L’appétit vient en mangeant, dit-on, et cela semble être le cas pour Egan Bernal. Après avoir remporté le Tour de France en juillet dernier, le Colombien se verrait bien doubler Giro et Tour en 2020. L’ambition est louable, mais depuis plus de vingt ans, tous ceux qui ont essayé ont échoué. Il s’agirait de ne pas se voir trop beau.
Un calendrier défavorable
A l’heure des premiers stages hivernaux, avancer ses pions n’est jamais une mauvaise idée. Alors Egan Bernal a pris les devants, cette semaine lors d’une interview accordée au journal espagnol AS. A la question de savoir ce qu’il espérait pour 2020, il n’a pas hésité : « Ce que j’aimerais, c’est courir le Giro puis aller sur le Tour de France. » Le bonhomme, qui a vécu en Italie, est très attiré par une épreuve à laquelle il n’a encore jamais participé. Il aurait dû en être, cette année, avant qu’une fracture de la clavicule l’empêche d’être au départ et le force à reporter – avec succès – ses ambitions sur le mois de juillet. Mais cette petite frustration, peut-être même ce sentiment d’avoir une revanche à prendre, ne doit pas lui faire perdre la raison. Son coéquipier Chris Froome peut en témoigner : on ne sort jamais vraiment indemne du Giro. En 2018, le Britannique avait ramené le maillot rose mais avait dû laisser filer le jaune.
Alors peut-être Egan Bernal se pense-t-il davantage capable que son aîné d’enchaîner les deux grands tours. Mais depuis Marco Pantani, en 1998, personne n’a réussi le doublé, pas même Alberto Contador, qui l’a tenté plusieurs fois et à qui on le promettait, fut un temps. Surtout, cette année, le calendrier ne joue pas en faveur du Colombien : entre la fin du Giro (31 mai) et le début du Tour (27 juin), il n’y aura même pas un mois. A titre de comparaison, Chris Froome avait eu 40 jours de repos entre les deux épreuves, en 2017. Mais disons que tout ça ne serait qu’un détail, ou presque, si le garçon qui va fêter ses 23 ans au mois de janvier était le leader d’une équipe qui mise tout sur lui. Mais ce n’est pas le cas chez Ineos et Bernal le sait. « Nous devons prendre en compte les envies des autres leaders », a-t-il glissé en bon diplomate. Avec Froome, Thomas et maintenant Carapaz comme coéquipiers, la répartition s’annonce difficile, en effet. Même placer un leader différent sur chaque grand tour sera impossible numériquement.
Un gâteau à partager
Avec sa victoire du mois de juillet, Egan Bernal peut donc légitimement ambitionner d’être le leader n°1 sur le Tour de France, l’objectif prioritaire de l’équipe britannique. Mais dans le cas où il irait sur le Giro au préalable, comment pourrait-il revendiquer quoi que ce soit durant l’été, face à un Froome ou un Thomas qui arriveraient frais ? Le quadruple vainqueur du Tour, d’ailleurs, n’a pas manqué de se positionner lui aussi cette semaine, dans le podcast Watts Occurring, avec Luke Rowe et Geraint Thomas. « Arriver sur le Tour en étant de nouveau au meilleur de ma forme, c’est mon moteur, c’est la lumière au bout du tunnel », a-t-il expliqué. Réponse subliminale à son jeune coéquipier, comme pour lui faire comprendre que doubler Giro et Tour de France est incompatible avec les ambitions du reste de l’équipe ? Ce sera à Dave Brailsford de résoudre ce casse-tête qu’on annonce depuis des mois et qui se précise semaine après semaine.
Pour le moment, Geraint Thomas s’est fait assez discret, glissant notamment qu’il se verrait bien aller prendre sa revanche sur un Tour d’Italie qui ne lui a jamais souri. Une hypothèse qui pourrait arranger tout le monde ou presque puisque cela reviendrait à lâcher du lest au Gallois tout en conservant le meilleur duo possible, sur le papier, pour le mois de juillet. Restera alors Richard Carapaz, le seul qui ne soit pas un vainqueur du Tour et qui, en plus, est un petit nouveau dans l’armada britannique. Il risque d’être celui qui paie les frais de cette accumulation de leaders, parce qu’il sera plus facile à mettre de côté que les historiques Froome et Thomas ou que le phénomène Bernal. Mais si jamais il venait à confirmer sa montée en puissance, il pourrait devenir difficile à gérer, lui aussi, comme à l’époque où Mikel Landa avait mis le bazar dans une maison Sky jusque-là bien organisée. Et une équipe où chacun tente de tirer la couverture à soi n’est jamais la plus efficace.
arcinfo.ch , Eclairage : La vérité rattrape le cyclisme colombien ..
Je ne sais pas s’il faut prêter beaucoup d’attention à ces déclarations d’intersaison.
Inéos va mettre Bernal sur le Tour sans passer par le Giro, car il est la meilleure carte pour l’emporter face à une adversité qui comptera Roglic cette fois.
Avec cette interview, Bernal dit son respect pour le Giro, et se lie d’amitié avec ses équipiers qu’il présente comme suffisamment légitimes pour mériter sa considération.
Cela pourra toujours lui servir dans sa vie de leader. Il n’y a pas grand chose de plus à interpréter.
Pour Bernal, est-ce que doubler Giro et Tour est rationnel (ou au moins raisonnable) ? Pour répondre à cette question, il faut rappeler deux choses : – La concurrence est habituellement plus élevé sur le Tour que sur le Giro, ainsi le Tour d’Italie est a priori plus facile à gagner, encore que ça dépend aussi bien sûr du parcours et du type de coureur que l’on analyse. Je reviendrais sur ce point plus loin. – L’équipe Ineos a un effectif très dense pour les GT et vise particulièrement le Tour de France. Par conséquent, l’équipe peut accepter que Bernal ne soit pas au top de sa forme en juillet car ils ont d’autres cartes. Cela signifie également que l’équipe n’hésitera pas à demander à Bernal de faire le domestique s’il n’est pas en grand forme. Ces points étant posé, et bien ça dépend surtout de ce que veux Egan Bernal. S’il veut gagner les deux GT, à mon avis c’est clairement déraisonnable, pour les raisons que vous exposez bien. S’il veut gagner absolument le Tour, soit il accepte faire le Giro un peu en-dedans (mais dans ce cas à quoi bon y aller ? autant briller plutôt sur le… Lire la suite »
Froome en pleine forme pour le Tour et y tenir les 3 semaines, je n´y crois pas une seconde; et je me demande bien d´ailleur qui peut y croire à part lui? Peut etre eventuelement la Vuelta s´il a la chance que ses sequelles s´évaporent, qu´il ne se repète pas qqs choses, qu´une nouvelle histoire de dopage etouffée ne se rapelle à son bon souvenir et que la direction d´Ineos se sente l´audace de risquer une zisanie dans l´equipe de Juillet .
Bernal au Giro c´est un bon plan d´autant plus que s´il s´y rate comme cette saison, on a vu le le résultat en Juillet . Vu qu´on ne change théoriquement pas un plan qui fonctionne; je pense que Carapaz devrait etre sur le Giro et G sur le Tour .