Difficile d’exister en parallèle de la machine médiatique qu’est le Tour de France, encore plus quand le leader de votre équipe, triple champion du monde en titre, est en train d’y décrocher un sixième maillot vert. Mais Pascal Ackermann, l’autre sprinteur de l’équipe Bora avec Peter Sagan, est en train de réaliser un été prolifique qui le voit enfin exprimer tout son potentiel.

A plus de 100 km/h

Le début de saison avait été une succession de victoires qui lui passaient sous le nez. En un mois et demi, de fin février à début avril, Pascal Ackermann avait décroché cinq podiums, mais pas la moindre victoire. Il tournait autour sans réussir à concrétiser. Puis au Tour de Romandie, le premier succès est arrivé. Comme une délivrance. Parce que ce bouquet était le premier chez les professionnels pour le sprinteur allemand, un an et demi après avoir rejoint les rangs de Bora-Hansgrohe. A l’arrivée, le garçon exprimait sa reconnaissance envers ses coéquipiers. Il venait de cocher une case importante dans le déroulé d’une carrière, à un âge, 24 ans, plutôt avancé pour un sprinteur qu’on présente depuis quelques années comme l’un des espoirs de la discipline. Avec le sourire qu’il garde en toutes circonstances, il exultait.

« J’ai fait cinq podiums ces deux derniers moi, je me suis dit maintenant je dois gagner, racontait-il à ce moment-là. Je voulais montrer que j’étais assez fort. On a beaucoup de sprinteurs dans l’équipe, il faut toujours prouver. » Et cette journée semble avoir été un déclic. Depuis fin avril, cinq autre victoires ont garni son palmarès. L’Allemand a enclenché la seconde et n’a pas pour ambition de ralentir. Sur le Dauphiné, lors de ses championnats nationaux, sur la Ride London Classic ou ces derniers jours en Pologne, il gagne à peu près partout. Son maillot de champion d’Allemagne le fait voler, dit-il, et ça se voit. Lundi, sur la deuxième étape du Tour de Pologne qui arrivait à Cracovie, il a gratifié le public d’un sprint insensé. A plus de 100 km/h (sa vitesse maximale était de 105 km/h), sans équipier pour l’emmener dans un emballage final en légère descente, il s’est faufilé où il y avait à peine la place pour finalement remporter une deuxième étape consécutive.

Un duel avec Bennett

C’était la preuve d’un homme en pleine confiance, qui ne s’est pas posé beaucoup de questions mais a simplement plongé dans le trou de souris qu’il a aperçu. Dans une équipe Bora qui voit régulièrement briller Peter Sagan, mais beaucoup moins les autres, Ackermann est en train d’acquérir une légitimité. Il a son propre programme, bien distinct de celui du Slovaque, pour qui finalement il ne travaille que très peu. Avec six victoires cette année, il est même le deuxième coureur le plus prolifique de son équipe, derrière Sagan mais devant Sam Bennett, son rival direct pour le poste de sprinteur n°2. Alors ses succès ne valent peut-être pas ceux de l’Irlandais, qui a glané trois étapes sur le Giro au mois de mai, mais l’appétit vient en mangeant et l’Allemand, qui a ouvert son compteur récemment, a désormais trouvé la bonne cadence. Son équipe s’en frotte les mains.

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