Pour Egan Bernal, 2019 devait être une année importante. Une année de changement, de confirmation et de nouveau statut. Mais on pouvait difficilement imaginer que ce serait dans ces proportions. A seulement 22 ans, le Colombien a remporté le Tour de France et écrit l’histoire. Premier colombien en jaune à Paris, plus jeune vainqueur du Tour de l’après-guerre. Il est le symbole de cette saison.
Les couacs deviennent des opportunités
A chaque fois, tout a basculé en un rien de temps. Le point central, sans doute, intervient dans la montée du Galibier. Les favoris du Tour doivent s’expliquer dans les Alpes. Egan Bernal, maillot blanc sur le dos, s’envole. Geraint Thomas, son coéquipier, ne peut pas bouger. La hiérarchie interne chez Ineos vient de se clarifier. Thibaut Pinot, lui, est blessé, même si personne ne le sait encore. Il ne peut pas réagir comme il le voudrait. Le Colombien a pris l’ascendant sur tout le monde. A Valloire, il n’est pas encore maillot jaune, mais il est le premier poursuivant de Julian Alaphilippe. La prise de pouvoir du bonhomme se situe sans doute ici, même si on retiendra davantage le lendemain, cette journée folle où il a fait exploser tout le monde dans l’Iseran, à commencer par Alaphilippe, avant de foncer tête baissée dans la descente et d’être déclaré nouveau leader du général au moment où la course s’interrompait, avant la montée finale.
Egan Bernal a écrit l’histoire dans les Alpes. Après les exploits d’Herrera, Quintana et quelques autres, il est finalement le premier colombien à ramener le maillot jaune à Paris. Il est aussi le plus jeune vainqueur du Tour de France depuis 1910. Ses larmes de joie lorsqu’il enfile le paletot de leader rappellent sa jeunesse. Le garçon est encore un gamin. Endurci par son arrivée en Europe et par l’exigence d’Ineos, mais un gamin quand même. Ce qui ne l’empêche pas monter les marches vers le succès quatre par quatre. Avec lui, c’est comme si chaque mauvaise nouvelle en devenait une bonne. En mai, il chute et se fracture la clavicule, d’après son équipe. Il doit faire une croix sur le Giro, qu’il comptait remporter pour prendre du galon en interne, face à Froome et Thomas, derniers vainqueurs du Tour. Mais la tuile se transforme en opportunité : il sera finalement plus frais au mois de juillet et on verra alors ce qui arrive, promet l’équipe britannique.
Désormais, comment battre Bernal ?
Un mois et demi plus tard, nouveau drame en interne. Chris Froome chute lourdement lors de la reconnaissance du contre-la-montre du Dauphiné. Pour lui, le Tour s’envole. Ineos perd sa carte maîtresse et se retrouve fortement affaiblie en vue du grand rendez-vous estival. Encore une fois, c’est à l’avantage d’Egan Bernal, qui d’un coup se voit promu dans la hiérarchie. Il devait être une roue de secours pour « Froomey », le voici co-leader avec Thomas, qui n’a pas son mot à dire et voit le gamin placé à sa hauteur. Vainqueur de Paris-Nice et du Tour de Suisse avec une maîtrise ahurissante, le Colombien a sans doute mérité ses galons. Mais Dave Brailsford, jusque-là, n’avait pas vraiment habitué à bousculer l’ordre établi. C’est le signe de sa confiance quasi infinie en son jeune prodige. Il ne sait pas si Thomas pourra rééditer son exploit et remporter un deuxième Tour. Il est persuadé, en revanche, que Bernal est déjà prêt à entrer dans l’histoire.
Trois semaines plus tard, le Colombien remporte le Tour le plus palpitant des dernières décennies et surtout, pose la première pierre d’un règne annoncé. Certains prophétisent qu’on va voir le bonhomme dominer pendant une décennie. Les jurisprudences Ullrich ou Quintana incitent à la prudence, mais c’est une certitude, Bernal sera un candidat annuel au maillot jaune pendant une paire d’années. Les concurrents qu’on lui trouve à l’heure actuelle sont soit bien plus vieux, soit encore trop tendres, alors que lui, le prodige annoncé, répond déjà aux attentes. Une rareté qui en fait une exception. Pendant longtemps, tout le peloton s’est demandé comment battre la Sky, devenue ensuite Ineos. Désormais, c’est une nouvelle question qui s’apprête à hanter l’esprit de nombreux managers : comment battre Egan Bernal ? Peut-être qu’il n’y aura rien d’autre à faire que d’attendre son déclin. Il n’est pas prévu pour tout de suite.
Je suis très surpris par votre podium. L’absence de Roglič est pour moi très contestable, c’est clairement le coureur de l’année. Derrière lui, je mets Alaphilippe et Fuglsang. Et puis, comment avez-vous pu oublier le danois dans votre sondage ?
Sans Froome et Dumoulin, sans Roglic et Nibali, sans la blessure de Pinot et les chutes de G; pas certain aussi que les couacs lui soient aussi favorables sur les prochains Tours; couac couac à qui le tour ?
Bernal incontestable numero un
Très jeune Vainqueur de son premier Tour de France comme Hinault,Merckx,Anquetil avant lui,il est trop tôt bien sûr pour dire qu’il aura le même destin. Bernal a par ailleurs dominé sans contestation Paris Nice et le Tour de Suisse,preuve que son succès sur le Tour n’est pas un coup de chance.
