Romain Bardet le savait, en vue d’un podium à Paris, il fallait limiter la casse sur le contre-la-montre équipes. Si l’autre leader français, Thibaut Pinot, est sorti du chrono avec le sourire, la formation AG2R La Mondiale a été égale à elle-même. Au final, elle concède près d’une minute sur les Ineos de Geraint Thomas et Egan Bernal. Avec un constat qui s’impose : depuis plusieurs années, les hommes de Vincent Lavenu ne progressent pas.

Pessimisme et manque d’entraînement

“On va perdre du temps, on le sait.” Julien Jurdie, directeur sportif de l’équipe AG2R La Mondiale, était assez pessimiste avant le chrono par équipes de dimanche. L’objectif était de ne pas perdre plus d’une minute sur la formation Ineos et ses deux leaders, Geraint Thomas et Egan Bernal. A l’arrivée à Bruxelles, 59 secondes séparaient les deux équipes. Mission accomplie, sur le papier, mais Romain Bardet est désormais le dernier des favoris au classement général. Surtout, en 2015 et en 2018, où des chronos par équipes étaient aussi au programme, il n’a jamais repris une minute en montagne aux anciens Sky. Qu’importe, Jurdie n’imagine pas rivaliser avec les grosses écuries dans l’exercice. “La différence, elle se fait avec les hommes. On n’a pas de grand spécialiste du chrono, donc on ne va pas y passer des journées entières pour espérer gagner trois secondes sur 25 kilomètres.”

Les terres-et-ciels sont donc loin de passer des journées entières sur les vélos de contre-la-montre, et c’est peut-être une partie du problème. Le contre-la-montre par équipes est une affaire de spécialistes, et on ne naît pas spécialiste. Or à en croire les mots d’Alexis Gougeard, coéquipier de Romain Bardet, la discipline est délaissée par sa formation. “Je travaille beaucoup le chrono tout seul à la maison, mais en équipe, on a tendance à le laisser de côté. On va le travailler une ou deux fois en stage en hiver, mais ensuite on n’en fait plus”, a-t-il expliqué à Eurosport. Résultat, en comparaison avec une équipe Groupama-FDJ qui a organisé un stage uniquement pour le chrono par équipes, AG2R La Mondiale stagne.


Un débours qui change tout

Si les hommes de Marc Madiot ont compris qu’il fallait travailler le contre-la-montre par équipes pour espérer monter sur le podium à Paris, du côté d’AG2R La Mondiale, on semble faire la politique de l’autriche. “On a essayé d’aborder la journée détendus, on n’était pas les favoris et je pense qu’on s’est bien débrouillés”, déclarait Julien Jurdie ce dimanche. Si le directeur sportif se contente de ce résultat, son leader Romain Bardet semblait lui moins satisfait. “Le bilan est moyen, on savait que nous n’étions pas une équipe de leaders, a-t-il reconnu. Le Tour ne fait que commencer, on connait désormais l’écart qui nous sépare des autres favoris.” L’Auvergnat va donc devoir revoir ses plans et passer très vite à l’attaque pour conserver ses chances de victoire, ou de podium. Avec un collectif dominant dans l’exercice chronométré, il pourrait être dans la position de Steven Kruijswijk, premier favori du général. Ça changerait beaucoup de choses.


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