Il y a un an, il avait été un élément central des victoires de Thibaut Pinot sur Milan-Turin et au Tour de Lombardie. Mais cette fois, le leader n’est pas là et c’est David Gaudu qui récupère les clés du camion. A 23 ans, le garçon a pris confiance et surtout, il adore les classiques italiennes. Il réalise une très belle semaine, en attendant l’apothéose de samedi.

A l’aise tout de suite

Jeter un œil au programme de David Gaudu, ces trois dernières années, c’est se rendre compte qu’il y a quelques rendez-vous qu’il ne manque jamais. La Flèche Wallonne, au printemps, le Dauphiné, au début de l’été, et la campagne de classiques italiennes à l’automne. Le garçon sait que les courses d’un jour destinées aux grimpeurs se comptent sur dix doigts dans une saison, pas beaucoup plus. La suite, il la doit en partie à son leader, Thibaut Pinot. Le Franc-Comtois adore l’Italie depuis toujours, alors pas question pour lui de manquer cette semaine sacrée, de l’autre côté des Alpes, qui va du Tour d’Emilie à celui de Lombardie, en passant par le GP Beghelli, les Trois Vallées Varésines, Milan-Turin et le Tour du Piémont. Gaudu, sans doute un peu moins fanatique de ces routes que Pinot, y a donc très vite été traîné, en excellent grimpeur qu’il est, pour épauler le leader de Groupama-FDJ. Verdict, il a adoré.

Sa cinquième place sur Milan-Turin, dès sa première participation, a aidé. Juste derrière Uran, Yates, Aru et Quintana, le Breton a compris qu’il pourrait avoir un rôle à jouer sur ces classiques, à terme. Quelques jours plus tard, Thibaut Pinot terminait cinquième du Tour de Lombardie et montrait à son jeune coéquipier qu’il ne travaillait pas pour rien. Le duo sait depuis plusieurs saisons tout ce qu’il peut accomplir sur ces épreuves qui correspondent parfaitement à ses qualités, et les succès ne se sont pas fait attendre. Un an plus tard, seulement, Pinot marche sur l’eau et remporte coup sur coup Milan-Turin et le Tour de Lombardie. Gaudu, lui, n’est pas en reste. Il termine deuxième sur le Memorial Marco Pantani, une dizaine de jours seulement avant le début de la semaine sainte, puis s’illustre comme un gregario de luxe pour son leader. Sur Milan-Turin, il se retrouve même dans un trio à l’avant, pas loin de jouer la gagne, avant de finalement se sacrifier pour Pinot.

Le jeune tricolore est au milieu des cadors, à 22 ans seulement. « Je fais du vélo pour ça », dira-t-il au Télégramme. La France connaissait déjà David Gaudu depuis un moment, mais l’Italie le découvre à son tour. Sans pression, dans le sillage d’un leader qui cartonne, le bonhomme prend de l’expérience. Il en aura besoin plus vite que prévu. Un an plus tard, pour sa troisième campagne, le voilà dans le costume du patron de son équipe. Pinot n’est pas là, au repos après une fin de Tour de France éreintante. C’est au petit prodige de porter le poids des attentes, du moins en partie. Il ne se cache pas. Il arrive pour la gagne sur le GP Beghelli (4e) puis se retrouve victime d’une erreur d’aiguillage sur les Trois Vallées Varésines, alors qu’il était dans le groupe de tête. Il se relève dès le lendemain, acteur sur Milan-Turin (5e), battu avoir combattu.

C’est le même résultat qu’en 2017, mais dans des circonstances bien différentes. Cette fois, Gaudu ne s’est pas accroché, il a justement tout tenté pour finir seul. Peut-être en a-t-il trop fait, mais difficile de lui en vouloir. « Je pensais pouvoir les décrocher, explique-t-il après coup. C’est de bon augure quand même, j’étais parmi les meilleurs. La chose positive du jour, c’est que je suis en forme. » Il dit à qui veut l’entendre qu’il aimerait décrocher un bon résultat samedi, sur la course qui compte le plus, le Tour de Lombardie. Mais quel serait un bon résultat pour ce David Gaudu là, l’un des coureurs les plus costauds de la semaine ? Dire qu’il est l’un des favoris serait prématuré. Qu’il soit un outsider paraît légitime. A seulement 23 ans, le Breton, qui se dit têtu, a toutes les raisons de croire en lui, en tout cas. Formé à bonne école, lui aussi, désormais, aime l’Italie et s’y verrait bien décrocher le plus beau succès de sa carrière.

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