Membre du retentissant « Wolfpack » de l’équipe Quick-Step, Rémi Cavagna s’apprête à courir le contre-la-montre du championnat de France. Dans un Hexagone où les purs spécialistes font toujours défaut, le Clermontois s’avance comme l’un des favoris à Mantes-la-Jolie, et comme un sérieux espoir pour le futur.

Un mauvais souvenir à effacer

Curieux en 2017, se laissant aller à quelques échappées pour découvrir pleinement l’élite du cyclisme mondial, Rémi Cavagna n’a pas raté sa reprise en 2018. En forme dès l’hiver, il signe alors un top 10 sur le premier chrono de la saison, au Tour de San Juan, avant de remporter en solitaire À travers la Flandre-Occidentale grâce à un jeu d’équipe parfaitement maîtrisé. Sa première victoire chez les pros. Sur sa lancée, il réussit à obtenir une sélection pour son tout premier grand tour, le Giro, au mois de mai. Contrat rempli, puisque le Français a rallié l’arrivée romaine, et filé régulièrement de bons coups de main au sprinteur maison Elia Viviani. Depuis, une coupure méritée, mais loin de rimer avec vacances. Et pour cause, demain jeudi, c’est son objectif annuel qui se profile du côté des Yvelines, avec le contre-la-montre des France qu’il a déjà remporté à deux reprises chez les espoirs.

Une dynamique confirmée par son directeur sportif, Wilfried Peeters. « Le championnat national, c’est toujours très important. Rémi n’a pas énormément couru, mais il reste très motivé pour faire un bon résultat. » Sur le tracé de Chantonnay l’an passé, il faut dire que le crack des catégories inférieures avait dû déchanter, en terminant à une anonyme 36e position, concédant plus de cinq minutes au vainqueur Pierre Latour. Une frustration qu’il doit surmonter afin d’assurer sa place parmi les meilleurs spécialistes français de l’effort solitaire. « Il a besoin de croire en lui, d’avoir un peu plus de confiance en lui, disait l’ancien scout de Quick-Step Joxean Matxin à Vélo Magazine il y a quelques semaines. C’est un pur moteur. Un des plus impressionnants que je connaisse, il est capable de faire des numéros exceptionnels. Il sera un jour champion du monde du contre-la-montre d’après moi. » Alors, quelle recette mobiliser sur une édition 2018 extrêmement ouverte ?

Le potentiel d’un crack

« Il faut qu’il réfléchisse encore plus, et qu’il soit plus constant dans l’effort. Avant, il partait vraiment trop fort et trop vite dans ses chronos, et avait tendance à coincer après », détaille Peeters, qui a vu passer une collection de classicmen-rouleurs au sein de l’équipe belge. « Car c’est un jeune qui est extrêmement fort, et qui se demande toujours comment agir pour le bien de l’équipe. » Même son de cloche chez Matxin, qui place en lui des attentes extrêmement ambitieuses, signe d’une confiance réelle envers un jeune qui n’a pas eu besoin de faire ses preuves en Continental Pro avant de découvrir la première division. « S’il parvient à coordonner son moteur avec sa tête, il sera l’un des meilleurs coureurs du monde, sans aucun doute », dit l’Espagnol. Pour l’instant, force est de constater que Cavagna brille avant tout sur les distances semi-longues, entre dix et vingt kilomètres.

Sur le Giro, il a terminé vingtième du prologue de Jérusalem, une seconde devant Froome, et vingt-troisième entre Trente et Rovereto. Il s’est surtout frotté à une grosse concurrence, et ce n’est pas plus mal. Ce jeudi sur un parcours globalement plat, mais possédant quelques courtes côtes en bord de Seine, peut-il faire encore mieux que sur le Tour de Belgique 2017, achevé à la deuxième place du général ? Car en regardant un peu plus loin, Rémi Cavagna possède les qualités du coureur complet en devenir. « Il n’est pas un grimpeur, mais il se débrouille, souligne Matxin. Et sur les pavés, il doit progresser, savoir où se placer dans le peloton. » S’il y parvient, il aura fait tomber beaucoup de barrières. En revanche, ne lui demandez pas trop tôt d’être dans la bagarre sur la course en ligne de dimanche. Interrogé à ce sujet, Wilfried Peeters met en garde. « En France, nous aurons seulement deux coureurs au départ, Julian et Rémi. Alors qu’en Belgique, nous pouvions aligner une très grosse équipe », dit-il en faisant référence au succès d’Yves Lampaert dimanche à Binche. Un podium jeudi, serait déjà largement satisfaisant.

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