Nous voulons vous raconter une histoire. L’histoire d’une anomalie statistique qui permet à une jeune nation de 2 millions d’habitants de lutter avec les poids lourds historiques du cyclisme mondial en s’appuyant (quasi) uniquement sur deux coureurs au sommet de la hiérarchie actuelle : Primoz Roglic et Tadej Pogacar.
Le Tour comme projecteur
Lors de la semaine du 13 au 19 septembre 2020, Google enregistre en France un petit pic d’intérêt pour la Slovénie dans son moteur de recherche, qui connaît son plus haut niveau depuis plus de quatre ans. Ce même 13 septembre, sur le Tour de France, Tadej Pogacar et Primoz Roglic avaient frappé fort sur l’ascension du Grand Colombier en s’adjugeant avec maîtrise les deux premières places d’une étape attendue, confortant leurs deux premières places au classement général. Six jours plus tard, le cadet réalisa l’exploit dans le contre-la-montre de la Planche des Belles Filles pour déposséder son aîné du maillot jaune.
Si la montée en puissance du cyclisme slovéne était actée de longue date par les suiveurs, ces deux démonstrations ont permis de faire passer le mot jusqu’au dernier des profanes. La semaine suivante, la Slovénie se hissait d’ailleurs pour la première fois en tête du classement des nations de l’UCI, qui était chasse gardée de la Belgique, la France et l’Italie depuis mars 2016.
L’ancienne république yougoslave a manqué de peu d’achever l’année 2020 à cette position avant de se faire dépasser en toute fin de saison par notre vivier tricolore. Après un petit relais passé fin mars (2 semaines), c’est désormais la Belgique (bénéficiant du retour de la plupart des flandriennes au calendrier) qui a repris les commandes. Mais la prestation du tandem Roglic-Pogacar au Pays-Basque et l’imminence des Ardennaises peuvent encore bousculer la situation.
De Spilak à Pogacar
La progression de la Slovénie au sein du cyclisme mondial est comparable à la progression de ses deux champions actuels. Avant 2016, seul l’énigmatique Simon Spilak brillait par intermittence sur le World Tour. L’année suivante, Primoz Roglic réalisait ses premiers coups sur le Tour d’Italie avant de s’affirmer comme un spécialiste des courses à étapes, la consécration arrivant sur la Vuelta 2019. Le coup d’accélérateur est néanmoins venu de Tadej Pogacar, qui faisait au même moment une entrée fracassante dans le peloton professionnel. Désormais, les deux garçons occupent les deux premières places du classement individuel UCI et portent leur pays au sommet du classement des nations.
Ce classement fonctionne très simplement : il compile les points des huit meilleurs coureurs de chaque nationalité au classement individuel, lui-même basé sur les performances réalisées au cours des 52 semaines précédentes. C’est un classement très homogène où les premières places sont occupées par un petit groupe de pays (France, Belgique, Pays-Bas, Italie, Espagne, Colombie, Grande-Bretagne, Australie).
Depuis sa mise en place en 2016, rares ont été les nations capables de venir bousculer la hiérarchie. Un Peter Sagan au sommet de son art avait poussé la Slovaquie à la 9e place en 2016 mais ses épaules ne sont plus aussi larges (22e). Le Danemark (7e) est en train de s’installer durablement dans le Top 10 grâce à l’éclosion d’une belle génération (Pedersen, Kragh Andersen & Asgreen), mais rien de comparable avec le tour de force des Slovènes.
Un ouvrage à 4 jambes
1, 2, 79, 83, 208, 256, 346, 628. Il ne s’agit pas d’une suite mathématique mais du classement des huit coureurs représentants la Slovénie au classement par nations de l’UCI. Loin du duo Roglic-Pogacar (totalisant 85% des points du pays), le troisième meilleur slovène du peloton actuel est Matej Mohoric, 79e. A titre de comparaison, les huit meilleurs belges et français figurent tous dans les 60 premières positions. Le dernier slovène comptabilisé, Domen Novak, compte autant de points que le 63e meilleur coureur français du moment (Bruno Armirail).
