Cette semaine, la Chronique du Vélo décerne ses récompenses de l’année. Dans chaque catégorie, douze de nos rédacteurs ont livré leurs podiums, attribuant ainsi trois points au premier, deux au deuxième et un au troisième. De quoi vous livrer notre podium final, en attendant de savoir, via le sondage en fin d’article, si vous aussi, vous auriez récompensé le même coureur.

De 2020, le public ne retiendra peut-être que l’exploit retentissent d’un jeune Slovène à la Planche, ou la défaite cocasse d’un récent champion du Monde à Liège. Mais partout, Primož Roglič était là. Présent à Imola après avoir perdu son Tour dans le fracas, vainqueur à Liège-Bastogne-Liège sans lever les bras, avant de remporter sa deuxième Vuelta. Le leader de Jumbo-Visma est ainsi notre coureur coureur de l’année, alors même qu’il a connu en 2020 la plus grande désillusion de sa carrière.

Une banalisation de la régularité

Primož Roglič fait passer ses adversaires bavards et expressifs pour des tendres. Visage flegmatique, parole discrète, croix tatouée sur l’avant-bras comme un tueur d’ambition qui chercherait sa rédemption, le Slovène incarne un cyclisme rude et mécanique, peu populaire mais si efficace. Cette saison encore, il n’a cessé de le prouver. Après avoir observé une trêve de près de huit mois, étant l’un des seuls à ne pas avoir couru avant le confinement, il a brillé dès sa rentrée. Neuf premiers jours de course sans sortir du top 10, quatre victoires, dont le Tour de l’Ain, à une chute de probablement gagner le Critérium du Dauphiné, Roglič a tout emporté, même la crédibilité du concept de « course de préparation ».

Au départ de la Grande Boucle à Nice, il était donc le favori dans la course au maillot jaune. Mais son approche trop méthodique a parfois semblé l’enfermer dans une stratégie dénuée d’instinct. Il aurait dû bâillonner Tadej Pogačar dans Peyresourde, il aurait pu attaquer et faire des écarts à plusieurs reprises. Il ne l’a pas fait. Ce Tour, il l’a dominé sans le dompter, alors il lui a échappé. Sur les pentes de la Planche des Belle Filles, dans la solitude d’un chrono, le leader et son équipe hégémonique ont ainsi vacillé face à Pogačar, face à la fougue, face à un autre cyclisme. Le résultat final de Primož Roglič, cinquième sur la ligne à une trentaine de secondes du deuxième, dauphin du jeune et jaune Pogačar, n’est cependant pas à jeter, beaucoup l’auraient aimé.

Un coureur insatiable

Des déceptions, des chutes, le coureur de 30 ans en a déjà connu, sur des skis, par des musettes mal saisies. Mais le garçon est résilient. Une semaine après Paris, il s’alignait déjà au côté de son bourreau et compatriote pour le Mondial. Après 250 kilomètres, il était dans le bon coup derrière Julian Alaphilippe, discret sur un terrain qui n’était pas totalement le sien. Le dimanche d’après, il découvrait Liège-Bastogne-Liège. Là encore, après plus de 6 heures d’effort, il traînait dans le bon groupe. La suite, c’est le destin qui cette fois choisit Roglič. Alaphilippe s’écarte, condamne Hirschi et Pogačar, puis prétend gagner trop loin de la vérité. Roglič est là, à sprinter jusqu’à la ligne, malgré son retard et des bras déjà levés. La photo n’est pas pour lui, la victoire si.

Mais la saison du Slovène n’était pas encore terminée. Quinze jours plus tard, le voilà en Espagne. Sur cette Vuelta, dont il était le vainqueur sortant, plus question de se retenir, de trahir sa générosité pour une quelconque stratégie de dernières journées. Dès la première étape, sa victoire l’a habillé de rouge. Bousculé par Richard Carapaz sous la pluie d’Aramon Formigal, puis sur les pentes de l’Angliru, c’est finalement sur l’unique contre-la-montre que Primož Roglič a protégé son succès en décrochant sa quatrième victoire d’étape. Quatre bouquets qui l’ont placé comme l’un des deux hommes les plus prolifiques de la saison, derrière Arnaud Démare. Un maillot rouge, surtout, qui fait de lui un vainqueur de monument et de grand Tour sur la même saison, comme Cunego et Di Luca avant lui, sur ce siècle. Dans un peloton où la jeunesse prend le pouvoir, où les stars ont moins de 25 ans, parfois même moins de 23, un trentenaire reconverti continue de faire son chemin. Sans les faveurs du public, mais avec endurance et résilience.

Selon vous, qui est le coureur de l'année 2020 ?

Voir les résultats

Primoz Roglic
35pts
Wout Van Aert
16pts
Tadej Pogacar
11pts
Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.