L’ensemble de la rédaction de Chronique du Vélo a fait ses pronostics en vue du Tour. Nous avons chacun livré notre top 10 pour finalement établir notre propre classement. Jusqu’au départ, nous allons donc revenir sur chacun de ces protagonistes. Premier volet aujourd’hui avec Emmanuel Buchmann, à la dixième place de notre classement.

Pas le plus médiatisé des candidats au classement général, Emanuel Buchmann sera le leader d’une formation Bora-Hansgrohe délestée du charismatique Rafal Majka et forte d’une armada de champions nationaux. L’Allemand s’attaque à sa quatrième Grande Boucle, et il est désormais temps d’y signer un résultat marquant.

Un cycle à concrétiser

83e en 2015, 21e en 2016 et 15e en 2017, Emanuel Buchmann doit viser encore plus haut cette saison, et tous les signaux sont au vert pour lui permettre d’ambitionner un peu plus qu’un simple top 10. Car à l’exception du dernier Tour d’Espagne, qu’il avait conclu à la douzième place, le Souabe n’a jamais quitté le top 10 d’une course par étapes depuis le Tour d’Abu Dhabi 2018, qui faisait alors office de reprise. Dixième puis quatrième aux Émirats Arabes Unis, de la quatrième à la troisième place au Pays Basque, neuvième et septième du Tour de Romandie, le garçon a encore amélioré sa marque au Dauphiné, où il est monté du sixième au troisième rang. Celui qui ne gagne que très peu a également remporté les deux tiers de ses victoires chez les pros en 2019, à Majorque lors du Trofeo Andratx, et au Pays Basque. En solitaire, il s’était adjugé la traditionnelle étape d’Arrate.

Impressionnant de régularité depuis un enchaînement Tour-Vuelta raté en 2017, le champion d’Allemagne 2015 a fait bien plus que redresser la barre. Alors qu’il était difficile d’écarter Rafal Majka, deux fois lauréat du classement de la montagne, de la sélection allemande pour le Tour, Buchmann a réussi à devenir le premier choix d’une équipe bien garnie, qui aurait également pu miser sur Patrick Konrad, troisième du Tour de Suisse et récent champion d’Autriche. Mais que ce soit en Suisse, en France ou en Espagne, « Emu » a régulièrement terminé devant des concurrents qu’il retrouvera au départ de Bruxelles. Thibaut Pinot, Nairo Quintana, Adam Yates, Mikel Landa, Enric Mas et Dan Martin ont tous vu l’Allemand leur damer le pion sur des arrivées au sommet, et réaliser des chronos plus qu’honorables. Absent des classiques, Buchmann ne devrait pas non plus être trop épuisé dans la montagne, même si une course de trois semaines reste plus qu’imprévisible.

L’Allemagne, une décennie après ?

Très suivi outre-Rhin lorsque la Grande Boucle fit son retour sur la chaîne publique ARD en 2015 après quatre années de boycott, Emanuel Buchmann est depuis longtemps l’espoir numéro un d’un pays qui rêve de se battre à nouveau avec les autres nations dans les classements généraux. L’insolente réussite de l’école du sprint allemand, d’André Greipel à Pascal Ackermann en passant par Marcel Kittel et John Degenkolb, a redonné de la fierté à un grand peuple de vélo, touché au plus profond de sa chair par les scandales de dopage des équipes T-Mobile et Gerolsteiner, mais ça ne suffit pas. Lorsque nous réalisions son portrait sur le Tour 2017, son directeur sportif, Enrico Poitschke, confessait qu’il s’agissait d’un « des principaux talents que l’on ait en Allemagne, peut-être le meilleur pour les grands tours ». Celui qui voulait à tout prix grimper dans les dix premiers avant de rêver à une victoire finale a en tout cas bien progressé sur les changements de rythme, qui l’avaient fait exploser dans la Planche des Belles Filles ou au Mont du Chat.

Cinquième du chrono du Dauphiné où seuls Steven Kruijswijk et Tejay Van Garderen l’avaient devancé du côté des possibles outsiders du mois de juillet, Buchmann met au défi de lui trouver des faiblesses. L’équipe Bora a de quoi faire peur sur le contre-la-montre par équipes, et Peter Sagan n’a pas besoin d’une équipe entière à sa disposition pour aller chasser un septième maillot vert. Rien n’est parti pour ébranler la confiance du deuxième collectif le plus victorieux depuis janvier, riche de 33 bouquets. Aucune tactique non plus ne s’impose à Buchmann, qui devra à la fois suivre les Ineos, et essayer d’attaquer pour éviter de subir totalement la course, chose qui lui déplaît. Mais au fond, n’est-ce pas la même loterie pour tous les autres ? À ce jeu, celui qui s’était classé troisième de l’étape de Cauterets sur le Tour 2015 aura probablement son mot à dire. Et un statut à consolider.

Selon vous, qui va remporter le Tour de France 2019 ?

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