Avant l’étape du Grand-Bornand, quiconque aurait évoqué Julian Alaphilippe maillot à pois à une semaine de l’arrivée serait passé pour un fou. Mais avant d’aborder les Pyrénées, le Français a toujours la fameuse tunique sur le dos. Et il peut sérieusement commencer à imaginer la conserver jusqu’aux Champs-Elysées.

Sur les traces de Jalabert…

Dans l’aire d’arrivée à Mende, ce samedi, Julian Alaphilippe avait du mal à se satisfaire d’avoir encore engrangé quelques points pour le maillot à pois. Le caractère du champion ressortait et il était seulement déçu d’être passé à côté d’une deuxième victoire d’étape sur le Tour. S’il l’avait emporté, on aurait pu commencer à jouer au jeu des comparaisons avec un certain Laurent Jalabert. En 1995, « Jaja » avait décroché la Flèche Wallonne puis une étape à Mende au mois de juillet. Ce n’est pas passé loin pour « Alaf », qui s’il conservait le maillot à pois jusqu’à Paris, accolerait malgré tout son nom à celui de Jalabert, meilleur grimpeur du Tour en 2001 et 2002. « Ce n’est pas encore un objectif, assure Patrick Lefevere, le grand patron de Quick-Step. Ce maillot à pois, on n’y pensera seulement quatre ou cinq jours avant l’arrivée. » Avec une échappée supplémentaire, dans les Pyrénées, l’affaire pourrait toutefois être entendue.

Parce que le parcours pourrait profiter à Alaphilippe. Il n’y aura qu’une seule arrivée au sommet d’ici Paris, où les points seront doublés, ce qui limite les opportunités pour ses adversaires – Warren Barguil est pointé à 20 points – ou les favoris du général qui récolteraient la tunique presque sans le vouloir. Petit à petit, le garçon semble donc commencer à y prendre goût. « Je ne voulais pas exploser, sans doute aussi parce que j’ai ce maillot à pois à conserver, reconnaissait-il ce matin dans L’Equipe, à propos de sa montée d’hier à Mende. C’est un truc de malade à vivre. En fait, je crois que ce maillot me ressemble. Il donne du plaisir aux gens sur le bord de la route et moi ce que j’aime dans ce que je fais, c’est justement apporter du bonheur au public. Je m’attache à ce maillot et je vais tout faire pour le garder le plus longtemps possible. »

… et de Virenque

La phrase est lâchée, et elle donne le ton. Alaphilippe courait après une première victoire sur le Tour, il a rempli son objectif au Grand-Bornand, en début de semaine. Il peut désormais viser autre chose, et le maillot à pois apparaît comme idéal. Oui, le Français n’est pas l’actuel meilleur grimpeur du peloton, il n’est même pas un pur grimpeur, comme l’était Warren Barguil l’an dernier. Mais c’est la particularité de cette tunique, qui peut s’offrir à tant de coureurs. Anthony Charteau en 2010, Thomas Voeckler en 2012, n’étaient pas non plus des références en montagne. Mais ils ont montré la voix. Quatorze ans après Richard Virenque, l’équipe Quick-Step peut espérer voir de nouveau un de ses coureurs tricolores monter sur le podium parisien avec le maillot blanc à pois rouges. Ce serait une surprise par rapport aux pronostics du début de Tour, mais pas vraiment compte tenu de ce que l’on voit depuis deux semaines.

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