Enfin. Peter Sagan a enfin gagné Paris-Roubaix, son Paris-Roubaix. Il était le plus fort, sans aucun doute, mais a douté jusqu’au bout. 2018 constitue certainement sa meilleure campagne flandrienne, avec deux victoires de renom (l’Enfer du Nord et Gand-Wevelgem), et une sixième place sur le Tour des Flandres. Face à un grand Niki Terpstra, Sagan a su se sublimer.
Le numéro roubaisien
On le répète de saison en saison, Peter Sagan est un ovni. Le Slovaque est un coureur qui marque les mémoires au fer rouge, pour ses performances, ses numéros, ses frasques, bref, pour ce qu’il est. Le jour de sa retraite arrivera, nous nous souviendrons de sa carrière, et l’un des premiers souvenirs qui remonteront à la surface sera certainement ses bras levés sur la piste du vélodrome de Roubaix, facile, seul au monde ou presque – à l’exception d’un grand Silvan Dillier en arrière-plan. Ce Paris-Roubaix 2018 est probablement le plus grand numéro de Sagan sur une grande course. Un raid de 55 kilomètres, avec les rescapés de l’échappée du petit matin et devant tous les favoris. Un face-à-face tenace mais amical entre Sagan et Dillier, jusqu’au vélodrome. Et finalement, un maillot arc-en-ciel qui lève les bras – une première depuis 1981 et la victoire d’un certain Bernard Hinault.
« Quand j’étais plus jeune, expliquait Sagan après la course, mon rêve était de gagner Paris-Roubaix avant tout. C’est sans doute la plus grande victoire de toute ma carrière. Merci à l’équipe, merci à mes coéquipiers. C’est le paradis. C’est fabuleux de gagner Paris-Roubaix, ça me rend heureux. » Cette joie sincère, on la connaît finalement très peu chez Sagan, plutôt habitué à célébrer ses victoires en faisant le show pour le public. Savourer n’est pas tellement dans ses habitudes, du moins pas devant les caméras. Sa réaction, en avril dernier, est finalement la plus belle preuve de l’importance de cette victoire pour le Slovaque.
Un mano a mano qui sublime Sagan
Ce succès a conclu pour Sagan une très belle campagne des classiques. Pourtant, elle avait commencé par une chute et une timide 26e place sur le GP E3. L’autre homme en forme de ces classiques, Niki Terpstra, levait alors les bras pour la première fois de la saison et marquait lui aussi son territoire. Mais Sagan s’est vite rassuré, en s’imposant au sprint lors de Gand-Wevelgem, face à une palanquée de favoris (Viviani, Démare, Naesen, Stybar, Stuyven).
Terpstra n’était pas cette fois dans le coup, mais le duel entre le Néerlandais et le Slovaque a réellement repris sur le Tour des Flandres. Et cette fois, le Néerlandais a repris la main, en partant à 30 kilomètres de l’arrivée, dans le Vieux Quaremont. Très en forme, Terpstra s’est imposé facilement, aidé par la supériorité évidente de son équipe Quick-Step. Sagan a été le seul à sonner la révolte, dans le Paterberg, en vain. Le champion du monde en titre n’a pas pu faire mieux que sixième – son sixième top 10 en sept participations au Ronde.
Mais Sagan est arrivé à Compiègne revanchard, avec l’envie de faire tomber les Quick-Step. Pendant une semaine, tous les suiveurs avaient élaboré des scénarios pour savoir comment ce Paris-Roubaix pouvait échapper à Terpstra ou à son équipe. Le seul valable s’appelait Peter Sagan, capable de dynamiter la course sur un contre fatal. Une seule cartouche, en plein dans la cible : Sagan s’est envolé. Terpstra était piégé, et à son arrivée au vélodrome, troisième à moins d’une minute du duo de tête, il a pu logiquement nourrir des regrets. C’était certainement son année, mais Peter Sagan lui pique la vedette.
Je ne suis pas fan du coureur néerlandais mais pour le coup il aurait largement mérité ce titre cette année . Malheureusement il n’est pas aussi sympathique et charismatique que Sagan et c’est clairement ce qui a fait la différence dans votre choix . La victoire de Tepstra sur le tour de Flandre n’est ni inférieure ni moins belle que celle de Sagan à Roubaix . Alors oui l”équipe quick step était forte mais si Tepstra n’avait pas été aussi costaud il n’aurait rien gagné . Mais la course Paris-Roubaix semble avoir plus d’importance à vos yeux que le Ronde . Sagan est tellement adulé qu’une victoire aussi belle soit-elle d’un autre coureur ne sera jamais autant appréciée .
