Il y a un an tout pile, Cavendish, déjà, courait après la forme et la confiance. Il sortait d’une mononucléose et n’était pas assuré d’être sur le Tour. Cette année, il est un peu moins dans l’incertitude, mais à 33 ans, il peine à emmagasiner les succès avant son rendez-vous de juillet.

Un nouveau Cav’

Début février, à Abu Dhabi. Pour son troisième jour de course en 2018, Mark Cavendish ouvre son compteur à Fujairah, battant Bouhanni et Kittel. Personne n’est alors vraiment inquiet pour lui. Sauf que depuis, il n’a pas gagné la moindre course. Depuis son arrivée en World Tour, en 2007, il n’a connu pareille disette qu’à une seule reprise : l’an dernier. On se gardera donc bien d’annoncer que le Britannique est devenu un sprinteur lambda, dont la capacité à gagner a été rongée par les années. Mais à quelques semaines du Tour, force est de constater que le Cav’ n’a jamais vraiment été habitué à être si peu en confiance. La semaine dernière, présent sur le Tour de Slovénie pour se rassurer quand beaucoup d’autres optaient pour la Suisse, il a chuté dès la première étape et a terminé l’épreuve sans même un top 5 à se mettre sous la dent.

Alors oui, Cavendish change. En début de saison, il a enchaîné les gamelles, plus ou moins sérieuses mais toujours inquiétantes. Au moment d’évoquer ce mal propre aux sprinteurs, Frédéric Moncassin allait un peu plus loin. « Le sprint, c’est la guerre, et il faut être un tueur. Cavendish l’était, mais il ne l’est plus. A ses débuts, c’était un gros voyou. Maintenant, il lui manque la folie, le moment où on débranche pour aller chercher la gagne. » L’analyse est dure. Mais en réalité, le Britannique lui-même reconnaît avoir évolué dans ce sens. Il y a un peu plus d’un an, il avait accordé un long entretien à CyclingTips. « Je suis plus habitué à perdre aujourd’hui que je ne l’ai été, disait-il alors. Vous vous y faites. Et vous mûrissez. Vous grandissez. Vous réalisez qu’il y a plus important dans la vie. […] Il y a autre chose que le cyclisme désormais. Je peux débrancher. Peu importe ce que j’ai fait. Je suis toujours le père de mes enfants, je suis toujours Mark pour ma femme. Ça aide. Je peux survivre. J’aime mon sport, je peux être déçu, mais je ne suis plus vraiment énervé. »

Sans précipitation

Peut-il encore régner sur le sprint mondial avec cet état d’esprit ? Sur le Tour, l’an dernier, il était en tout cas dans le coup avant de devoir abandonner suite à sa chute à Vittel. Pas le plus fort, certes, parce que le duo Kittel-Démare semblait au-dessus des autres. Mais un outsider crédible pour chaque sprint. Il n’y a aucune raison qu’il ne le soit pas de nouveau. Cette semaine, il a décidé de s’offrir quelques jours supplémentaires pour emmagasiner des kilomètres et si possible prendre confiance, sur la nouvelle épreuve italienne, l’Adriatica Ionica. « Je suis plutôt optimiste sur le fait qu’il va tout donner et répondra présent sur le Tour, rassure son directeur sportif, Rolf Aldag. Si on a notre routine, alors on sait qu’il peut battre n’importe qui. » L’Allemand ne s’inquiète donc pas. Pour lui, battre tout le monde avant le Tour est anecdotique. Le tout est d’installer les automatismes pour être prêt quand ça compte vraiment. Et pour ça, Cavendish, trente victoires au compteur sur la Grande Boucle, connait la recette mieux que personne.

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