En cette fin d’année, il est l’heure de revivre les plus beaux moments de la saison. Ceux qui nous ont fait bondir de notre canapé, ému ou révolté. Ceux que l’on retiendra longtemps, malgré les années qui passeront. Au gré des articles marquants de 2018, nous vous proposons donc de vous replonger dans ces épisodes un peu à part. A chaud, comme si vous y étiez. Aujourd’hui, deuxième épisode avec le sacre de Peter Sagan sur Paris-Roubaix.

On ne lui parlait que de ça. Peter Sagan était attendu sur Paris-Roubaix plus que nulle part ailleurs. Lui ne voulait pas trop s’avancer, pas trop en faire, occupé il faut le dire à pester contre des adversaires pas assez coopératifs à son goût. Mais quand il a fallu se taire et agir, il a manœuvré à la perfection pour s’offrir un deuxième monument.

Un numéro, comme Boonen et Cancellara

Le clin d’œil à Tom Boonen est involontaire, mais cocasse. Il y a trois jours, le Belge avait taclé le Slovaque après ses plaintes des dernières semaines. « Je ne pense pas que Sagan devrait vraiment parler d’un manque de coopération. C’est lui qui commence toujours à traîner. […] Si vous faites ça, il vaut mieux se taire. » Le triple champion du monde avait répondu à sa façon, postant sur les réseaux sociaux une photo de sa poignée de main avec Boonen après sa victoire aux Mondiaux de Richmond, en 2015, accompagnée d’un cœur. Ce dimanche, il en a comme remis une couche, sans doute sans y penser, en remportant son premier Paris-Roubaix, l’ancien pré-carré du Belge, quadruple vainqueur de l’épreuve. Et même s’il est encore loin de Tommeke, sept victoires en cumulé sur le Ronde et Roubaix, il se fait une place dans le club fermé des vainqueurs des deux monuments pavés.

Mais cette place, Sagan ne se l’est pas faite n’importe comment. Il a pris le contre-pied des dernières semaines où, lassé de l’attitude de ses rivaux, il restait au chaud en attendant d’éventuelles arrivées au sprint. Cette fois, alors que les Quick-Step, Van Avermaet et les autres imaginaient peut-être le voir continuer dans cette stratégie attentiste, il a placé la banderille qu’il fallait, à 55 kilomètres de l’arrivée, sur une portion asphaltée qui plus est. Personne n’a voulu sauter dans sa roue, et personne ne l’a jamais revu après ça. Plus fort que n’importe qui dans les secteurs pavés et épargné par la malchance qui l’avait foudroyé l’an dernier, le Slovaque a rapidement mis tout le monde d’accord. L’indécision résidait dans la distance qu’il restait à parcourir, parce qu’une crevaison ou une chute au mauvais moment auraient tout remis en question, mais hormis ça, rien ne pouvait stopper Sagan sur la route de Roubaix.

Là où il voulait être

Comme lorsqu’il avait remporté le Tour des Flandres, son premier monument, en 2016, il a donc fait les choses en grand. Comme si plus qu’une prestigieuse ligne à son palmarès, il souhaitait avant tout qu’on se rappelle de ce qu’on avait vu. La valeureux Silvan Dillier s’est accroché jusqu’au bout, faisant renaître dans nos esprits le souvenir des échecs passés de Sagan. Mais au sprint, le Suisse n’a finalement pas pu faire illusion. Et Sagan, vélo doré couché dans la pelouse du vélodrome, blagueur sur le podium protocolaire et le sourire jusqu’aux oreilles pendant plusieurs minutes, a pu savourer et se préserver de tout commentaire désagréable. Il n’était plus question que de remerciements envers une équipe qui, il est vrai, a fait un gros boulot jusqu’à ce que le patron décide de terminer seul. Juraj Sagan avait d’ailleurs le regard d’un enfant en observant son petit frère soulever le mythique pavé. Peter est dans la légende depuis un moment maintenant, mais chaque nouvelle victoire est pour lui l’occasion de s’y faire une place un peu plus grande.

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