Si la Slovénie compte deux champions dans ses rangs, il s’agit de deux oasis dans un vivier national relativement désertique. Sa présence au sommet du classement des nations de UCI est plutôt incongrue et pourtant, elle pourrait durer quelques années : Tadej Pogacar a l’avenir devant lui et Primoz Roglic, malgré ses 32 ans, est encore relativement nouveau dans ce peloton. De quoi entretenir cette curieuse anomalie.
Il y a eu un précédent curieux: dans les années 80, la petite Irlande inexistante jusqu’alors dans le cyclisme a donné en même temps deux grands champions Roche et Kelly.
Quelqu’un peut expliquer par quel phénomène la Nouvelle-Zélande a pu se retrouver en tête du classement U.C.I. par nations durant deux semaines ? A part un début de saison aux antipodes boudé par les coureurs de l’hémisphère Nord, je ne vois pas trop… Et pourtant, j’ai beaucoup de respect pour les cyclistes néo-zélandais.
C’est en partie la raison. Quand le classement par nations a débuté en 2016, il ne comprenait pas encore les résultats de la saison précédente. Le championnat national de la Nouvelle-Zélande était l’une des premières courses de l’année d’où une 1ère place en trompe-l’œil suivie par celle de l’Australie en attendant les 1ères grandes courses européennes.
En effet, c’était bien ce que j’avais supposé. Merci pour la confirmation.
Andorre devrait faire son championnat national le 1er janvier pour se hisser à la tête du classement UCI au moins 24 heures.
Ce qui me surprend c’est cette incessante “valse des pays dominateurs du vélo”. Depuis le début du millénaire, on a eu l’Espagne qui avec Contador, Valverde, Sanchez, Sastre ou Mayo impressionnait tout le monde (en tennis et foot également je crois), puis ce fut le tour du Royaume Uni avec les “pour le moins inatendus” Wiggins, Froome, Cavendish ou Thomas et ce malgré une belle poussée des Colombien (Quintana, Sosa, Bernal…) et à présent c’est la Slovénie.
On note du reste souvent un effondrement après la domination. Ainsi, l’Espagne n’a plus vraiment de coureurs importants, Valverde étant en fin de carrière (depuis 10 ans !) et Soler ne confirmant pas.
Bon allez, je vais jeter un pavé dans la mare… Pour relativiser la suprématie slovène ! Je m’explique : S’Il est possible d’obtenir des points sur chaque course enregistrée au Calendrier International Route UCI, le nombre de points en jeu varie cependant beaucoup d’une course à l’autre ! Chez les Hommes Elite, c’est la victoire finale sur le Tour de France qui génère la plus grosse rentrée sèche : 1’000 points, contre 850 pour le Giro ou la Vuelta… Parmi les courses d’un jour, le total de points maximal est distribué lors de la course en ligne des Championnats du Monde Route UCI et des Jeux Olympiques, qui valent l’une comme l’autre 600 points ! Dès lors, même si sur l’ensemble du calendrier, tous les rendez-vous comptent. Inutile donc de préciser que les vainqueurs de grands tours ( et qui peuvent le gagner en remportant seulement une ou deux étapes !) sont largement favorisés dans l’attribution des points ! A ce jour, si Roglic et Pogacar occupent les deux premières places du classement mondial,… Van Aert est troisième, Van der Poel quatrième et Alaphilippe cinquième… Ors, au classement des courses d’un jour, Van Aert est premier, suivi de Van der… Lire la suite »
Pour avoir une idée de la vraie force d’une nation cycliste, le plus simple est de tenir compte uniquement de la place disons du 8ème de chaque pays. Cela efface les distorsions provoquées par un ou deux ” monstres” isolés tels Sagan naguère et le duo Roglic-Pogacar aujourd’hui.
Moi ca me fait plutot penser a la “vague” d’americain au debut des années 2000, les suisses fin des années 90, ensuite les espagnols (mème si eux ont toukour eu quelques grands leaders), brits, etc…
Ca ressemble plus a des “clans” qui ont trouvé la formule de la potion de panoramix