Les victimes changent, le scénario, lui, reste. A Mûr-de-Bretagne, ce jeudi, Romain Bardet et Tom Dumoulin ont concédé du temps à cause de problèmes mécaniques survenus dans les derniers kilomètres. Comme Froome, Quintana, Porte et Yates en Vendée. Les compteurs sont presque remis à zéro.

Une histoire de secondes, encore

Pendant que Dan Martin mettait tout le monde d’accord devant, malgré l’insistance d’un Pierre Latour déchaîné, certains se battaient derrière pour sauver quelques secondes qu’ils ne s’imaginaient pas vraiment perdre aujourd’hui. Car ni Bardet ni Dumoulin n’avaient de quoi être effrayés par ce final pentu vers Mûr-de-Bretagne, où le Français, s’il avait été au sein du peloton, aurait même pu tirer son épingle du jeu. Mais à cinq kilomètres de l’arrivée pour le Néerlandais, un peu moins encore pour le Français, la malchance leur est tombée dessus, celle-là même qu’ils avaient su éviter le premier jour en Vendée et qui avait alors frappé certains de leurs adversaires. Preuve que cette première semaine, même moins folle que le parcours ne le laissait espérer, n’épargne personne.

A l’arrivée, Romain Bardet faisait contre mauvaise fortune bon cœur. Il tirait la tête d’un homme désabusé mais répondait aux quelques questions des médias, sans s’attarder. Il n’a perdu que vingt-huit secondes sur les autres favoris, ce qui ne représentera pas grand chose, dimanche sur les pavés ou plus tard dans la montagne. Mais la frustration est grande, parce que ce débours vient annuler en partie la bonne opération qu’avait fait l’Auvergnat samedi dernier. La faute à une roue arrière qui s’est brisée au pire moment. Tony Gallopin, prompt à dépanner son leader, a fait le job. Mais sur un vélo qui n’était pas le sien et obligé de fournir un gros effort dans les premières pentes du mur final, Bardet s’est retrouvé séché au moment où l’accélération s’est produite, devant, sous l’impulsion de Porte puis Martin.

Nibali et Landa épargnés

Tom Dumoulin, lui, a perdu un peu plus encore. Cinquante-trois secondes sur le vainqueur irlandais, cinquante sur les autres. Opération blanche, donc, avec la bonne affaire de Fontenay-le-Comte. C’est toute la cruauté d’une crevaison quand il ne faut pas, mais le Néerlandais peut se dire qu’il n’a pas été le plus malheureux, parce qu’il y a une semaine, Quintana avait perdu encore plus, sur un incident similaire survenu à quelques centaines de mètre seulement du panneau des trois kilomètres. Au moment de faire les comptes, difficile donc de trouver un favori qui ait passé ces premières étapes sans la moindre embûche. Vincenzo Nibali et Mikel Landa sont passés entre les gouttes, mais ils ont perdu plus que les autres sur le chrono par équipes. Pour le reste, il faut chercher du côté des outsiders avec Thomas, Fuglsang ou Uran, qui a malgré tout lâché huit petites secondes ce jeudi. Ce début de Tour n’a pas prévu de faire de cadeaux.

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