Depuis plusieurs mois, Romain Bardet semble vouloir se mettre en danger, élargir son horizon. Ce début de saison, où il a décidé d’aller découvrir Tirreno-Adriatico plutôt que de revenir sur Paris-Nice pour la sixième saison consécutive, vient l’illustrer. Le Français sort de sa zone de confort, et ce n’est pas plus mal.

Un baptême XXL

Depuis 2013, jamais il n’avait fait l’impasse sur Paris-Nice. Et très franchement, après sa mésaventure de l’an dernier – il avait été exclu pour s’être accroché à la voiture de son directeur sportif -, il n’aurait pas été illogique qu’il revienne, encore, sur la course au soleil, pour effacer ce mauvais souvenir. Mais Romain Bardet a fait tout l’inverse. Il avait coché les Strade Bianche, cette course du mouvement qui lui faisait de l’œil, et cela impliquait d’opter pour Tirreno-Adriatico juste derrière. Alors le changement n’est pas très risqué, mais il est réel. Il connait Paris-Nice par cœur, mais courra pour la première fois l’épreuve italienne. Il n’a pas beaucoup parlé à ce sujet, d’ailleurs, sans doute pour ne pas ajouter la pression à l’inconnue. Mais il a pris un plaisir fou samedi dernier, sur les routes blanches de Toscane, qui doit lui mettre l’eau à la bouche en prévision d’un Tirreno qui débute ce mercredi, avec un plateau invraisemblable.

Prenez les podiums des trois grands tours de 2017. A l’exception de Quintana et Zakarin, « remplacés » par Landa, Aru et Lopez, pas des touristes non plus, tous ont pris rendez-vous à Camaiore. Un bon test pour Bardet, qui habituellement sur Paris-Nice, ne se frottait qu’à un ou deux concurrents qu’il retrouvait ensuite au mois de juillet. Mais plus qu’une stratégie, ce choix s’apparente à un fort désir de découvrir autre chose. Il avait déjà cet esprit d’esprit à la fin de l’été dernier, lorsqu’il était allé pour la première fois disputer la Vuelta. « C’est une découverte et j’aime les nouveaux défis, confiait-il à l’époque à L’Equipe. Je suis vraiment content de casser un peu la monotonie et de voir un peu ce que ça va donner. » L’idée semble être exactement la même en ce mois de mars où il a franchi les Alpes pour vivre quelque chose d’inédit.

Combattre la routine

Pour ne pas se lasser, le garçon a besoin d’élargir son horizon, de courir de nouvelles courses, de ne pas rester enfermé dans un programme répété d’une année sur l’autre. Même si celui-ci est très efficace. Surtout quand le changement l’emmène sur les Strade Bianche ou même, à l’échelon inférieur, sur les Boucles Drôme Ardèche. A chaque fois, Romain Bardet a fait le show, a attaqué, s’est fait plaisir et a même gagné sur les routes françaises. Alors certes, il n’y avait pas la chaleur d’Oman, où il avait pris l’habitude de régulièrement faire un détour ces dernières saisons, mais il a aussi évité une course d’attente où tout se joue, chaque fois, sur la seule montée de Green Mountain. Niveau préparation, on ne peut pas dire qu’il ait été véritablement perdant. Et pour le reste, il a et va sans doute beaucoup gagner dans le plaisir de la découverte.

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