Bernal a peut-être bénéficié de circonstances favorables pour son premier succès sur le Tour, mais peu importe finalement. Quand on voit ce qu’il a montré cette saison, c’est très fort ! Surtout dans une équipe où Geraint Thomas se présentait comme le véritable leader. Donc pour ceux qui ont soufferts de la domination sky/ineos sur les 7 derniers TDF (sauf 2014), il faudra encore patienter ! Car peu de chances de voir un maillot jaune autre qu’Ineos à Paris pour au moins les 5 prochaines années…
Avec Roglic, Dumoulin, Kruijswijk et Van Aert de prévu sur le prochain tour je n’en suis pas si sur, cette equipe va faire très mal. Imaginez vs Froome, Bernal, Thomas et Carapaz en equipier apres le Giro, et Nibali, Pogacar, Pinot (jusqu’a la 20eme etape) en arbitre !
En tout cas le vainqueur du TDF 2020 sera très très fort c’est certain.
Un Tour de Suisse remporté sans le moindre adversaire digne de ce nom, un Tour gagné, certes très jeune, mais suite à la blessure du coureur jusqu’alors le plus costaud et sans la moindre victoire d’étape… Reste Paris-Nice, oui.
Un peu léger pour être un incontestable “coureur de l’année”, surtout par rapport aux saisons magnifiques de Roglic et surtout Alaphilippe.
Roglic aurait mérité d’être a minima sur le podium devant Van der Poel. S’il avait gagné le Giro et fait 3e de la Vuelta, il serait 1er sans aucun doute, mais la Vuelta reste bien moins prestigieuse que le Tour ou le Giro.
Bernal remporte le Tour, Paris-Nice, le Tour de Suisse, fait 3e en Lombardie pour conclure une très belle campagne automnale.
Alaphilippe fait un magnifique printemps (1 Monument, 2 classiques majeures, des numéros sur toutes les courses à étapes) et un été riche en émotions.
Au final, dur dur de départager ces trois coureurs qui ont tous les trois marqué l’année dans un registre différent. Van der Poel me semble un chouïa en dessous avec Fuglsang.
Van der Poel reste delicat à noter; à savoir si l´ons doit considérer ses victoires et titres en cross ou pas; n´en reste pas moins qu´il a imprimé une belle et spectaculaire empreinte comparée á celle du Danois un brin plus lisse .
Pour Bernal evidement qu´il a été trés fort; mais outre les divers couacs de la saison, ca reste dans un contexte Sky/Ineos un peu trop contreversé pour franchement etre en mesure de s´en réjouir ..
Marrantes les réticences de beaucoup sur le bilan du jeune colombien cette année.
J’imagine les “marseillaises” qui auraient été entonnées si d’aventure un coureur francais de 22 ans avait remporté Paris Nice, Tour de Suisse et Tour de France ! Courses dont le palmarès des tricolores porte le deuil depuis si longtemps!
Personnellement, je n’ai pas de réticence quant à son bilan. Mais il faut bien voir qu’ici il ne s’agit pas d’évaluer la saison de Bernal, mais bien de juger qui a fait la meilleur saison. En sachant que je ne prend pas en compte l’âge ou la force de l’équipe, mais simplement les performances brutes (places, écarts et comportement en course – attaques, stratégies audacieuses, erreurs tactiques, etc…).
Déjà, je ne sais pas comment situer l’ovni Van der Poel. Soit on prend en compte ses résultats sur le cyclo-cross et le VTT, et c’est peut-être bien lui le coureur de l’année. Soit on ne regarde que sa saison sur route, dans ce cas je ne le met pas sur le podium des coureurs de l’année.
Sinon, sur la base des résultats, je maintiens que c’est Roglic qui a fait le meilleure saison. Son année est tout bonnement impressionante, il a beaucoup gagné et de belles courses, tout en étant très performant en GT.
C´est clair que si on se penche sur la saison de Roglic, c´est du lourd; G et des etapes sur Tirreno, Romandie, UAE tour; tour d´émilie, 3 vallées Varésine; podium au Giro dont 2 etapes, Vuelta G et par point dont 1 etapes .
Des coureurs qui remportent le Tour et deux courses d’une semaine la même année, on y a quand même droit très régulièrement. Si on prend en plus en considération le fait (que j’ai déjà mentionné plus haut) qu’il n’y avait aucun adversaire digne de ce nom en Suisse et que son Tour a été remporté sans la moindre victoire d’étape et sur une fin plus que tronquée, ça ternit quand même un peu le tableau.
Une saison comme celle d’Alaphilippe, avec un mec qui brille sur des secteurs non asphaltés (Strade Bianche), sur des arrivées pour puncheur (Flèche Wallonne, Pays basque), sur des sprints (Tirreno, Milan San Remo), et qui, pour couronner le tout, fait la nique à tous les favoris du Tour en gagnant deux étapes à la pédale, dont un chrono, et en passant quinze jours en jaune (dont il ne sera dépossédé qu’à la faveur d’une décision très contestable des organisateurs), moi, je n’avais jamais vu ça.
Il y a un cycliste qui est cette année champion du monde de cyclo cross, vainqueur de manche de coupe du monde de VTT et de courses world tour réputées sur la route, le tout avec un certain panache. C est quand même pas banal… je vote pour lui.
Les avis divergent mais le podium des lecteurs sur 165 votants est :
Alaph 38%
Roglic 28%
Bernal 24%