En 2012 un certain Tom Boonen a fait lui aussi un raid de 55 km sur les pavés de Roubaix mais tout seul !
en même temps si Sagan était a la quick step, et ce depuis le début de sa carrière, il aurait déja 2 tour des flandres, et deux Roubaix a son palmares .. je sais avec des si…Sagan a fait un choix de carrière et a mis du temps a être entouré de bons ” flandriens” qui lui aurait permis d’aligner les succès . Vous me direz que si terptra était seul leader à laQuick step, il aurait un palmares plus conséquent.. ah avec des si…. je plaisante . Concernant Terpstra on aura la réponse très vite…
Je partage l’avis de Pat, pour le coup. Vous tendez un peu à “revisiter” sa performance à Roubaix: à vous lire, on dirait presque qu’il fait un raid solitaire (alors qu’il profite de l’aide non négligeable d’un très grand Dillier – et qu’on ne vienne pas me dire: oui, mais échappée matinale… On sait qu’à Roubaix, ça ne joue pas tellement, comme l’a démontré Hayman, par exemple). D’autant plus qu’on ne mentionne pas non plus que les favoris le laissent partir et lui offrent un joli bonus sans qu’il doive forcer (à mon avis, parce que, d’une part, ils voulaient obliger QS à rouler, et d’autre part, parce que, sur la base de l’E3 et du Ronde, ils pensaient que Sagan ne tiendrait pas la distance). Et, dans le même temps, vous tendez à minimiser ses contre-performances. Une timide 26e place à l’E3: il a explosé littéralement à un moment. “Il sonne la révolte dans le Paterberg, mais en vain”… Oui, il accélère dans le Pater, mais il ne reprend rien sur le plat (ni sur Terpstra, ni sur Pedersen) et se fait reprendre par le groupe derrière. Il était trop juste, tout simplement (comme sur l’E3). Et, si la… Lire la suite »
Balottage serré entre CV et les commentaires; j´avoue avoir cocher sans hésiter Sagan pour l´art et la maniére dans un premier temps .
Aprés c´est vrai que ca peut se discuter selon les points de vue .
Son sprint magistral de Vewelgen reste, pour moi, une image fantastique . Et que dire de son superbe Paris Roubais face à la force de frappe QS et à son cadenassage lassant pour le spectacle sur les Flandriennes .
Gagner ces 2 courses mytiques face à l´hyper domination 2018 de QS; et bien oui, c´est aussi à mon sens, une performance digne du meilleur des flandriens !
Parler de cadenassage lassant pour décrire QS je trouve ça gonflé, sur l’E3 ils nous ont offert un superbe spectacle avec Terpstra et Lampaert qui ont mis la pagaille très loin de l’arrivée, sur PR Gilbert est le premier des favoris à attaquer dans la Trouée d’Aremberg. Et tu oublies vite PR 2016 où ce sont bien Boonen et Martin qui enflamment la course, et le Ronde 2017 où ils ont lancé la course dès le Kapelmuur avant que Gilbert ne nous gratifie d’un superbe numéro !
C’est un “cadenassage” par l’attaque. Ils étaient cette année tellement forts collectivement qu’ils savaient qu’en attaquant les premiers, ils allaient gagner, car derrière y avait trois autres mecs capables de contrer pour gagner.
Sagan a gagné le jour où il a attaqué le premier, les QS n’ont pas pu “cadenasser” car aucun des vainqueurs potentiels ne voulait faire l’effort pour offrir la victoire à un autre QS.
Il y avait donc bien une forme de cadenassage.
Merci reg pour ce developpement qui illustre bien le point de vue que je souhaitais partager; et qui apriori a dut manquer de clartée pour certains .
D´ailleur ce n´est pas que sur les Flandriennes que QS “cadenassait” cette période des claissiques ; Líège 2018 en fut aussi une autre illustration et Jungels en a bien profité .
Par contre á Paris Roubais, cette tactique du premier qui attaque n´a pas bien fonctionné et Sagan sur une simple accéleration les à tous mis dans l´ambarras .
Il y avait bien domination mais les QS ont assuré le spectacle, c’est un tout autre style que la Sky.
Sinon je suis assez d’accord que terpstra mérite le titre.