Premier colombien à remporter le Tour de France il y a un an, Egan Bernal revient avec un statut complètement différent. Il n’est plus la jeune pépite qu’on attend de voir à l’œuvre, il est le cador qui doit confirmer et pour qui ne pas ramener un deuxième maillot jaune de suite serait un échec.
Ce qu’il appris et qui va le faire gagner
Il est le plus fort en montagne
Le Tour de cette année se veut moins « haut » que celui de l’an dernier. On n’ira pas tutoyer les altitudes de l’Iseran, par exemple, où le Colombien avait renversé la course et pris le maillot jaune à Julian Alaphilippe. Mais ça ne change pas une chose : le Tour se jouera en montagne, surtout avec si peu de contre-la-montre, et ce n’est pas pour déplaire à Egan Bernal. Il le sait depuis l’an dernier, quand il décide de se mettre à fond en montagne, personne ne peut le suivre ou presque. Seul Thibaut Pinot lui avait un peu cassé le moral au Prat d’Albis, un jour où le leader d’Ineos ne s’imaginait pas dominé. Depuis, Bernal parle souvent de Pinot et la France entière attend le second round dont elle a été privée en fin de Tour 2019. Mais Bernal sait aussi qu’il faudra un Pinot en forme optimale pour ne serait-ce que le faire douter. La Route d’Occitanie a montré que le bonhomme n’avait pas chômé pendant l’arrêt des compétitions.
Ineos sait gérer ses leaders
Un abandon à cause d’un mal de dos sur le Dauphiné, cela aurait pu en inquiéter plus d’un. On a, en vérité, rapidement compris qu’il s’agissait d’une décision diplomatique, l’occasion de ne pas s’épuiser sur une épreuve qu’il ne gagnerait pas et d’aller peaufiner sa préparation d’une autre manière. Ineos, encore une fois et même s’il faut mettre de côté le respect du sport quelques instants, fait tout pour que son champion soit aussi fort que l’an passé au départ du Tour. On a senti un vent de panique, en interne, avec une sélection qui ne comporte ni Christopher Froome ni Geraint Thomas. Mais on peut aussi le voir comme une incroyable force d’adaptation. Au moment de faire des choix forts, Dave Brailsford n’a pas tergiversé. L’objectif est seulement de remporter un huitième Tour de France en moins de dix ans. Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.
Il fait peur
Les plus romantiques ont envie de croire que si Egan Bernal gagne le Tour, c’est parce qu’il aura été le plus fort, en montagne surtout. Il y aura forcément un peu de ça. Mais il y a autre chose, désormais : la crainte qu’instaure le Colombien – à défaut de son équipe, peut-être. Il n’a que 23 ans mais fait déjà office de glouton sur les courses par étapes, plus jeune vainqueur du Tour depuis l’avant-guerre. Les plus cyniques diront même qu’il est celui qui a envoyé à la retraite Froome et Thomas. Quand il a enfilé le maillot jaune à Paris, l’an passé, il y avait le sentiment qu’on venait de signer pour dix ans de victoires d’Egan Bernal. Impossible, aujourd’hui, de dire réellement combien de temps durera son règne et s’il s’étirera même au-delà de cette année, mais tous ses adversaires ont en tête le phénomène de précocité qu’il est. Pinot et Roglic sont trentenaires, Dumoulin le sera dans quelques mois, mais eux n’ont jamais gagné le Tour. Bernal oui.
Ce qu’il n’a pas encore appris et qui peut le faire perdre
Affronter une équipe plus forte
C’est l’avantage en ayant signé chez Sky il y a bientôt trois ans. Egan Bernal s’assurait d’être dans la plus grosse armada du peloton. Cela voulait dire cravacher pour passer devant Froome et Thomas dans la hiérarchie, mais ça voulait dire, aussi, ne jamais manquer de lieutenants quand il serait en mesure de remporter une course. Sauf que le paysage a changé depuis que le prodige colombien a signé avec Dave Brailsford. Primoz Roglic est devenu un vainqueur de grand tour et Tom Dumoulin l’a rejoint chez Jumbo-Visma. Voilà qu’aujourd’hui la formation néerlandaise paraît supérieure à Ineos, ce qui nous replonge quasiment dix ans en arrière, quand les Britanniques ne roulaient pas sur les courses par étapes. Egan Bernal sera au mieux aussi bien entouré que certains de ses rivaux, voire moins bien à certains moments. Ce sera une nouveauté à appréhender. Plutôt que de gérer la course comme bon lui semble, il devra cette fois s’assurer qu’il peut faire vaciller une armada plus grosse que la sienne.
“le sentiment qu’on venait de signer pour dix ans de victoires d’Egan Bernal.” C’est aussi ce qu’on disait en juillet 1997.
Il risque de ne pas avoir beaucoup de soutien de la part de Sivakov !
Exactement et j’aime bien le rappeler aussi à chaque fois qu’on nous parle d’un “prodige qui va tout rafler”
A l’inverse on avait pas vu venir qu’on en mangerait pour 7 ans en juillet 1999.
Pas d’émission quotidienne cette année ?
Pourtant, sur les 2 premières étapes, il y a de quoi dire.