventoux, son boulot lors du Mondial d’Imola et son top 15 à Liège confirment qu’il a le potentiel pour y jouer un rôle. À l’arrivée, sur toutes les courses auxquelles Guillaume Martin a pris part cette année, il n’a jamais terminé au-delà de la quatorzième place. Solide. Le Normand continue sa progression et le choix de signer chez Cofidis, qui ne sonnait pas comme une évidence l’hiver dernier, s’avère payant.
Le flop : Elia Viviani
Un sprinteur prolifique qui quitte le giron Deceuninck-Quick Step pour endosser le leadership unique et avoir davantage de responsabilités, c’est une constante ces dernières saisons. Après l’implacable échec de Marcel Kittel chez Katusha, après les deux saisons mi-figue mi-raisin de Fernando Gaviria chez UAE, voici le zéro pointé d’Elia Viviani avec Cofidis. Jamais deux sans trois. L’ancien champion d’Italie ne pourra pas dire qu’il n’était pas prévenu, mais son choix risqué s’est retourné contre lui. Difficile de savoir à qui incombe la plus grande responsabilité, le coureur ou l’équipe, mais le constat est effrayant : aucune victoire pour Viviani, un Tour de France puis un Giro au second-plan et sans aucun podium, peu d’influence aussi sur les courses d’un standing inférieure et une entente loin d’être au beau fixe avec Christophe Laporte. Un sprinteur défaillant, un train qui ne lui a pas permis de se remettre dans le bon sens, il n’y a pas eu de miracle. Même Attilio Viviani, le petit frère d’Elia, a levé les bras cette année. Après un début de saison difficile, Viviani attendait l’éclaircie mais elle n’est jamais arrivée. Une saison à oublier pour l’ancien pistard, qui doit désormais rebondir en 2021 pour sauver son mariage avec Cofidis.
La stat : 2
En 2020, Cofidis n’a gagné qu’à 2 reprises, avec Attilio Viviani lors de la Tropicale Amissa Bongo et Anthony Perez sur le Tour des Alpes-Maritimes et du Var. Cela représente seulement 10% du total de victoires de la saison passée (20).
J’ai mis 10 : un recrutement réussi, un recrutement raté, mi-figue mi-raisin, 10.
La morale de l’histoire, c’est qu’un grimpeur peut performer tout seul, alors qu’un sprinteur a besoin d’un train pour l’accompagner. Les équipes de pro-conti qui souhaitent recruter une star devraient s’en souvenir.
L’autre morale, c’est qu’entre un grimpeur qui fait une bonne saison et un sprinteur qui fait une mauvaise saison, il n’y a pas de différence à la fin de l’année, c’est 0 victoire pour les deux.
Ça joue aussi. Dans l’envie de recruter un sprinteur, chez beaucoup d’équipes, il y a l’ambition d’accumuler les victoires, avec tout ce qui suit niveau médiatisation, visibilité, etc.
Je pense que gagner le maillot des grimpeurs a la vuelta vaut largement une victoire. En tout cas médiatiquement pour le sponsor c’est incontestable. D’ailleurs Cofidis a estimé sa vuelta très réussi.
Globalement donc, vu les attentes, j’avais donné une meilleure note à Cofidis.
A noter que le ratio de victoire ne veut pas dire grand chose, car au final cofidis a fait bien plus de courses WT , ou il est bien sur bien plus difficile de gagner que des classes classes 1.
Concernant Viviani, il faut etre clair, lorsqu’un coureur de ce niveau va donc une équipe bien moins huppé , c’est tres mauvais signe pour l’evolution de sa carriere.
Un bon grimpeur dans une mauvaise équipe peut remporter des victoires ou montrer le maillot d’une manière ou d’une autre – par exemple Martin a été très médiatisé et de façon positive – alors qu’un sprinteur dans une mauvaise équipe sera complètement invisible au mieux, ridicule au pire.
C’est aussi lié au fait que pour un sprinteur hormis exception, il n’y a que la premiére place qui compte. Un grimpeur/coureur de classement général peut être vu comme performant même sans gagner( surtout lorsqu’il n’est pas le plus fort ni dans la plus forte équipe).
C’est vrai aussi.
oui exact! mais cela s’explique aussi par le fait que les sprinters ont bien plus d’occasions de gagner que les grimpeurs
Je suis assez d’accord avec vos raisonnements mais dans le cas d’une équipe de “bas de tableau” comme Cofidis, ne vaut-il pas mieux adjoindre un équipier de luxe à Martin pour l’aider à remporter une belle victoire d’étape plutôt que de miser sur un sprinter qui doit avoir un train taillé à sa mesure et qui demande beaucoup d’adaptations dans un équipe ??
En misant sur le nombre de victoires afin d’attirer la médiatisation, elle a fini par ne rien récolter alors qu’avec Laporte dans ses rangs, elle aurait pu viser quelques places d’honneur tout en étant moins ridicule sur les sprints du Tour et du Giro. On aurait pu imaginer un train plus faible et un homme plus fort en montagne, ne fût ce que pour dépanner Martin à temps lors de ses ennuis mécaniques. Même s’il a souvent pu se débrouiller seul, l’apport d’un soutien ne pourrait pas lui faire de mal pour franchir un palier.
J’espère pour ce dernier qu’il visera le maillot à pois sur les routes du Tour et une victoire d’étape sur la Vuelta.
On ne refera pas la saison mais la question mérite d’être posée dans ce genre d’équipes.
Cela va dans mon sens : un bon grimpeur accompagné par un bon équipier peut faire de bons résultats (top 10 sur des CG, victoires d’étapes sur des grands tours, maillot à pois). Alors qu’un sprinteur, même l’un des tout meilleurs ne fera rien sans un gros train.
Guillaume Martin n’est pas seul grimpeur, Jesus Herrada et Nicolas Edet doivent pouvoir l’accompagner très loin.
Ce qui m’inquiète le plus est l’isolement de Martin dès que la course se durcit. Soyons clair, l’effectif est celui d’une équipe niveau Coupe de France et non world tour. Perez aurait peut être été le seul à un peu l’aider dans le Tour,au lieu de rester aux côtés de son leader, il est allé se disperser et se planter en courant derrière le maillot à pois, pas très sérieux au niveau de la stratégie d’équipe.
Justement, en tant que grimpeur et coureur de CG de second rang (ce n’est pas faire offense à Martin que de dire qu’il est loin des résultats d’un Roglic ou même d’un Pinot pour l’instant), il n’a pas réellement besoin d’équipiers. Dans les cols, les équipiers ne lui serviraient pas à grand chose de toute façon.
Qu’il faille un equipier de luxe, un lieutenant ou un coleader, le constat est le même, Martin est l’arbre qui cache non pas la forêt mais le désert, au moins chez Wanty il y avait Meurisse, et c’est pas le recrutement effectué à ce jour qui me rassure pour la prochaine saison.
A part pour ISN (où j’étais pile entre les deux, avec une note de 10), jusqu’à présent j’étais plus proche de la note des lecteurs que de celle de CDV. Cette fois-ci c’est l’inverse (j’ai mis 9). A part la belle saison de Martin (3e du Dauphiné et maillot à pois de la Vuelta), l’équipe a été assez catastrophique, notamment Viviani qui a été en-dessous de tout.